Une princesse, un royaume, des traditions, une chanson au milieu du film, une quête, une réconciliation… Ca ressemble fortement à un Disney classique! Et pourtant, Rebelle est bel et bien une œuvre Pixar, qui essaye de revisiter les codes établis de l’histoire de princesse made in Mickey ! Un challenge risqué. Et réussi ?
Depuis la nuit des temps, au cœur des terres sauvages et mystérieuses des Highlands d’Ecosse, récits de batailles épiques et légendes mythiques se transmettent de génération en génération. Merida, l’impétueuse fille du roi Fergus et de la reine Elinor, a un problème… Elle est la seule fille au monde à ne pas vouloir devenir princesse ! Maniant l’arc comme personne, Merida refuse de se plier aux règles de la cour et défie une tradition millénaire sacrée aux yeux de tous et particulièrement de sa mère. Dans sa quête de liberté, Merida va involontairement voir se réaliser un vœu bien malheureux et précipiter le royaume dans le chaos. Sa détermination va lui être cruciale pour déjouer cette terrible malédiction.
Cette année, Pixar et Disney ont décidé d’échanger les rôles. En effet, alors que Disney s’attaque à un projet sur l’univers des jeux vidéos et son histoire de super-méchant en pleine crise identitaire (Les mondes de Ralph), Pixar nous relate une histoire de princesse confrontée à son destin !
Pour son 13e long métrage d’animation, Pixar s’essaye donc à un thème traité maintes fois par d’autres mais que la firme n’a encore jamais exploré. Et considérant la filmographie sur un sujet proche ou identique, sortir des sentiers balisés était un défi de taille.
Après avoir livré coup sur coup Wall-e, Là-haut, et Toy Story 3, l’attente était de mise pour ce nouveau projet. D’autant plus que la direction prise par le studio depuis quelques temps pouvait laisser perplexe : d’abord une suite en demi-teinte (Cars 2), maintenant un film de princesse (on en connait déjà des centaines !), en attendant une préquelle (Monstres Academy). Alors Rebelle, dépoussiérage en règle du conte de fée ?
Moi j’suis belle et rebelle, alors que toi t’es moche et remoche !
Le premier élément marquant dans ce film reste la patte graphique du studio. Retranscrire les terres sauvages d’Ecosse, caractériser physiquement les personnages (Mérida et sa splendide chevelure rousse qui a du nécessité seule de nombreuses heures de travail), animation de l’ensemble : le studio livre ici une copie impeccable. Le rendu des décors, le degré de détail est tout simplement sidérant ! Chaque brin d’herbe, feu follet, chaque élément bénéficie d’un travail soigné et minutieux, pour une image de haute qualité. L‘ensemble du métrage bénéficie d’un soin constant qui lui donne un résultat tout à fait à la hauteur des attentes que l’on peut avoir vis à vis d’un tel studio d’animation. Du point de vue technique, le contrat est rempli, et plus encore !
Le film démarre donc sous de très bons auspices, tant la marque Pixar semble présente. Cette marque se manifeste également dans les thèmes abordés par Rebelle : passage à l’âge adulte et responsabilités, les rapports parents-enfants et l’éducation, la recherche de sa propre identité dans un monde qui veut vous faire plier sous ses règles établies, la place des femmes : pas de surprise, on est en terrain connu. Mais quand on se rappelle de ses œuvres précédentes, on se dit que le résultat peut faire des étincelles : ces thèmes associés aux terres d’écosse, rarement exploité dans les récits épiques, et ses légendes promet ainsi une trame de fond riche.
Dès lors, comment sortir des codes fermes et conformistes posés par les contes ? Il faudrait bien le talent de l’équipe Pixar pour dynamiter tout ça ! Et la première partie du film laisse entrevoir de belles choses : rythmé, rempli d’humour, le film se suit sans déplaisir bien que l’histoire n’offre rien de bien original. Durant toute cette partie, Mérida, notre héroïne, prend ainsi un malin plaisir à s’affranchir de toutes les conventions propres à sa fonction de princesse. Plutôt que de siéger et faire de la figuration, elle s’identifie bien plus à son paternel, préférant chevaucher à travers les paysages abruptes de son Ecosse natale et s’entrainer à manier son arme. Le film suit ainsi son cours lorsqu’un coup de théâtre ouvre de nouvelles possibilités. Un revirement que même la campagne promo du film et la bande annonce ont eu le bon goût de ne pas ébruiter. Nous nous garderons bien d’en révéler la teneur ici.
