A l’occasion de la sortie de Horns, le nouveau film d’Alexandre Aja, avec Daniel Radliffe, GentleGeek a pu rencontrer le réalisateur français pour lui poser quelques questions sur son nouveau long-métrage et sur sa carrière.
Quatre ans après Piranha 3D, le nouveau film d’Alexandre Aja, Horns (lire notre critique ici), s’apprête à sortir en France le 1er octobre. GentleGeek a pu rencontrer le réalisateur français expatrié aux USA à l’occasion d’une table ronde organisée par le distributeur du film en France, Metropolitan, pour lui parler film et faire le point sur la carrière du réalisateur de Haute Tension et de La Colline a des Yeux.
Qu’est ce qui vous a séduit dans le projet Horns ?
Je voulais absolument faire ce film car le livre est absolument unique, dans le sens où il va de la comédie au drame, à l’horreur, en passant par une histoire d’amour et une fable surnaturelle. Je suis complètement tombé amoureux du bouquin. J’ai essayé d’acquérir les droits mais ils étaient déjà pris. Le bouquin est ensuite sorti aux Etats-Unis et est devenu un énorme succès. Finalement, quelques mois plus tard, j’ai été contacté par la production pour en être le réalisateur. On a choisi ensemble un scénariste et on a développé le script pendant les deux ans qui ont suivi.
Quand on écrit un script comme ça, tiré d’un roman, est-ce qu’on a déjà des images en tête que l’on veut voir dans le film ou est-ce qu’on se focalise sur des séquences clés et si oui, lesquels ?
Il y a plusieurs sortes d’adaptations de bouquin. Dès fois, c’est juste une idée qui nous plaît, des personnages ou une partie de l’histoire. Dès fois, on se dit qu’il va falloir changer ça, ça ou ça. Finalement, pour ce bouquin là, j’ai eu l’impression dès le départ, que si j’avais pu l’adapter sans passer par la case script et aller en tournage juste avec le bouquin, je l’aurais fait. J’ai tellement aimé le bouquin, idée par idée, dialogue par dialogue, personnage par personnage, que mon rôle de réalisateur a été d’être sûr que oui, il fallait l’adapter en deux heures parce le bouquin tel quel aurait fait six heures. Il fallait faire des choix, mais je voulais être sûr qu’on allait au maximum préserver ce qui faisait l’originalité et la force du livre.
Dans une featurette de Piranhas 3D, vous disiez que le Springbreak, c’est la pire évolution de Woodstock, c’est une société bâtie sur les apparences et l’image de soi que l’on reflète, un thème que l’on retrouve dans Mirrors. C’est une thématique qui vous est chère ?
Oui, je pense que ce qui m’a le plus plu dans la lecture du livre et qui m’a décidé à m’attacher au film, c’est l’humour et le côté « bas les masques » où chacun est forcé de dire les vérités les plus atroces qu’on ne dit jamais… L’Amérique est un peu spécialiste de l’hypocrisie. On a toujours cette image de Français, un peu trop cash, alors que la culture américaine essaie de se préserver de tout conflit ; tout le monde s’aime, tout le monde admire tout le monde… Il y avait dans le livre, un petit pied de nez à cette culture américaine.
Est-ce que Joe Hill (l’auteur du roman) a vu le film ?
Oui. Joe Hill a été très impliqué dès l’écriture. Il est venu sur le tournage, il a vu le film plusieurs fois, avec son père, Stephen King. Et il aime énormément le film. On était au Comic Con ensemble et il racontait qu’il était très fan du film et qu’il le préférait presque au bouquin.
Vous avez dit que vous avez dû vous battre pour imposer votre vision du film. Qu’est ce qui a été difficile à imposer ?
