Très attendue après le succès des deux nuits (Grindhouse et Sushi typhoon) de l’année précédente, la nuit zombie était un choix qui avait de quoi susciter la curiosité : les films de zombies où d’infectés ont – sans mauvais jeu de mots – proliféré, à tel point qu’un réel essoufflement sur le sujet se fait sentir, d’autant plus au regard de la qualité de certains des projets. Si certains films (Pontypool) ont su se démarquer, qu’en allait-il être de cette nuit ? L’étrange festival allait-il éviter le piège ?
Sur le papier en tout cas, la programmation avait de quoi intriguer : deux films dont les concepts laissaient présager du grand n’importe quoi, deux autres films, anglais, inconnus et inédits. Au programme donc de la nuit zombie :
– Zombie Ass, de Noboru Iguchi : un groupe d’amis partit en ballade est confronté à une horde de zombies… sortis des toilettes !!! L’origine de l’infection semble lié à d’étranges vers solitaires…
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– Cockneys vs Zombies, de Matthias Hoene : quand des ouvriers ouvrent une tombe close depuis des siècles, c’est tout le destin d’un pays qui basculent. Un groupe de braqueurs se retrouve confronté à une invasion de zombie qui les oblige à fuir pour d’autres raisons que la police.
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– Gangsters, guns & zombies, de Matt Mitchell : on prend les même et on recommence ! Des gangsters britanniques tentent d’échapper à une invasion de zombie qui se propage et devient de plus en plus difficile à contenir.
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– Et enfin Osombie, de John Lyde : Oussama Ben Laden revient d’entre les morts et prend la tête d’une armée de zombie ! Un commando de soldats va se retrouver malgré lui confronté à l’impensable. Avouez, ça laisse rêveur… :-D
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Présenté comme à l’accoutumée par Rurik Sallé, c’est plein d’enthousiasme que le premier film est lancé, d’autant plus que la réputation du réalisateur n’est plus à faire : Machine Girl, Mutant Girls Squad… Autant dire que l’univers barré du réalisateur, dont le Dead sushi est également projeté dans le festival, a déjà fait des étincelles dans nos contrées.
Et ce Zombie Ass ne fera pas mentir sa réputation : un groupe d’amis parti en vadrouille, doit faire face à une invasion de zombies venus… des toilettes !!! Cependant, l’origine semble venir d’une épidémie de vers solitaires, dont l’une des protagonistes vient justement de faire son repas… Disons le tout de suite, Zombie Ass part dans tous les sens ! Situations improbables, tentacules (ben oui, on est au japon quand même!), scènes de douches (pour le côté légèrement c oquin, expulsion de vers par un orifice dont nous tairons le nom, combat final hallucinant entre notre héroïne et la « reine zombie », tout dans ce film confère au délire le plus total ! Ne serait-ce que l’apparition des zombies, qui sortent des toilettes au moment même ou l’une des protagonistes est prise de logorrhée anale difficilement contenable, suffit à donner le ton d’un film qui vous sortira la tête du cul !
Dans la salle, l’ambiance est survoltée, le public rit à gorge déployée, applaudit, et c’est abasourdi, se demandant si le spectacle auquel il vient d’assister est bien réel… Autant le dire, c’est un sacré début de soirée auquel nous avons eu droit. Et pourtant…
Le second film allait-il parvenir à maintenir cette ambiance ? Dès le départ, on se doutait qu’il serait difficile de passer derrière (hum…) Zombie Ass. C’est donc avec une certaine curiosité que Cockneys vs Zombies est accueilli, toujours introduit par un Rurik Sallé aux tenues décidément très saillantes ce soir.
Disons le clairement : Cockneys vs Zombies ne réinventera pas le film de zombie. Le scénario est loin d’être original, mais le réalisateur semble en avoir parfaitement conscience et livre un donc un film qui a aucun moment ne pètera plus haut que son cul (oui oui mes amis, aujourd’hui on donne dans la métaphore chiadée ^^). A la sortie d’un braquage, un groupe de gangsters réalise que la ville a été dévastée par les zombies. Les malfrats vont donc devoir se serrer les coudes pour survivre et partir à la recherche du grand père des deux meneurs, qui fait lui aussi face à l’invasion depuis sa pension de retraite.
Rien de neuf sous les cocotiers donc, mais le film se laisse suivre sans encombres, mais sans réel intérêt non plus. Seules quelques pointes d’humour, notamment lors des passages situés dans la maison de retraite, parviennent à relever le tout, mais le film reste marqué par son classicisme et son absence d’enjeux et de surprises : tous les événements de l’histoire se devinent aisément. Un film qui se laisserait suivre plus facilement à une heure moins tardive et s’il ne passait pas juste derrière un monument de folie. Pas un échec, mais loin d’être une grande découverte pour autant.
Mais qu’importe ! La soirée était loin d’être finie, et c’est dans un nouvel accoutrement que Monsieur Sallé annonce clairement la couleur : le prochain film est le même que le précédent… sans budget ! Il oubliait juste de préciser que le film était aussi sans acteurs, sans histoire, sans idées, sans… film ?
