Jackie Estacado pensait en avoir fini avec le Darkness, entité maléfique vivant dans son corps et lui conférant des pouvoirs dévastateurs, mais attirant énormément d’ennuis. Après avoir perdu l’amour de sa vie dans le premier The Darkness, Estacado évolue désormais à la tête de la mafia et mène ses hommes d’une poigne de fer, mais sans ses pouvoirs qu’il refuse d’utiliser, jusqu’au jour où… Où The Darkness II commence, bien évidemment !
En 2007, The Darkness avait su apporter un petit vent frais sur le monde des FPS généralement répétitifs et au scénario souvent minimaliste : on avait le droit, à l’époque, à un jeu aux environnements vastes et au gameplay alternant assauts brutaux aux flingues et infiltration mâtinée d’attaque au corps-à-corps, façon « je passe derrière l’ennemi pour l’exécuter ». Un style qui, combiné à l’environnement noir aussi bien dans le fond que dans la forme, collait plutôt bien à l’univers du sombre héros de Top Cow créé par Marl Silvestri. Du coup, forcément, se lancer dans The Darkness II choque un peu au début, tant la vision du personnage et de son univers change avec la passation du développement du studio Starbreeze à Digital Extremes… Mais attention, ceci ne signifie pas que la transition soit mauvaise.
Passons rapidement sur la forme pour nous concentrer ensuite sur le fond : esthétiquement, Digital Extremes a fait le choix de proposer un rendu très « comic book » en laissant de côté les graphismes réalistes du premier volet pour se concentrer sur un rendu proche du cell-shadding. Un virage bien maîtrisé pour un rendu qui a du sens, compte tenu du fait qu’il s’agit ici d’une adaptation de BD américaine. Bref, un bon point même si les fans du premier volet seront sans doute déroutés de continuer l’aventure avec les mêmes personnages, mais avec un style différent.
Jackie, mi-mafieux, mi-démon
Confronté à une secte qui veut récupérer le Darkness, Jackie est très vite contraint de réutiliser ses pouvoirs enfouis après la mort de sa copine Jenny… Question de survie. Rapidement, le joueur découvre donc (ou redécouvre s’il a fait le premier volet) le Quad-Wielding, le système de combat à « quatre mains » qui fait partie des marques de fabrique de la franchise. La démarche est simple en théorie : les quatre gâchettes de la manette sont sollicitées pour contrôler les deux mains de Jackie et les deux « tentacules » du Darkness. Sur PS3, L2 et R2 permette donc de contrôler le démon, qui permet d’attraper les ennemis, les couper en deux, envoyer des objets, défoncer des portes, etc. tandis que L1 et R1 permette de tirer avec différentes armes, parfois deux en même temps quand il s’agit d’armes légères.
En pratique, la prise en main prend un peu de temps, même si l’accumulation de nouveaux pouvoir et le caractère parfois limité des munitions – tout dépend du mode de difficulté, en fait – pousse rapidement à privilégier les commandes du Darkness aux armes traditionnelles. Reste que, le gameplay étant plutôt créatif à ce niveau-là, il est parfois impossible d’utiliser le Darkness à certains endroits, et les pistolets et autres fusils à pompe deviennent alors indispensable : on finit donc bien vite par prendre le coup de main pour adopter ce gameplay atypique qui se révèle particulièrement jouissif une fois qu’on en maîtrise la puissance et les possibilités, puisque soulever un ennemi n’empêche pas d’en dégommer en même temps un autre à l’uzi.
Éteins la lumière, montre-moi ton côté sombre…
On ne va pas tourner autour du pot : The Darkness II ne fait pas dans la subtilité. Ici, les phases d’infiltrations sont particulièrement réduites – nous y reviendront – et Jackie a plutôt tendance à tout massacrer sur son passage, sans jamais essayer de passer dans le dos de ses ennemis qui ne lui en laisse d’ailleurs jamais l’occasion. Sur ce point-là, l’orientation prise par Digital Extremes tranche vraiment avec celle de Starbreeze : on fonce bien plus dans le tas et les combats sont non-stop durant les phases d’action.