La comédie. La comédie était sur le script et on l’a développée. Et c’est vrai qu’une fois que le film a été terminé et monté, il y a eu une envie d’aller plus dans le thriller, dans le côté « mais qui l’a tué ? », un côté un peu Twin Peaks mais sans l’humour. Et ça a été assez difficile d’imposer cette tonalité qui, à mon avis, fait la force et l’originalité du film. Au final, c’est l’opinion du public qui m’a sauvé, avec les projections-test. On a testé le film sans l’humour et ça c’est effondré. Le public m’a donné raison. Le film devait exister de cette manière.
Vous parliez de Twin Peaks et le film a un peu la même atmosphère. Vous avez pris comme chef opérateur Frederick Elmes, qui n’a pas travaillé sur Twin Peaks mais qui a travaillé sur pas mal de films de David Lynch. C’est pour ça que vous avez fait appel à lui ?
En fait, ça a été une très belle rencontre parce que malheureusement mon directeur de la photo habituel, Maxime Alexandre, n’était pas libre. Et c’est vrai que dans mes références pour ce film, je citais beaucoup Blue Velvet ou Sailor et Lula. Et à un moment donné, je me suis dit, pourquoi ne pas aller demander directement au chef op de ces deux films, si ça l’intéresse. Il a lu le script et a adoré. C’est un monsieur d’un certain âge mais qui a une vivacité d’esprit et un talent créatif incroyable. Et ça a été un processus absolument génial parce qu’il a beaucoup travaillé, comme pour Sailor et Lula ou Blue Velvet, avec des bas de femme qu’il mettait sur l’objectif, ce qui permet de créer cette diffusion qui ne peut pas être créée avec un filtre. Et c’était assez rigolo de voir ce monsieur très élégant dans les grands magasins en train de regarder des dessous et de les choisir pour les utiliser sur la caméra. Mais c’est un grand monsieur, qui a fait pas mal de films pour Ang Lee ou Lynch, il a été caméraman pour Cassavetes. C’est un monument de l’histoire du cinéma.
Est-ce le côté comédie et l’histoire d’amour, c’est un moyen pour vous de vous éloigner un peu du cinéma de genre en vue de vos prochains projets, ou pas du tout ?
Oui et non. Je ne l’ai pas cherché. Je ne me suis pas dit après Piranha que j’allais trouver un projet qui ne serait pas un film d’horreur, parce qu’en parallèle, on a fait Maniac. Non, je réponds à une histoire, à une envie. Moi, en tant que spectateur, quel film j’aurais envie de voir ? Et à la lecture du livre, ça a été une évidence. C’est vrai que je n’aime pas trop l’idée de me répéter, de faire toujours la même chose. Je n’aimerais pas refaire un autre Piranhas ou un autre La Colline a des Yeux, par exemple, parce que je l’ai déjà fait donc je cherche de nouvelles histoires qui me permettent d’essayer de nouvelles choses, de nouvelles techniques et de travailler avec de nouveaux comédiens.
Question technique : les cornes, c’était un maquillage difficile à mettre en place sur un comédien ?
Ça a pris deux heures le premier jour puis vers la fin, on était à 15 minutes. L’équipe de KNB, Greg Nicotero et son équipe, ont fait comme à l’accoutumée un travail absolument incroyable. Ils ont trouvé un système de serre-tête arrière où il fallait juste appliquer le maquillage à la base. Ca allait extrêmement vite et c’était très confortable. Il a juste fallu à un moment donné mettre une sorte de casque avec les cornes pour pouvoir se cogner contre un mur mais sinon, on les oubliait, ces cornes. C’était un peu la volonté du design, d’aller vers un côté animal, presque romantique, première moitié du XIXeme, avec la représentation des démons comme un bélier. Il fallait qu’on oublie qu’elles existent. Dans le livre, elles sont différentes, elles sont plus pointues, elles deviennent rouges à un moment, là c’était un choix d’en faire un appendice qu’on oublie, qui soit quelque-chose de très naturel et très cool à la fois. Moi, à la vision de ces cornes, j’aimerai presque en avoir, elles ont un côté aérodynamique.