Il n’y a pas de mots pour décrire la purge que fut Gangsters, Guns & Zombies. Le film vient de sortir en DVD, et un bon conseil, fuyez le, car vous n’y verrez ni gangsters, ni guns, ni zombies. Ou alors si peu.
Ici encore, des gangsters qui viennent de commettre un braquage se retrouve confrontée à une invasion de zombies.
SAUF QUE : les soi disant gangsters badass nous ennuient plus qu’autre chose et ne sont pas charismatiques pour un sou.
SAUF QUE : personnellement je n’ai pas vu de Zombies dans ce films, ou alors si, des humains avec un peu de sang sur les lèvres, et aucun moment de déchiquetage pure qui ne soit pas hors cadre. Bref, le manque de budget se fait clairement ressentir.
SAUF QUE : c’est bien gentil de vouloir faire son film de zombies, mais encore faut-il avoir un truc à raconter. Même Romero, avec Survival of the Dead, parvenait à nous tenir un propos derrière un film où les zombies ne sont plus qu’une excuse pour continuer à faire des films faute d’autres possibilités. Ici, il n’y a tout simplement rien à retenir de cette histoire linéaire qui nous ennuie un peu plus chaque seconde qui passe. Réalisation plate, scénario inexistant, le manque de budget n’excuse pas tout, et c’est dans un profond coma que la salle se retrouve plongée à la fin de ce film. Du moins pour ceux qui sont restés…
Néanmoins, courageusement (et aussi parce que c’est dur de se lever d’un fauteuil quoi.), l’équipe de GentleGeek est restée pour le dernier film. Une question nous brule les lèvres : le dernier long métrage va-t-il remettre un peu de piquant pour clore en beauté une nuit bien amochée par le précédent film ? Ou la soirée va-t-elle continuer sur son crescendo en proposant des films chaque fois un peu plus nuls ?
Pourtant, le pitch de ce Osombie est prometteur : Oussama Ben Laden, revenu d’entre les morts, à la tête d’une armée jihadiste mort-vivante ! On sent venir à des kilomètres le potentiel de blagues vaseuses qui peuvent être faite sur des sujets pas politiquement corrects.
Malheureusement, Osombie se révèle ni plus ni moins qu’un film au niveau d’une production Asylum (et encore, je suis sur qu’on peut trouver des Asylum bien plus fun dans la série des Mega Shark vs quelque chose, n’est-ce pas Jon-Fenn ?).
Ici, donc, Oussama-zombie n’apparait en tout et pour tout que deux fois : un peu au début, un peu à la fin. Et n’espérer surtout pas le voir diriger une armée de morts vivants, donner des ordres, faire des blagues sur les 72 vierges ou les 2 tours. Rien de tout cela ici. Mais alors… Que se passe-t-il entre temps dans le film ? Et bien on suit le quotidien d’une équipe de G.I. américains qui sillonne le désert, shoot du zombie (de temps en temps), puis part à la recherche d’un citoyen confrère Yankee, seul être à croire à la résurrection du barbu diabolique et décidé à lui régler seul son compte.
On s’intéresse donc d’avantage aux rapports entre les gens, sauf que ce n’est pas très intéressant. Les quelques scènes où il y a attaque de zombies sont assez molles. En revanche, il y a parfois matière à rire, notamment avec ce soldat qui, frappé du syndrome Jacob/Twilight, se sent obliger d’enlever sa chemise à chaque fois qu’il commence un combat ou une action commando. Ou encore cette scène où l’un des soldats meurt, avec tout le pathos de sa relation sentimentale et de son patriotisme que cela implique (« Oh, Brad, je suis enceinte de toi », « je suis mort pour mon pays, et j’en suis fier. Maintenant allez lui niquer sa gueule à l’autre ! » Bon c’est pas tout à fait ça, mais l’esprit y est).
Et surtout, une absence totale d’exploitation du potentiel lié au sujet, à l’importance historique qu’a représenté l’événement du 11 septembre comme de la mort de Ben Laden, que ce soit sur un ton sarcastique ou même autre. Bref, là encore, on s’ennuie ferme…
Il est 7 heures du matin quand la soirée se termine, la salle est au quart plein pour le dernier film, et c’est un peu déçu malgré tout que l’on repart de cette « nuit zombie » : toute une nuit pour un seul film à sauver, ça laisse un peu sceptique, surtout après la folie des deux nuits de la précédente édition. On ne demande pas 4 joyaux de cinéma, mais pour autant, tenir toute une nuit avec si peu de fun… Le festival n’aura donc pas réussi à éviter le « piège » de la nuit zombie, faute d’une programmation suffisamment diverse ou intéressante. Mais bon, d’un autre côté, le challenge était risqué. On prend tout de même rendez-vous l’an prochain pour une nuit que l’on espère pleine de peps… Une petite soirée Troma les gars ?
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