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Cinéma

[Interview] Daigo Umehara, combattant virtuel

Après sa victoire en finale à l’EVO 2010 sur Super Street Fighter IV, Daigo Umehara se livre dans une interview accordée au site Sankei.Le site Versus City propose une traduction anglaise de cette interview et Gentle Geek vous propose la version française.

En Août, vous allez rentrer dans le Guiness Book des records en tant que pro gamer étant resté le plus longtemps invaincu au niveau mondial.

Les jeux ne sont pas encore vraiment reconnus dans le monde, donc être dans ce livre que je connais depuis que je suis enfant et avoir la reconnaissance de personnes qui ne sont pas forcément familières avec le milieu du gaming me rend très heureux.

Qu’est ce que cela vous fait d’être appelé « pro gamer » ?

Je n’y vois pas vraiment de différence puisque quand je jouais auparavant, j’étais déjà un pro gamer.

Combien de fois vous a-t-on demandé un autographe ?

A peu près une centaine de fois maintenant. J’écris juste mon nom. Cependant, je ne le fais qu’en Amérique. C’est un peu embarrassant de le faire au Japon donc je ne veux pas le faire (rires).

Que pensez-vous des joueurs à l’étranger qui vous surnomment « The Beast » ?

Je suppose que cela vient de cette malheureuse vidéo de Street Fighter III : Third Strike avec Justin. Les gens ont décidé de me surnommer ainsi de leur propre chef. Je ne comprend toujours pas pourquoi.

Comment expliquez-vous votre victoire à l’Evo 2010 ?

Les autres joueurs se sont entraînés avec des personnages secondaires en même temps qu’un personnage principal tandis que moi, je me suis seulement concentré sur un seul personnage polyvalent. Je n’aurais eu aucun regret si j’avais utilisé un autre personnage et perdu. De plus, j’analysais les personnages que les joueurs forts utilisaient et j’ai commencé à jouer contre ces personnages pour me préparer.

Voyagez-vous souvent à l’étranger pour des tournois ?

L’année dernière, je suis allé en Amérique, en Angleterre, en France, à Taïwan, au Koweït et en Suisse. Cette année, j’ai été invité en Angleterre, en Australie, en France et en Amérique.

Que faites-vous dans la vie en plus de votre activité de pro gamer ?

Je travaille en tant qu’assistant dans une maison de retraite. Je travaille d’habitude 5 jours par semaine. Mes parents travaillent tous les deux dans la médecine donc ils n’ont pas d’objections à ce genre de travail.

Parlez-nous de votre première expérience avec les jeux.

Auparavant, j’aimais beaucoup jouer au Shogi et pratiquer la lutte. Je pense qu’on peut dire que j’aimais bien me mesurer à d’autres gens. J’ai vu mon premier jeu il y a environ 20 ans de cela. Il y avait un jeu dans le magasin vidéo local qui avait des graphismes vraiment bien réalisés et des personnages vraiment cool… je ne pouvais pas résister (note: il parle de Street Fighter II). Après avoir commencé mes études au collège, je me rendais dans les salles d’arcade de Tokyo et Akihabara et j’ai appris là-bas le comportement à adopter avec les autres joueurs. Je devenais de plus en plus arrogant au fur et à mesure que je progressais aux jeux, mais les joueurs plus anciens et expérimentés autour de moi me conseillaient alors sur la bonne conduite à avoir afin que je corrige cette attitude et j’ai commencé à prendre cela en compte.

Qu’en pensent vos parents ?

Ils ne se sont pas opposés particulièrement à mon choix. Mon père adore les arts martiaux mais il a abandonné l’idée de devenir un expert en arts martiaux. Il pensait peut-être pouvoir me transmettre ce qu’il aurait souhaité faire sans y parvenir. Peut-être que si j’avais commencé à jouer à des jeux autres que des jeux de combat, il aurait eu beaucoup plus de reproches à me faire.

Quand vous étiez étudiant, combien de temps passiez-vous à jouer ?