Le film est très ancré dans une réalité américaine, celle des petits bleds, la forêt etc… Vous qui êtes français, quel regard avez-vous sur cet environnement ?
J’adore. J’ai grandi avec le cinéma américain des années 70 et 80, avec un univers qui est une réalité. A la lecture du scénario, c’était une opportunité incroyable de créer à la fois un monde ultra-américain et hyper réaliste, et de marier ce monde-là avec un univers presque biblique, avec cette forêt, les serpents, toute la mythologie chrétienne. Ça permet de faire un contraste, un anachronisme qui m’intéressait.
Question qui n’a rien à voir avec Horns mais… où en est Cobra ?
On aura tenu dix minutes avant d’en parler ! (rires) Cobra avance. Très lentement. Il y a dès fois des pics où ça s’accélère puis ça ralentit. C’est un film extrêmement cher : 150 millions environ, et pour ça, il faut un acteur qui permet de faire exister une telle franchise. Tout en sachant que Cobra n’existe pas aux Etats-Unis, seulement en France, au Japon et dans quelques territoires. Mais c’est un vrai défi, on ne lâche pas, on a un très bon script. On a fait travailler les plus grands concept-artistes du monde. On est prêts. A votre bon cœur… (rires) Mais c’est vraiment une question de casting, sachant que les acteurs auxquels on pense ont des agendas remplis 4 ou 5 ans à l’avance.
Pour revenir à Horns, et à Maniac, que vous avez produit, on peut faire un lien entre Elijah Wood et Daniel Radcliffe, qui incarnent tout deux un personnage central juvénile et démoniaque. C’est une volonté de prendre des acteurs à contre-emploi ?
Il y a quelque-chose de très inconscient mais qui est peut-être volontaire en fait. C’est vrai que pour le casting de Maniac, il était évident que remplacer Joe Spinell était impossible voire idiot. On a commencé à réfléchir à un côté plutôt Norman Bates et l’idée d’Elijah Wood s’est imposée comme une sorte de choix créatif mais aussi parce que Elijah Wood, que le public connait, amenait cette universalité qui permettait à rentrer dans la vue subjective et dans le cauchemar de Maniac. Et pareil sur Horns, l’idée d’aller chercher Daniel Radcliffe, c’était une évidence car c’est pour moi le meilleur symbole de cette génération qui a aujourd’hui 20-25 ans et qui a grandi avec lui. Daniel, c’est quelqu’un de la famille, iI était là à chaque Noël avec ses nouvelles aventures d’Harry Potter. Il y avait quelque-chose d’évident et d’assez sexy dans cette idée de lui mettre des cornes, et de le confronter à des problèmes graves comme la perte du premier amour, la vengeance… Pour moi y a une évidence, ça s’inscrit dans la continuité d’Harry Potter.
Dans la saga Harry Potter, on a l’habitude de voir Daniel Radcliff comme un peu chétif, dans Horns, il est très énergique, il dégage une espèce de force, d’assurance… C’est chez lui ou vous l’avez tiré dans cette direction ?
C’est chez lui, il est comme ça. Le personnage d’Ig Perrish est personnage absolu, romantique, déterminé, qui a des idéaux pour lesquels il veut se battre et qui ne lâche pas. Et Daniel a toutes ces qualités. Même au sommet de sa gloire, de sa fortune et de sa notoriété, il est resté comme ça, il est resté Ig Perrish, quelqu’un d’entier. Et il a amené ça dans Horns. Il a beaucoup travaillé bien sûr, car la comédie, le drame et l’horreur, c’était un vrai rôle de composition pour lui, mais je pense que c’est le film qui le représente comme il est personnellement.
Pour rester dans les questions de casting, ces derniers temps, on voit beaucoup d’acteurs célèbres dans les seconds rôles. Comment êtes-vous allé chercher Kathleen Quinlan, Heather Graham ou David Morse ?
