Second round pour le premier Vengeur ! Afin de coller un peu à l’actualité DVD, GentleGeek vous propose une nouvelle critique de Captain America. Audrey nous avait donné ses impressions (lire la critique ici) lors de sa sortie au cinéma en août et pour éviter une certaine redondance, on vous propose un autre regard (ou pas) sur le film afin de vous rafraichir un peu la mémoire pour les fêtes puisqu’il paraît en vidéo en cette fin d’année. Une façon de découvrir ou redécouvrir le héros emblématique de Marvel avant de plonger en mai dans l’univers d’Avengers.
Steve Rogers rêve de s’engager dans l’armée américaine pour lutter contre les nazis durant la second guerre mondiale, mais sa maigre corpulence ne le lui permet pas. Impressionné par sa détermination, le scientifique de l’armée l’intègre dans un programme visant à créer des super-soldats. Steve Rogers devient ainsi Captain America, un combattant aux capacités physiques développées.
Il n’était pas évident d’adapter un héros tel que Captain America. A l’instar de Superman, le personnage cristallise des valeurs héroïques qui complaisent les États-Unis et revêt un costume difficile à porter. Le pari tendait donc à rendre crédible le port d’un tel vêtement et c’est en remontant très loin dans la chronologie que l’on découvre les origines du Captain.
Le film prend place durant la période de la seconde guerre mondiale au moment précis où les États-Unis rentrent dans le conflit et ce, dans le plus grand respect de son support papier. Le film choisit le parti de suivre l’intrigue du comics par souci de fidélité et de crédibilité. Rogers était donc bien un gringalet à l’esprit combatif qui, soumis à des expériences scientifiques, réalise un fait héroïque et gagne ainsi les faveurs de la population et de ses confrères. Instrumentalisé par l’armée américaine dans le but de stimuler la nation dans l’effort de guerre, il devient ce soldat iconique qui porte les motifs du drapeau et au nom si explicite : Captain America. Il y a comme un petit air de Starship Troopers dans cette volonté d’accentuer la propagande militaire mis à part que le blockbuster de Marvel ne traite cet aspect qu’en surface dans l’unique but de justifier l’origine du costume. Le film ne s’enquiquine pas avec des propos engagés sur la politique et ne propose que le strict minimum. Captain America est un divertissement brut. Point barre.
Le film est un enchainement de clichés et l’on sent que le cahier des charges était assez lourd tant on retrouve tous les poncifs du film d’action basique. Le film ne nous surprend à aucun moment et se conforte dans sa linéarité. Que ce soit au niveau de l’intrigue ou du rythme, tout est sauvagement calculé pour nous ressortir tous les stéréotypes possibles de l’idéal américain, à commencer par les personnages. On ne s’embête pas dans Captain America, le monde est divisé en deux camps : les gentils et les méchants, en l’occurrence ici on a respectivement les États-Unis et l’Allemagne nazie. Le premier est pragmatique et trouve une voie dans les sciences, le second lorgne plutôt vers les forces obscures et surnaturelles. Une dualité marquée qui ne laisse aucune place à la subtilité. Les rôles de chacun ne sont caractérisés que par un seul trait de personnalité. D’un côté, on a le héros blond courageux lisse comme du papier glacé, la belle copine au grand cœur, le fidèle ami charmeur, et de l’autre, un horrible méchant aux lèvres pincées, et des hommes de main qui froncent continuellement les sourcils. Personne n’évolue durant tout le long du métrage. Tu nais justicier, tu meurs justicier !
Dans le fil de l’histoire, le film ne fera jamais plus que suivre la règle d’or du parcours initiatique du héros. Il ne faudrait quand même pas que ce soit trop compliqué ! Cela démarre avec une introduction qui se voudrait être annonciatrice d’une aventure épique, en laissant pendre un certain mystère qui n’aura sans doute questionné personne. Deuxième ouverture de rideaux avec la venue du vilain de l’histoire qui, d’entrée de jeu, annonce ses desseins. Attention, celui-ci est très méchant, il s’habille en noir, il ne sourit pas, il tue des innocents et de surcroit il est nazi. S’ensuit le parcours du personnage principal avec son lot de gloire et d’échecs.