Toujours est-il que la promesse d’une aventure plus inattendue ouvre de multiples attentes. Dès lors, l’histoire se veut moins centré sur son héroïne que sur plusieurs protagonistes dont les relations évolue. L’histoire se veut moins individualiste, plus collective, où deux personnages ne peuvent désormais évoluer l’un sans l’autre, d’autant plus que l’ensemble des événements sont intimement liés à l’histoire de Mérida, de sa famille et de leur terre.
Sois (re)belle et tais-toi !
Alors au placard Cendrillon, Aurore, Blanche-Neige et compagnie ? Adieu princesses-potiches, futures femmes au foyer qui attendent qu’un prince tombe tout cuit du ciel pour leur offrir une vie ? Si seulement…
En effet, passé l’effet de surprise, le doute s’installe petit à petit. On reste d’abord perplexe quand à cet intermède musical insipide situé en plein milieu du film, digne des plus grands… Disney. De même, si l’humour apporte premièrement une touche de fraîcheur et donne un ton résolument moderne, dans un premier temps, on réalise petit à petit que l’ensemble des thèmes que le métrage prétend aborder son en réalité survolés et traités avec une légèreté déconcertante tant ils manquent de relief. L’humour vient en effet mettre à plat toute tentative de ce côté la. Le métrage s’inscrit ainsi dans el ton employé dans le prolongement de la direction prise avec Cars 2.
La déception est de mise lorsque, malgré les promesses fournies par son coup de théâtre, on assiste petit à petit au renoncement (inconscient) de Mérida, jusqu’à un final qui la voit accepter sans rechigner tout ce contre quoi elle se dressait auparavant. Le symbole est de taille quand, lors de l’acte final, Mérida délaisse son arme fétiche, l’arc, pour saisir à bras le corps une épée, symbole très masculin de pouvoir, et donc de l’ordre établi.
De ce point de vue, Rebelle se pose donc comme une épopée faussement féministe et moderne, puisque Mérida retourne purement et simplement « à la maison », accepte de se laisser courtiser par des prétendants qu’elle n’apprécie pas, préfère désormais faire des activités couture/cuisine avec sa mère, etc. Bref, tout ce dont elle ne voulait pas entendre parler en début de métrage se retrouve accepté, déguisé en forme de « prise de conscience » de son héroïne. Car le message véhiculé est bien là : ne sors pas de ton rôle, où de grands malheurs arriveront. On a connu Pixar moins conformiste et bien plus progressiste. Comme si, telle une malédiction, les codes forgés dans l’acier de la princesse et de l’esprit Disney avaient eu raison de la volonté de moderniser le conte épique d’un côté et de l’ambition narrative qui a souvent animé Pixar de l’autre.
Ne soyons pas trop sévère pour autant : Rebelle reste malgré tout un film rythmé, techniquement irréprochable, dont la mise en scène et la réalisation soignée rendent le métrage agréable à suivi. Le cadre de l’Ecosse offre aussi un contexte original qui change des traditionnels châteaux et royaumes évoqués dans ce type de récit. Mais en dépit de son dynamisme, de sa volonté de moderniser le conte épique, et de son rebondissement, Rebelle donne malgré tout le sentiment d’une prise de risque limitée dans son déroulement et d’un retour au conformisme social comme seul choix de vie possible.
Avec Rebelle, Pixar investit le monde de Disney pour tenter de le revisiter. Si la première partie est pleine de promesse, l’esprit « rebelle » du film s’évapore dans sa seconde moitié. Résultat : même s’il ne s’agit pas de leur meilleur projet, Pixar nous livre un film techniquement sublime, agréable à suivre et rythmé avec en prime un bouleversement inattendu à mi parcours, et qui ravira le jeune public. Mais son message conformiste tranche avec l’esprit des plus grandes œuvres de la firme à la lampe, et vient contredire l’ambition initiale du projet. Comme si petit à petit, le rapprochement entre Disney et Pixar finissait par avoir raison de ce dernier…
Copyright photos : The Walt Disney Company France
C’est bien en fait, Rebelle va bien montrer aux femmes qu’elles doivent rester à leur place… *petit troll en passant*
Mm…, peu-être que ça peut être interprété autrement : du genre on peu être rebelle sans être insouciant, égoïste, ou anarchiste, en essayant de d’améliorer les choses avec les autres sans accepter les aberrations de la société.
En fait là tu m’as complètement dégouté du film.
Bref faudra que je le vois…