Le créateur de la série Kaamelott revient sur les planches pour une performance étonnante. Entre la masterclass et la fiction, avec Que ma joie demeure !, Alexandre Astier dresse un portrait insolite de Jean-Sébastien Bach.
« Je m’appelle Bach, j’ai été désigné pour m’occuper de vous et je ne cache pas la grande joie et l’immense fierté que j’ai à vous recevoir… » Dès le début, Alexandre Astier annonce la couleur. En redingote et chemise à jabot, tantôt au tableau noir, tantôt au clavecin et à la viole de gambe, dont il joue avec brio – le roi Arthur de Kaamelott incarne cette fois le Cantor de Liepzig, Jean-Sébastien Bach.
On connait la passion d’Alexandre Astier pour la musique. A l’âge de 6 ans, celui-ci entre au Conservatoire, il compose dès ses 10 ans… Avec Que ma joie demeure !, il nous dévoile un nouveau terrain, et fait partager au spectateur, souvent peu initié à l’art du contrepoint, son plaisir de l’emmener dans un domaine qui lui est cher.
« Ce cours est ouvert à tous, et aucune connaissance musicale n’est requise. » Tantôt passionné, tantôt exaspéré, le maître dispense, devant un public de gueux et de néophytes, son savoir sur la montée diatonique, la permissivité progressive des dissonances au cours des âges, la nature modale du contrepoint primaire et sa pénétration dans le monde tonal, les harmonies non-occidentales et l’intérêt de leur étude… tandis qu’Astier fait ce qu’il sait faire le mieux : raconter des histoires.
L’artiste revisite la vie du compositeur baroque : Bach compositeur, Bach professeur, Bach bougon, Bach exigeant, Bach méprisant, Bach bourré même, mais Bach triste surtout, entre anecdotes historiques (Bach perdit 10 de ses 20 enfants) et délires de l’auteur.
Le décor est vrai et sommaire, il se concentre sur l’essentiel : un clavecin, un tableau noir, un banc, un berceau, un lit. La mise en scène – par Jean-Christophe Hembert (Karadoc dans Kaamelott) – est sobre, et servie par des jeux de lumières simples et efficaces, qui font émerger les rares éléments de décor de la scène plongée dans l’obscurité.
Le spectacle, créatif et imaginatif, semble pourtant avoir du mal à trouver son rythme. Il alterne entre le tragique et le comique, le bon et le moins bon, mais est toujours servi avec une absolue sincérité par son interprète. La blague est parfois un peu trop facile, le langage trop contemporain et relâché.
Avec tout ce que l’on sait ou croit savoir sur l’artiste, on pouvait s’attendre à un spectacle peut-être un peu plus inspiré, enlevé. Voila le problème avec Astier : il joue sur tous les tableaux et excelle dans tant de domaines qu’il nous déçoit toujours un peu lorsqu’il n’est que simplement bon.
Le DVD
Sorti le 6 novembre dernier chez Universal, le DVD de Que ma joie demeure ! donne le ton dès son insertion dans le lecteur, avec le logo Universal en blanc et noir accompagné de son jingle joué à l’orgue par Alexandre Astier lui-même. Tout le menu est imprégné du thème musical du spectacle. Les transitions se font au son de l’orgue et dans un mouvement dans la tuyauterie d’un orgue.
Dans les bonus, on retrouve une expertise d’orgue dans laquelle Astier, débarrassé de son costume d’époque, nous explique le fonctionnement de l’instrument et détaille la partie du travail de Bach la moins connue, celle de l’expertise d’orgue. 12 minutes vraiment intéressantes et instructives, Astier connait bien son sujet. Suit une fausse bande-annonce décalée basée sur un calembour que je tairais ici pour ne pas gâcher l’effet de surprise. Enfin, le dernier bonus est un entretien avec Gilles Cantagrel, historien, musicologue et spécialiste de Bach, qui revient sur certains aspects du spectacle pour leur redonner une perspective historique.
La captation du spectacle a été réalisée au Théâtre de la Croix-Rousse à Lyon. Il est encore possible, pour ceux qui, comme l’équipe de GentleGeek, voudraient le voir en live, d’assister aux représentations des 21, 22 et 23 décembre 2012 à la Bourse du Travail à Lyon et le 31 décembre 2012 à l’Opéra théâtre de Saint-Etienne.
Enormissime, pas toujours drôle ou vraiment décalé (perso j’ai beaucoup ri mais suis littéralement mauvaise alors bon …)
Une bonne heure 35 de poilade, rien a dire!
Astier Forever!