Malgré une simplicité poussée à l’extrême, Captain America n’est clairement pas le ratage que l’on attendait. Et parce qu’il annonce déjà son statut de film conventionnel, on ne pourra pas lui reprocher de le faire correctement. Le titre se prend plutôt au sérieux et son premier degré assumé lui permet d’éviter d’être trop ridicule. Hormis une poignée de blagues qui fusent par-ci par-là, le titre s’écarte du sentier de la comédie. Le ton reste finalement cohérent même s’il manque cruellement d’intensité.
Pour aimer ce Captain America, il ne faut absolument pas être exigent ou alors accepter dès le départ que l’on regarde une œuvre formatée de bout en bout, carrée dans son intrigue et sa réalisation. Il ne faudra jamais chercher à cerner la psychologie – inexistante – des personnages, ni même espérer un rebondissement dans son histoire. Finalement, le film ressemble à ces titres réservés aux enfants dans lesquels on ne reste qu’en surface. Il y a des allures d’éducations dans la façon d’exprimer le courage, l’amour, l’espoir. Captain America rabâche ce qui est évident. On se dit alors que seuls les enfants pourront s’émerveiller devant les couleurs du costume et les faits héroïques. Les autres auront juste l’esprit plein de vide pour apprécier un film aussi consensuel et rigide dans sa structure.
Techniquement, c’est à l’image de tout ce qui a été dit auparavant. Ce n’est ni beau, ni laid. C’est ennuyeusement académique et l’on relèvera même quelques scènes très maladroites au niveau du cadrage. Reste que dans l’ensemble, c’est simple. Joe Johnston n’a jamais vraiment fait de coup d’éclat auparavant même si certains de ses titres ont parfois su se montrer très divertissants (Jumanji, Chéri j’ai rétréci les gosses). Il faut noter également qu’il est très difficile de juger correctement son travail tant on sait que la place du réalisateur est relativement réduite chez Marvel. La bande originale est, quant à elle, confiée à Alan Silvestri, à qui l’on doit la trilogie de Retour vers le futur. Malheureusement, le score est étouffant et répétitif et pourra en agacer plus d’un tellement son utilisation est abusive.
Au final Captain America répond certainement aux attentes de Marvel. Ce n’est ni un ratage, ni une belle œuvre. Le film se contente clairement de nous divertir sans aucune autre prétention, et l’on sent que le titre ne fait que figure d’introduction à ce qui sera certainement le plat de résistance du studio, Avengers. Reste qu’il y a comme un sentiment de nivellement par le bas de la part de Marvel, même si ce n’est pas d’un niveau aussi catastrophique que Thor. Quand on sait que les autres adaptations de comics bénéficient davantage d’efforts pour donner de la profondeur à un genre peu estimé, on se dit que Marvel a un train de retard. Entre X-Men : le commencement et les prochains Batman / Superman, il n’est pas certain qu’Avengers fasse le poids si Marvel persiste à emprunter cette voie.
Bien heureusement pour Captain America, il a au moins le mérite d’amuser son public, à condition de ne pas se montrer exigent.
Bonus DVD / Blu-Ray
Couleur / 119 min / français / anglais /sous-titres français, anglais, néerlandais / 2.35 – 16/9 compatible 4/3 /5.1 dolby digital
– Commentaires audio du réalisateur Joe Johnston, du directeur de la photographie Shelly Johnson et du chef monteur Jeff Ford
– Habiller un héros (Reportage de l’équipe du film sur la confection du costume et du bouclier)
– Le rassemblement commence (Introduction du film Avengers avec quelques extraits de films -Thor, Hulk, Iron Man-)
– Bandes-annonces (jeu Sega et The Avengers: Earth’s Mightiest Heroes)
La version Blu-Ray comprend des bonus supplémentaires tels que des mini-documentaires ou des scènes supplémentaires.
Captain America – First Avenger – de Joe Johnston en DVD / Blu-Ray depuis le 17 décembre 2011 (Paramount).