Un an après une deuxième édition plutôt sympathique et forte de quelques belles découvertes, le festival redémarrait mardi 19 novembre pour sa 3e édition. Une édition plus concentrée, 6 jours seulement, qui démarrait avec le très attendu « Les sorcières de Zugarramurdi », le nouveau film d’Alex de la Iglesia.
C’est dans la salle quasiment pleine du Gaumont opéra Capucines que Gérard Cohen, Président du Festival, à d’abord prit la parole avant de céder le micro à Cyril Despontin, Délégué Général, et Fausto Fasulo, Directeur Artistique. Ensemble, les trois hommes ont appelé le public à défendre le cinéma de genre et fantastique, dans un contexte de crise où proposer un cinéma différent s’avère de plus en plus difficile. A en juger par la présence des spectateurs ce soir, les organisateurs prêchaient des convaincus.
La soirée s’ouvrait ensuite sur le court métrage Kick-Heart, de Masaaki Yuasa. Un court d’animation totalement barré où un catcheur amoureux d’une nonne, fait tout son possible pour aider l’orphelinat où il a grandit à travers ses combats. Réalisation psychédélique, humour, et catch étaient donc au rendez-vous de ce court métrage totalement WTF, notamment dans les combats sur ring, dont le trait de dessin n’était pas par moment sans rappeler certains Bill Plympton. Une barre de rire qui aura assurément mis l’audience dans le ton de ce qui allait suivre.
Car l’attraction de la soirée était, c’est peu de le dire, un morceau de choix : Les sorcières de Zugarramurdi; le nouveau film d’Alex de la Iglesia. présent pour l’occasion, le réalisateur a présenté le film avec le second degré qu’on lui connait : « Un mauvais film, dans un mauvais festival« , sous les applaudissements et les rires.
Après un Balada Triste d’une noirceur et d’une rage rarement vues, et un Jour de chance passé inaperçu en salle, au propos toujours pessimiste, mais plus léger dans son traitement, on ne savait pas trop comment prendre Les sorcières de Zugarramurdi. La bande-annonce nous avait sévèrement fait saliver, et laissait présager un film fou, rythmé, barré. Ingéniosité du montage, ou véritable esprit du film ?
C’est très clairement la seconde option qu’il faut retenir ! Prenant pour toile de fond la crise économique, mais surtout les difficultés des relations de couple et leurs déchirures, Les sorcières de Zugarramurdi (qui était projeté… un Murdi :p) est une satire décapante, enlevée, barrée, ou un duo de braqueurs plutôt bras-cassés, poursuivi par la police, se retrouve aux prises avec une famille de sorcières.
Démarrant rapidement sur les chapeaux de roues, ce cru 2013 du réalisateur espagnol ne souffre d’aucun temps mort ! Suivant la cavale de deux braqueurs maladroits, le film distille un discours plutôt acerbe et pessimiste sur les relations de couple et le sens de la responsabilité – assimilant les femmes à des sorcières (au propre comme au figuré) – sur fonds de prophétie apocalyptique. Si l’humour donne une connotation extrêmement fun et barrée à l’ensemble, on décèle la encore l’ironie de De la Iglesia derrière cette apparente légèreté. Servi par des acteurs impeccables, le film file à toute allure, sans jamais tomber dans l’excès ou le grotesque malgré son parti pris Wiccanique qu’il tiendra jusqu’au bout. On note par ailleurs l’apparition remarquée et délirante de Carlos Areces et Santiago Segura dans ce tour de manège ludique et fluide, toujours lisible, dont on vous reparlera certainement lors de la sortie en salle, début janvier.
En plus d’être un excellent film, Les sorcières de Zugarramurdi était un excellent choix pour ouvrir le festival et mettait immédiatement dans le ton de ce PIFFF 2013. De bonne augure pour la suite !
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