Quand je rentrais de l’école, je jouais tous les jours de 16 h jusqu’à minuit quand la salle d’arcade fermait.

Quel jeu vous a demandé le plus d’investissement ?

Durant les tournois officiels de Capcom Vs SNK 2, où j’ai gagné 3 fois d’affilée le championnat. J’étais vraiment très stressé. Quoi que je mange, j’avais l’impression de ne plus pouvoir rien avaler. Quand j’en ai parlé à mes parents, ils m’ont dit « tu es probablement très stressé maintenant ». Mentalement, je ne m’amusais pas du tout. Je m’entrainais sérieusement et avec une extrême concentration. Mais maintenant, je suis sérieux à 10% quand je me prépare pour un tournoi. Si je joue trop sérieusement, je suis incapable de lire les mouvements de mes adversaires.

Mis à part l’entraînement, y a-t-il autre chose qui vous aide durant les tournois ?

Des tactiques de jeu que je découvre moi-même et en regardant des documentaires à la télé, comme ceux qui expliquent comment certains animaux chassent leur proie : cela m’aide à développer ma façon de jouer. Je pense qu’il y a une limite à ce que je peux faire par moi-même. Vous pouvez apprendre des solutions de ceux qui sont moins forts que vous et je pense que l’avis de tout le monde peut être utile et précieux.

Qu’est-ce que les jeux de combat vous ont apporté ?

Il y a 10 ans de cela, quand je jouais vraiment beaucoup, les critiques envers les jeux vidéos étaient très sévères, mais je ne me souciais pas de la reconnaissance des gens tant que je croyais en ce que ce que je faisais. Je dirais donc que jouer aux jeux m’a appris qu’il faut faire et croire en ce qu’on veut faire.

Quel match vous a le plus marqué ?

Les gens parlent souvent de ce match sur Third Strike à l’Evo, mais je n’étais pas très satisfait de ce match personnellement. Ce n’était qu’un match en demi-finale et je n’ai pas dépassé les demi-finales. Cependant, j’ai le sentiment que ce match était plus intéressant que les phases finales.

Qu’avez vous ressenti durant ce match sur Third Strike ?

Je ne crois pas que mon adversaire se sentait dans une position favorable à ce moment là. Et je ne pouvais pas entendre les gens parce que j’étais vraiment très concentré, donc j’ai pu prédire le mouvement suivant et réagir en conséquence.

Que souhaitez-vous faire à partir de maintenant ?

Intéresser plus de gens aux jeux de combats et qu’ils soient aussi enthousiastes dans leur découverte, je pense que c’est mon rôle. Avant, je n’aurais pas aimé faire cela, mais si plus personne ne s’intéresse à ce genre de jeux, alors le genre finira par disparaître et tout ce que nous aurons essayé de faire jusque là n’aura servi à rien. C’est pourquoi j’ai le sentiment de devoir mener de front ce rôle et que je suis le seul à avoir la possibilité et la capacité de le faire.

Votre « Je n’ai aucun point faible » après votre victoire au tournoi de Street Fighter Zero 3 est devenu légendaire à travers le Net.

Oui, j’étais très jeune à cette époque et beaucoup de choses se sont passées depuis par rapport à ça (rires). Par ailleurs, j’avais rencontré quelques célébrités à ce tournoi et je pensais « ces gens n’y connaissent rien aux jeux vidéo ». A ce tournoi, [sur une échelle de 10] le niveau de jeu des bons joueurs était de « 7 » et je jouais au niveau « 10 », donc le niveau n’était pas très élevé et je n’étais pas satisfait. Donc je me suis dit que je devais les provoquer un peu et semer un peu la pagaille.

Tags : DaigoE-Sportsstreet fighter
Yana

Gentle Geek Yana

Non.

5 commentaires

  1. Ce type est super humble et pourtant c’est l’un des meilleurs joueurs de SF de la planète. La classe.

  2. Et merci Audrey aussi pour la relecture et les corrections ! (je suis incorrigible ! lol)

Commentaires