C’est un film où, tous les personnages secondaires ayant deux faces, avant et après les cornes, il y avait quelque-chose de très intéressant à jouer. On a eu pas mal de sollicitations spontanées d’acteurs qui ont voulu être dans le film, parce que le rôle était marrant à jouer. Les rôles secondaires ne sont pas toujours aussi intéressants. Le personnage d’Heather Graham est génial, par exemple. Elle était ultra-contente de venir. Tous les seconds rôles auraient pu être joués par des acteurs connus mais il y a une réalité financière, qui permet aussi de découvrir certains acteurs comme celui qui joue le médecin. Mais c’est la première fois que les acteurs venaient vers nous, d’habitude pour les fils d’horreur c’est pas évident de trouver des acteurs qui veulent jouer des mutants cannibales dans une colline… Pour David Morse, on avait pensé à lui pour le rôle du père, donc ça a été génial de l’avoir pour Horns.
La partie avec les enfants représente une bonne partie du film, presque un mini-film dans le film. Vous l’avez tournée en même temps que le reste ?
Ça a été tourné en même temps. Le livre est vraiment construit dans l’idée que ce que nous sommes aujourd’hui vient de notre enfance. Et c’est très important car tout commence avec l’arrivée de Merrin dans cette petite ville, et le fait que tous ces garçons vont tomber amoureux d’elle. Les flashbacks, d’ailleurs, ça a été un autre combat, avec la comédie. On nous l’a fait enlever, mais ça ne marchait pas, car les personnages n’existaient plus. En lisant le livre, tout focntionnait ensemble, et je ne voyais pas pourquoi ça marcherait pas à l’écran. Et les projections-test m’ont donné raison une fois de plus. Mais c’est vrai que le film va à contre-courant de la logique des studios américains où il faut faire un film dans un genre précis et ne jamais s’écarter de cette direction.
Combien de temps a-t-il fallu pour trouver des enfants aussi ressemblants avec les acteurs adultes ?
Ça me fait plaisir, car ça a été long. C’est drôle car en plus, en tant que personne, la gamine qui joue Juno Temple enfant était presque plus adulte que Juno elle-même ! (rires). Juno a une sorte de spontanéité assez incroyable alors que la gamine était très sérieuse. Mais le plus difficile, c’était évidemment de trouver un jeune Daniel Radcliffe, puisque tout le monde sait à quoi il ressemblait à cet-âge-là… Il fallait trouver sans tomber dans le concours « Qui veut être Harry Potter ? ». On a trouvé quelqu’un qui marche assez bien.
Est-ce qu’il y a eu des scènes plus difficiles à tourner que d’autres, avec les serpents par exemple ?
Ca a été dur mais j’ai l’impression de le dire à chaque film. Ca a été dur avec la météo : on tournait autour de Vancouver pour recréer les environs de Seattle. Le soleil se couchait à 5 heures de l’après-midi, les journées étaient très courtes et il pleuvait beaucoup. On tournait en extérieur et en forêt et il commençait à faire froid. Mais les serpents restent la chose la plus difficile puisqu’un serpent ne se dresse pas, il ne fait pas ce qu’on lui dit de faire. Il faut être patient et attendre. Et la patience, ça coûte de l’argent. La plupart des serpents à l’image sont vrais, et c’était intéressant de jouer avec 200 serpents sur un plateau… Faut être vigilant et les surveiller, c’était compliqué. Mais je suis assez content du résultat.
Le film mixe beaucoup d’éléments différents, la comédie, le drame, etc. Quand on est sur le tournage et qu’on réalise par exemple des scènes de comédie, est ce qu’on sait si ça va fonctionner ou est-ce qu’on a des moments de doutes ?
