Haaa, Arrow, Arrow, Arrow… Une série dont on ne sait trop que faire à la rédaction : une première saison pas exceptionnelle mais regardable, et une seconde saison prometteuse malgré des défauts, on ne sait pas trop si on l’aime, si on la déteste, ou si on aime la détester.
Cependant, les améliorations apportées l’an dernier annonçaient du mieux, nous avons donc attaqué la troisième saison avec confiance (ou presque).
Ah, L’ERREUR ! La déception ! Sournoise ! Cruelle !
Mais commençons par le commencement (et rappelons que si cette critique ne spoilera pas les éléments importants de la saison 3, sauf sous les balises « spoilers », elle part du principe que vous avez vu les saisons précédentes).
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Suite aux événements de la seconde saison, tout va bien à Starling City. Enfin tout va bien : on est à Starling City, la ville la moins chanceuse de l’univers, donc c’est pas la grande joie, mais notre fine équipe semble avoir trouvé un équilibre, malgré les divers mensonges et les difficultés financières d’Oliver.
Et puis d’un coup, BIM, dès le premier épisode, c’est le drame (*jingle dramatique*). Et ce drame va tout chambouler (*jingle de suspens*), d’autant que la Ligue des Assassins montre le bout de son nez, et qu’un certain Ray Palmer, non content d’avoir racheté les entreprises Queen, semble avoir des plans pour la ville. Et pour Felicity aussi.
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Ça a l’air cool comme ça en quelques mots, pas vrai ? Vous vous dites : « Chouette, un drame mystérieux, donc une enquête, de nouveaux personnages, olalalala, ça va être trop bien », pas vrai ?
MAIS FUYEZ, PAUVRES FOUS ! Avant d’atteindre les abîmes de la désespérance !
Car pour faire simple, sachez que cette saison ne réussit pratiquement rien de tout ce qu’elle entreprend.
Le « drame » pour commencer. Ce terrible drame, c’est la mort d’un personnage. Et déjà, la mort abrupte d’un personnage dès le season premiere, pour casser le statu quo, ça sent la fainéantise scénaristique à plein nez. Mais peut-être l’enquête sera-t-elle passionnante, révélant de nombreux mystères prenant leurs racines dans le passé trouble de certains ? Que dalle ! Plus l’enquête avance, et plus on se rend compte que ce personnage est mort pour rien: tout ce qui découle de cette scène aurait pu être amené mille fois mieux par d’autres moyens.
Pire encore, les scénaristes, qui n’ont pas été fichus de trouver un moyen original de faire repartir leur série, sont obligés de déployer des trésors d’ingéniosité (ou de bêtise, tout dépend du point de vue) pour que cet événement fasse sens.
D’ailleurs, l’intrigue de la saison est tellement mal ficelée qu’elle perd rapidement son intérêt, d’autant qu’elle tient principalement grâce à trois points : la dilution à n’en plus finir de situations qui devraient se régler en quelques épisodes, le parachutage d’éléments et la bêtise crasse des personnages.
On se retrouve avec une histoire qui s’écrit à grands renforts de décisions stupides, de comportements qui trahissent les personnages et leurs cheminements personnels, d’alliances tellement improbables que le spectateur a très très envie subitement de s’ouvrir les veines avec sa télécommande… Et ne parlons pas des rebondissements sortis d’on ne sait où et des cliffhangers qui cliffhanguent que pouic. Ni du drama amoureux qui ferait passer Santa Barbara pour une tragédie grecque sublimement écrite.
Quant aux flashbacks… On en parle des flashbacks ? Leur seul et unique intérêt cette saison, c’est de nous faire découvrir un peu plus Amanda Waller. La saison dernière, ils plaçaient des enjeux complexes entre Oliver et Slade, rendant leur confrontation finale plus triste, plus tragique. Ils avaient un réel intérêt pour comprendre les personnages et leurs motivations.
Cette saison, ils ne servent qu’à meubler, tout en brisant complètement le rythme de la narration. On comprend bien trop tard leur rapport avec les péripéties présentes de la Team Arrow, et ils tournent autour du pot à longueur de longueur de longueur d’épisodes pour… Rien. Parce que finalement, ça n’amène rien de plus : les relations que noue Ollie pendant sa période à Hong-Kong n’ont pas la profondeur de celles qu’il avait pu entretenir avec Slade, Shado ou encore Sara. Quant à mieux comprendre ce qui motive les personnages… On nous donne bien des débuts d’explications, mais il en manque un sacré morceau pour que ça fasse réellement sens.
