Dans la boite à idées, on y glisse le nom de Hugh Jackman, super-héros approuvé depuis qu’il porte les griffes du sauvage Wolverine. On y rajoute Steven Spielberg et Robert Zemeckis à la production comme gage de qualité pour adapter une histoire de Richard Matheson. Cela fleure bon la science-fiction à grand spectacle, mais voilà, Shawn Levy est aux commandes d’un titre distribué par Disney et le tout devient subitement plus fade dans notre esprit. Real Steel s’annonçait donc comme étant le blockbuster dont on n’attendait rien. Heureusement, on se trompait !
Ancien boxeur, Charlie Kenton s’adonne à des combats de robots pour gagner sa vie mais enchaine les défaites. Lorsque son fils Max qu’il a abandonné des années auparavant réapparait, il accepte de garder ce dernier le temps d’un été contre une certaine somme d’argent. Fasciné par les machines, Max découvre un ancien modèle de robot et décide de le remettre sur pied afin de le faire monter sur le ring.
Depuis le succès des Transformers, on pensait voir déferler toute une vague de films mettant en scène des machines à forme humaine, mais au final seul Real Steel semble suivre cette voie. Et si ce dernier ne s’inspire pas d’une gamme de jouets, l’estampe Disney plane dangereusement sur le film, ne laissant aucun doute sur le public visé. C’est un film familial que nous tenons là et apprendre qu’il s’agit d’une adaptation d’une nouvelle de Richard Matheson (L’indéracinable) n’y changera rien. Au diable alors les connotations sociales propres à la science-fiction ou la note d’épouvante que l’on retrouve habituellement chez cet auteur. Real Steel présente à l’écran des machines à la carrosserie bien lisse et aux couleurs criardes parées de néons, qu’un petit garçon envoie dans l’arène en criant le nom des attaques… voilà qui rappelle furieusement une licence nipponne bien connue.
Des clichés, en veux-tu ? En voilà !
Ne nous voilons les yeux, Real Steel est un ramassis de stéréotypes et on ne trouvera pas de film plus convenu et carré pour cette rentrée 2011. De part son scénario de prime abord, Real Steel est un sentier droit ! Un long couloir comme le décrieraient certains ! A chaque avancée de l’histoire, il vous sera possible de deviner ce qu’il se passera dans les séquences suivantes tant l’intrigue est conventionnelle et téléphonée. Ajoutons à cela une dose de sentimentalisme appuyant fortement sur l’évolution de la relation entre Charlie et son fils, vous obtiendrez la recette toute prête d’une morale familiale pas très discrète. La subtilité, Real Steel ne connait pas ! En somme, une bonne dose de naïveté tant du côté de l’histoire que de ses personnages, mêlée à une réalisation formelle sans grande inspiration, on obtient le produit le plus banal qui soit.
A se demander si tout ne reposait pas sur la notoriété de Hugh Jackman.
La voie du Super 8…
Voilà qui est bien prétentieux, mais dans le fond, il règne dans Real Steel un sentiment de nostalgie mêlée à beaucoup de tendresse. Si dans la forme, le film ne réserve absolument aucune surprise, il n’en reste pas moins attachant notamment grâce à un casting brillant. Hugh Jackman est convaincant dans le rôle d’un père égaré, et son jeune partenaire, Dakota Goyo lui tient tout simplement tête et accorde une dimension attendrissante au film tant son jeu est remarquable. L’alchimie entre les deux acteurs est bien présente.
Dans la majeure partie du film, on suit le regard de Max qui joue sur une certaine ambivalence. A la fois mature vis à vis de son père, et enfantin face aux machines, Max embarque aisément le spectateur dans ses élans émotifs lorsqu’il tisse un lien unique avec son robot Atom. A ce moment précis, on se plait à vivre une forme de régression devant l’écran pour retrouver la perception que l’on avait dans notre jeunesse. A l’abri des regards, Max entretient une relation très particulière avec Atom, ce dernier lui donnant l’impression de prendre vie lorsqu’ils sont seuls. A partir de cet instant, on vacille vers une forme de magie où seule l’imagination d’un enfant parvient à rendre une telle impression. C’est une atmosphère que l’on retrouvait dans Le Géant de fer, chose qui n’est peut-être pas anodine tant Atom ressemble à la machine du film de Brad Bird.
Dès lors le film prend un tout autre aspect, et cet amoncellement de clichés devient logique quand on vit Real Steel comme le parcours initiatique d’un enfant, le regard embué d’admiration pour son père raté. Tout devient magie tant par son aspect visuel coloré que par les adversaires qu’il rencontre sur son chemin. L’ensemble est terriblement manichéen mais s’accorde finalement avec le conte qu’est Real Steel.
Et techniquement, qu’est-ce que ça donne ?
Soyons honnête, en observant le parcours de Shawn Levy (La nuit au musée), on ne pouvait pas espérer des miracles au niveau de la réalisation. Si dans l’ensemble l’univers visuel est réussi, l’action que l’on retrouve dans les combats entre les robots est plutôt molle. Un comble quand on sait qu’il s’agit du cœur du film. Cela manque de dynamisme et reste brouillon dans l’ensemble, et sans être désagréable, les combats manquent sérieusement de punch. Reste que le parallèle avec la boxe accorde une note particulièrement sympathique aux matchs qu’engage Charlie car lorsqu’il s’attarde sur la technique, cela rend le tout compréhensible et esthétique. Le tout est porté par une musique efficace et entrainante. Entre hip-hop et techno, la bande son reste cohérente avec l’identité du film sans pour autant se démarquer. Elle en est presque conventionnelle pour ce type de production, et on se demande quand même où est passé le Danny Elfmann que l’on connait. Ainsi, rien de mémorable de son côté.
Real Steel est le blockbuster banal par excellence et pourtant, à mesure que le film avance, il passionne s’il parvient à réveiller l’enfant qui sommeille encore en vous. Objectivement, le film est si convenu qu’il mériterait qu’on le bazarde pour sa paresse scénaristique, pourtant une once de tendresse plane au dessus de cette histoire de Pokemon futuriste. Et après trois Transformers catastrophiques, Real Steel ne peut être qu’un bol d’air frais.
Real Steel de Shawn Levy, en salle le 19 octobre 2011.