Nuit rouge sur Paris le 16 juin 2011 ! Le nouveau Latina qui accueille chaque samedi une soirée Panic!Cinéma faisait une petite entorse à son programme en y cédant son jeudi. Mais quel jeudi ! Amis du métal et des sensations fortes, Rob Zombie était à l’honneur ce soir-là et présentait pour la première fois en Europe ses deux premières œuvres cinématographiques : La maison des milles morts et Devil’s Rejects. Cerise sur le gâteau, notre ami barbu était accompagné de son égérie – et épouse dans la vie – Sheri Moon Zombie. Action !
Panic!Cinéma est ponctuel. A 20H00, la salle du nouveau Latina était pleine et plongée dans le noir pour laisser apparaitre sur l’écran une première vidéo. La soirée débute donc avec une première série de clips et de bande-annonces de films qui ont eu un impact sur la vie de Rob Zombie ou que lui-même a réalisés. Son clip Sick Bubblegum ouvre ainsi la marche. On y retrouvera en vrac les Halloween, le film White Zombie, son titre Mars needs women et son film d’animation The haunted world of El Superbeasto.
Quelques mots sur scène de la part d’un animateur enjoué de Panic!Cinéma qui d’ores et déjà annonce la couleur. Chez Panic!Cinéma, on hurle, on rit, on joue, on retrouve l’ambiance du cinéma de quartier, c’est l’esprit Grindhouse ! On apprend ainsi que pour la première fois en Europe, le couple Zombie présentait leur diptyque de la famille Fireflies. On sait que les films de Rob Zombie, s’ils bénéficient d’un succès d’estime auprès du public, ont toujours connu une distribution très compliquée en salle. La maison des 1000 morts n’a eu qu’un unique passage au festival de Gérardmer, Devil’s Reject a été projeté en période estivale, Halloween n’a eu qu’un nombre très réduit de copies à sa sortie et sa suite n’a jamais voyagé sur bobine. Ce fut donc une occasion unique de visionner ses premiers films à la suite dans une vraie salle de cinéma – en version originale, cela va de soi – en plus d’accueillir son réalisateur, qui fera son apparition durant l’entracte entre les deux films.
Pour la petite anecdote, la copie de La maison des 1000 morts présentée ce soir est bien celle de Gérardmer, dont les affiches défilent sur l’écran suivis du très reconnaissable jingle du festival. 2005 remonte à loin et pour les plus nostalgiques, souvenez-vous de la nuit spéciale « maisons hantées » dont faisait évidemment partie le titre de Rob Zombie et Amityville.
Devil’s Reject était sorti au cinéma l’été 2006 et passait donc inaperçu. Il n’y a pas si longtemps, la période estivale devenait la zone creuse des fréquentations en salle et seules les comédies avaient une chance d’en ressortir la tête haute. C’était avant The Dark Knight. Halloween était le grand absent du circuit UGC ce qui limitait grandement le nombre de copies et le numéro deux n’était finalement apparu que sur galette.
Cette parenthèse refermée, La maison des 1000 morts commence. Quelques réactions surviennent lors de moments clés mais l’ambiance générale est plutôt studieuse. C’est peut-être une habitude française de se montrer attentif. Le film se termine et une pause de dix minutes est proposée avant d’enchainer sur une seconde compilation de vidéos (Mark of the devil, Taxi Driver, I drink your blood and I eat your skin, et surtout Werewolf women and the SS) et l’arrivée ovationnée des Zombie qui prennent place sur la scène pour répondre à un certain nombre de questions posées par le public, le tout dans la bonne humeur et surtout avec beaucoup d’humour.
Les questions sont diverses et s’appuient surtout sur la carrière de cinéaste de Rob Zombie qui nous éclaire sur le succès inattendu de La maison des 1000 morts, projet risqué auquel les studios ne croyaient pas. Au lieu d’un plantage présumé, le film devient un succès mais toutefois aucun producteur ne voulait miser sur une éventuelle suite. Cependant Rob Zombie lui-même désirait changer d’orientation et donnait donc naissance à Devil’s Reject qui reprend les personnages de son premier film sans pour autant les renvoyer dans l’horreur et le fantastique. Devil’s Reject devient ainsi un western sauvage et moderne au ton résolument plus sérieux. Sheri Moon Zombie rajoute que les personnages sont plus sombres et qu’au final ils sont différents ce qui se répercute sur son jeu.
C’est aussi l’occasion de rebondir sur les remakes d’Halloween et la collaboration de Rob Zombie avec les frères Weinstein. Le constat est sans appel : l’expérience ne se renouvellera pas pour une troisième fois, sa vision étant bien trop acerbe face aux exigences des producteurs. Halloween 2 ne vit le jour uniquement à cause d’une close de son contrat qui imposait un certain nombre de films, pourtant il reste bien plus fidèle à la personnalité de Rob Zombie que le premier qui ne fait office que d’introduction.
On apprend également que le réalisateur du remake d’Halloween n’est pas réellement un amateur des slashers des années 80 contrairement à ce que l’on pouvait penser et son intérêt se porte plutôt vers les films de monstres des années 30/40 jusqu’aux années 70. Si aujourd’hui, il n’a aucun préjugé vis à vis de la 3D ou de l’utilisation des CGI, il remarque toutefois le traitement abusif de ces dernières techniques. De la même manière il regrette que le cinéma d’aujourd’hui s’oriente principalement vers un public jeune.
Sont abordés ensuite ses projets futurs et on apprend alors que son prochain film Lord of Salem amorcera le tournage en octobre et il s’agira d’une histoire de fantôme écrite et réalisée par Rob Zombie. Mais la question qui brûle sur toutes les lèvres concerne Werewolf women and the SS. Suivra-t-il un chemin identique à celui de Machete ? Aurons-nous la joie de retrouver Nicolas Cage en diabolique docteur chinois dans un long-métrage ? Cela n’arrivera malheureusement pas et restera à jamais un fantasme, les droits restant dans les tiroirs des frères Weinstein.
Si une interprète est belle et bien présente, la majeure partie de l’interview se fait intégralement en anglais sans passer par la case de la traduction dans la mesure où l’ensemble du public semble comprendre la langue de Shakespeare sans grande difficulté, mais était-ce vraiment le cas ? A la louche, l’entretien se déroule sur trente bonnes minutes et si Rob Zombie se montre quelque peu réservé, sa compagne manifeste un véritable enthousiasme en prononçant quelques mots en français.
Le tout prend fin avec un petit discours du réalisateur pour introduire la séance de Devil’s Reject avant d’aboutir sur une séance de dédicace totalement improvisée.
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Devil’s Reject débute à 23H00, et le public reste très réceptif comme il l’avait été pour le précédent film.
Bilan positif pour une soirée riche en révélation dans une ambiance bon enfant. Un grand merci à Panic!Cinéma pour leur accueil et leur enthousiasme.