Si seulement les personnages ne souffraient pas de cette indigence scénaristique… Mais il n’y a pas de secrets : quand votre histoire est mal écrite, elle est obligée de trahir les personnages pour avancer, et c’est ce qui se passe ici.
C’est un véritable festival de grand n’importe quoi : les personnages souffrent très régulièrement d’une grosse perte de neurones et/ou de troubles psychologiques soudains, c’est ravissant. Et aussi du syndrome « c’était pour te/vous protéger », qui sert à justifier à peu près n’importe quelle décision débile.
Le personnage qui souffre le plus de ces problèmes, c’est Laurel. Car la pauvrette cumule TOUT : la fuite de neurones, la dilution inutile de son arc (qui la rend insupportable alors qu’elle aurait pu être attachante), et elle subit en outre les assauts des autres personnages mal écrits (nommément, les remarques paternalistes et hypocrites d’Oliver et le comportement ridicule de son père). Ce qui aurait du être l’ascension de Black Canary devient les Mésaventures de Titi : Titi a du chagrin, Titi s’entraîne, Titi est artificiellement maintenue en échec et, soixante-douze épisodes plus tard, ENFIN : Titi se sort les doigts.
Cette façon de maintenir Laurel en échec quasi-permanent, en faisant du surplace psychologique et physique, c’est vraiment pénible, voire même douloureux à regarder. L’épisode 13 offrait une façon intéressante de faire passer le personnage au niveau supérieur mais… TREIZE épisodes de gnangnantude au préalable, c’est trop. Et puis de toute façon, les scénaristes recommencent à s’acharner sur elle juste après.
La saison a dû être passionnante à tourner pour l’actrice.
Felicity n’est pas en reste, le personnage étant réduit à l’état de dinde gloussante et sanglotante. Qui est charmée par un type qui géocalise son téléphone pour pouvoir la harceler pépère, et qui la considère comme un objet à décorer avec des jolies robes et des jolis colliers. Fantastique.
Ray Palmer, justement, c’est lui, le type qui harcèle Felicity, et qui insiste, insiste, jusqu’au moment où elle dit oui. Parce que dans la vraie vie, c’est bien connu, quelqu’un qui te dit « non » cent-vingt fois te dira « oui » à la cent-vingt-et-unième.
On aurait pu avoir un personnage sympathique un peu maladroit, et on se retrouve avec un geek insupportable, et en lieu et place de l’Atom, on a un ersatz raté d’Iron Man.
Quant à Oliver, il traîne encore et toujours ses deux expressions faciales comme une âme en peine. C’est triste un personnage qui évolue si peu en trois saisons. Et c’est lourd pour les spectateurs. Tout ce qui se passe cette saison réduit à néant la progression du personnage depuis le premier épisode, sans réelle raison valable.
Et puis, c’est loin d’être écrit finement. Le type s’arroge le droit de contrôler ce que les gens peuvent faire, ne pas faire, savoir, ignorer, au nom de… « la protection des êtres chers », et à grands renforts de discours moralisateurs hypocrites. C’est le camembert qui dit au roquefort : « tu pues », et c’est insupportable ! Sans même être cohérent, puisqu’Ollie avoue dans un épisode qu’il doit cesser de mentir et de se replier sur lui-même, sur fond de pétales de roses et d’œil larmoyant et de violons romantiques… Pour recommencer l’épisode d’après.
Même le méchant est raté. Ra’s al Ghul, normalement, c’est un nom qui vous fait froid dans le dos, un nom qui inspire la crainte et le respect. Là, on a un type qui a trois muscles et deux poils, et dont les dialogues sont risibles : autant vous dire que la terreur est loin, très loin. Surtout quand on essaie de nous faire croire que c’est un champion à l’épée, et qu’on se retrouve avec les combats les plus mous du genou de l’histoire de la série.
Certains personnages s’en sortent un peu mieux, particulièrement ceux qu’on voit moins, comme Thea, Roy ou Nyssa. Ils ont tendance à faire monter le score de QI de plusieurs dizaines de points dans la pièce où ils se trouvent.