En tournant les scènes, je savais que ça allait fonctionner, mais j’ai commencé à avoir un peu des doutes en rendant visite à mon monteur. Il me disait que les scènes séparément étaient formidables mais qu’ensemble, il ne savait pas trop où on allait, entre les scène de comédie de la veille, celles d’horreur du jour… Mais j’avais cet instinct, je savais que la fable fonctionnerait, c’est vrai qu’à certains moments, on se demande s’il faut aller jusqu’au bout pas. Il faut trouver le bon dosage.
Est-ce que la voix off était là depuis le début ?
Pour être complètement honnête, la voix off c’est la seule livre de chair que j’ai laissé sur la balance des péchés. (rires) On l’a enregistré avant le festival de Toronto, et on a décidé de ne pas l’utiliser pour le festival. Elle a été rajoutée par souci de compréhension, moi qui m’échappe, mais qui ne me gêne pas dans l’absolu. Elle revient 5 ou 6 fois et c’est la seule différence entre la version du film d’il y a un an et celle d’aujourd’hui.
Parlons de la BO. Comment s’est fait le choix des morceaux (David Bowie, les Pixies, etc.) ?
On savait dès le départ qu’on faisait un film où la musique a une grosse incroyable. On a fait une playlist en rapport avec les thématiques du film, en rapport avec le diable, et on a recherché d’autres morceaux. J’ai demandé aux acteurs de me faire une playlist après la lecture du scénario. Il y a eu pas mal d’idées qui se recoupaient. On savait à peu près où on allait. Après il y a eu des morceaux trop chers qu’on ne pouvait pas se payer. C’est là qu’on découvre quels artistes ont envie qu’on utilise leur musique dans un film…
Dans une interview vous disiez ne pas pouvoir vous passer de votre co-scénariste Grégory Levasseur et il n’est pas sur Horns…
Il n’est pas dessus car quand j’ai commencé la préparation de Horns, il était en tournage de son premier film Pyramid, que je produis. Donc on travaillait ensemble tous les jours mais il était à Ouarzazate et moi à Vancouver. Je faisais des allers retours en permanence pour voir son tournage et les deux films se sont passés en même temps. Le mauvais timing est la seule raison pour laquelle il n’est pas sur ce film.
Le fait qu’il se soit passé presque un an entre la fin du film et la sortie, est-ce que ça vous a permis de peut-être mieux travailler la sortie ?
Le film n’était pas complètement terminé. On l’a terminé un peu au forceps la veille de la présentation à Toronto. On était en mixage six heures avant la présentation du film. Après il a fallu repasser quelques semaines pour retoucher l’étalonnage ou le son. Après, les Weinstein qui l’ont acheté ont tellement aimé le film qu’ils ont voulu essayer d’autres choses. Donc on a perdu encore un peu de temps et au final, ils ont eu tort. C’est la première fois que je faisais un film aux Etats-Unis hors du cadre d’un studio mais financé par des producteurs indépendants, donc ça fait partie du jeu. Cette année nous a permis de nous concentrer sur la sortie et je suis très content que le film sorte en France en premier.
Il y a peu d’effets spéciaux sur ce film mais le peu qu’il y a, pouvez-vous nous en parler ?
Toute la transformation de Daniel Radcliffe est évidemment en CGI. Il y a une grosse partie de maquillage avec une peinture particulière que l’on peut tracker par ordinateur et remplacer par une sorte de lave. Mais tout se base sur la réalité. La scène des ailes, il s’envole vraiment, il n’y a pas de fond vert… J’essaie toujours, autant que possible, de rester dans une approche des effets spéciaux, sans fonds verts.
Il y a un autre point commun dans vos films, c’est que vos histoires sont toujours « à ciel ouvert ». Vous aimez l’extérieur, on dirait…
Ça me fait plaisir d’entendre ça car c’est très important pour moi. A chaque fois, je passe un temps fou à trouver le bon décor en toile de fond. Pour La Colline à des Yeux, on a fait le tour du monde pour trouver le bon désert, pour Piranhas on a cherché le bon lac et pour Horns, cette forêt, qui est assez unique. Parce que le problème, quand vous arrivez à Vancouver et que vous cherchez une forêt, le risque c’est de tomber dans Twilight. Y’a pas une pierre qui n’a pas tourné dans la saga. (rires) On a fini par trouvé cette forêt qui est unique parce qu’elle est en-dessous du niveau de la mer.