Malheureusement, on part de tellement loin que non seulement ça ne suffit pas, mais ça ajoute à l’incohérence des autres : comment croire que Laurel, écrite avec les pieds pendant treize épisodes, peut subitement dire des choses censées ? Et avoir un comportement mûr et posé ?
Le même problème se pose vers le milieu de la saison. Les stagiaires ont dû prendre d’assaut la salle d’écriture, lassés par l’indigence scénaristique et psychologique, et on a enfin des gens « normaux » : Laurel est mesurée, Felicity et Roy disent à Oliver qu’il n’est qu’un petit orifice corporel nauséabond et que ses bêtises, ça va bien cinq minutes… Ce qu’on attend d’eux, en somme.
On se reprend à espérer et puis… Nope.
Quant à l’épisode final, il sort tellement de dei ex machina et de n’importe quoi, face à un grand méchant dont les motivations sont aussi peu intéressantes que lui que… On est contents que ça s’arrête, en fait.
Sans compter que la morale de l’histoire est pour le moins ambiguë, puisqu’au moins un individu peu recommandable est récompensé au détriment d’une personne plutôt droite dans ses bottes.
En effet, Merlyn, qui a failli détruire Starling dans la saison 1, qui a manipulé sa propre fille pour en faire une meurtrière, se retrouve à la tête de la Ligue des Assassins. Tu as tué, manipulé, menti ? C’est bien, tiens, voilà ton cadeau.
En revanche, Nyssa, qui a perdu un être cher à cause de Merlyn, a été reniée par son père, a toujours été une alliée, et, au final, est toujours sincère quant à ses motivations ben… Elle peut aller se faire cuire un œuf. Bah oui cocotte, t’as cru quoi, que tu allais prendre la tête de la Ligue, place qui te revient vaguement de droit, juste parce que tu nous as aidés ?
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Il y a quelques points positifs cependant : Diggle et Nyssa offrent quelques scènes mignonnes et touchantes, Felicity offre encore un peu d’humour au milieu de sa dinditude, Roy et Thea ont leurs moments badass, Merlyn est toujours joué par John Barrowman (même s’il est écrit avec les pieds), et The Flash. Oui, The Flash, parce qu’à l’exception notable d’Oliver, tous les personnages sont mieux lors des crossovers. Et c’est quand même grave quand un personnage est mieux en vingt-quatre secondes de spin-off qu’en vingt-quatre épisodes de sa propre série.
Mais globalement, cette troisième saison est un énorme bond en arrière par rapport à la précédente : scénario cousu de fil blanc, personnages maltraités, et mal traités, alliances pas crédibles pour deux sous, moralité douteuse… Même les scènes d’action sont souvent en deçà de ce à quoi la série nous avait habitués.
Si on ajoute à ça le fait que les protagonistes sont bien les seuls à être surpris par les rebondissements et autres retournements de situation, on obtient des épisodes d’une GRANDE qualité.
Même la façon dont CW a géré la promo de son univers DC a joué contre Arrow : quand vous collez des cliffhangers, des événements tragiques, bref, que vous tentez de faire monter la pression émotionnelle et le doute chez le spectateur, de grâce, NE VOUS AUTO-SPOILEZ PAS dans les teasers. Sinon ça sert à rien hein.
Car Sara Lance, qui décède au début de la saison 3, est annoncée au générique du spin-off Legends of Tomorrow depuis au moins six mois maintenant. Autant vous dire que sa mort perd un peu toute substance pour le spectateur.
Idem quand la série tente de nous faire croire qu’Oliver a basculé du côté obscur : même si on sait bien que ce n’est pas un état qui va durer, nous spoiler à sec dans un teaser de The Flash qu’Ollie mène un double-jeu, c’est complètement crétin.
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Certes, la cible d’Arrow, ce sont les adolescents et les jeunes adultes. Mais les gens qui ont moins de vingt ans ne sont pas des décérébrés, ils sont juste JEUNES. Et ils méritent mieux que ça.
D’ailleurs, tout le monde mérite mieux que ça. La final met en place un nouvel équilibre et de nouvelles dynamiques : espérons que la quatrième saison en profite pour faire peau neuve et revenir aux fondamentaux. Et réapprenne à écrire des personnages.