Maintenant que vous êtes parti à Hollywood, qu’est ce que vous pensez du cinéma de genre français ?
Je n’ai pas vu grand-chose récemment… Il y a quelques années, après Haute Tension, il y a eu un vrai engouement mais c’est un peu retombé parce qu’on n’a pas réussi à transformer l’essai comme l’ont fait les Espagnols. On n’a pas réussi à faire des films plus ambitieux, pas nécessairement par leur budget, mais des films plus radicaux. Le problème du cinéma de genre français, c’est qu’il a existé sur un schéma de vente à l’international et pas un schéma de sortie en France. Le public français n’était pas là pour soutenir le cinéma de genre. A chaque fois qu’un film de genre français sortait, c’était entre 60 000 et 150 000 entrées maximum, et ça ne suffit pas pour faire exister des films. C’est pour ça que ça s’est ralenti et que maintenant c’est plus difficile à faire, contrairement à prendre une histoire et aller la faire en anglais pour se placer sur un point de vue plus international.
Quel est votre prochain projet ?
C’est un film qui s’appelle La Neuvième Vie de Louis Drax, est basé sur un livre de Liz Jensen. C’est un film qu’ Anthony Minghella devait réaliser avant de mourir. Ca raconte l’histoire d’un petit garçon de neuf ans qui tombe d’une falaise vers San Francisco. Il tombe dans le coma et depuis son coma, il essaie à travers son inconscient et des flashback, de comprendre ce qui lui est arrivé et qui l’a poussé. C’est une sorte de thriller, à la frontière du surnaturel.
Et qu’en est-il du remake de Simetierre ?
Je n’ai jamais été attaché au projet Simetierre ! J’ai lu le script et j’ai eu deux rendez-vous, le temps de leur dire que leur scénario n’était pas bien, et ça c’est arrêté là. Il y a eu une fuite et ça me colle depuis, c’est la première fois que ça m’arrive. C’est dommage car j’adore Simetierre, c’est un de mes trois livres préférés de Stephen King.
Vu les nombreux personnages et la richesse de l’histoire de Horns, le film aurait pu se prêter à l’idée d’une série. Est-ce qu’on vous a déjà sollicité pour travailler pour la télé ?
Le cadre de la télé m’intéresse car c’est devenu une extension du long-métrage. Quand on a l’occasion de raconter une histoire non pas sur deux heures mais sur 15 ou 20, ça devient hyper intéressant, surtout quand la qualité de la télé atteint celle du cinéma. Et il y a un décalage qui est en train de s’opérer au niveau de la censure aux Etats-Unis. Au cinéma, la censure est très arbitraire alors qu’on a l’impression qu’à la télé, tout passe. Le meilleur exemple, c’est Game of Thrones, qui est l’exemple le plus incroyable question effets spéciaux gores… Personnellement, je suis attaché à la série Scanners. Je travaille activement dessus au niveau de l’écriture, de la réalisation, de la production. Ca peut devenir une série très intéressante. C’est vrai que Horns aurait pu être une mini-série à la True Detective. Mais quand on a commencé il y a 3-4 ans, ce tournant n’avait pas encore eu lieu. Après, le cinéma reste quand même un cadre magique.
Vous travaillez sur plein de projets, vous produisez, vous tournez, vous écrivez, vous développez des films, des séries… Vous dormez des fois ?
Oui, dans l’avion ! (rires) Non mais c’est tellement génial, on n’a tellement pas l’impression de travailler. On pourrait faire ça 24/24 heures. J’ai jamais l’impression de travailler. Et ça, c’est vraiment un privilège.
Merci à Metropolitan et à La Jungle pour cette rencontre.
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