Heureusement, il reste tout de même quelques périodes d’accalmie au sein du jeu : d’une part, différentes phases permettent d’évoluer dans un environnement où l’interaction entre les personnages prime. A ces moment-là, Jackie peut parler à son équipe et explorer l’environnement, comme son manoir ou d’autres endroits que l’on évoquera pas pour ne pas spoiler. Les plus curieux prendront vraiment leur temps pour visiter et auront même le droit à quelques surprises au détour d’une porte ou d’un couloir – et je ne parle même pas des reliques qu’il faut trouver en explorant les niveaux, 29 en tout.
D’autre part, le titre dispose tout de même d’un soupçon de stratégie à ne pas écarter… un léger soupçon, mais un soupçon quand même. Au niveau de l’environnement, d’abord : le Darkness étant sensible à la lumière, il faut constamment traquer lampadaires et autres sources de luminosité en vue de les détruire, au risque de ne pas pouvoir utiliser les pouvoirs du démon, ou tout simplement mourir. Arrivé à un certain niveau du jeu, certains ennemis portent même des spots qu’il faut détruire à l’arme à feu pour pouvoir continuer sa progression.
Ensuite, c’est au niveau des pouvoirs du Darkness qu’un peu de réflexion peu aider, puisque le démon dispose désormais d’un arbre de capacités très complet, à plusieurs branches. Pour activer les différents pouvoirs, il faut de l’essence, et cette essence s’acquiert en tuant des ennemis et en ramassant des reliques. Si, pour le second point, chaque relique permet de gagner une quantité définie d’essence, pour le premier, la quantité reçue est variable selon le procédé d’exécution de l’adversaire : pour faire court, plus la mort d’un ennemie est violente et plus la quantité d’essence récoltée est conséquente. La brutalité est donc de mise et, forcément, cette brutalité augmente en même temps de les pouvoirs du Darkness. Il s’agit donc de la jouer fine… en la jouant bien bourrin !
Un peu d’infiltration, mais pas trop
Dans l’affaire, nous n’avons pas encore évoqué le Darkling, petit être maléfique qui suit Jackie dans tous ses déplacements nocturnes. S’il était possible de gérer une petite « armée » dans The Darkness, dans ce second opus une seule créature est en permanence aux côtés du joueur, et vit sa vie la plupart du temps en perturbant les ennemis. Une capacité permet cependant à Jackie de « catapulter » le Darkling sur un adverse en particulier, pour le rouer de coups jusqu’à ce que mort s’en suive.
A quelques (trop rares) reprises dans le jeu, le joueur est amené à prendre le contrôle de la créature pour se glisser dans des conduits et autres tunnels étroits : durant ces phases, on change alors de gameplay pour adopter quelque chose de proche de l’infiltration. Le Darkling est en effet suffisamment petit et discret pour s’approcher des ennemis et les exécuter en silence, mais il peut également se contenter de les esquiver et chercher un autre moyen de passer sans se faire remarquer.
Ce type de séquence offre de la diversité, mais on peu regretter que les ennemis, qui ne sont pas particulièrement futés lors des phases de combats, sont carrément idiots dans les phases d’infiltrations : si vous exécutez un ennemi juste devant un autre, ce dernier n’aura même pas de réaction dans certains cas et se contentera, au mieux, de vous chercher mollement pendant quelques secondes. Ici, la lumière est clairement plus dangereuse que les humains…
Un grand défouloir un peu trop linéaire
The Darkness II assume plutôt bien son côté bourrin, sombre et violent, même si sa tendance « rentre dedans » contribue à en faire un titre moins « libre » et original que son prédécesseur : malgré des environnements qui offrent de nombreux recoins, les approches pour avancer ramènent toujours à un chemin unique et limite l’impression d’ouverture que l’on trouvait assez souvent dans The Darkness. Sans être ouvertement un titre à couloir, le jeu voit sa durée de vie limitée par ce constat : comptez entre 6 et 7 heures de jeu pour en venir à bout en normal, éventuellement une de plus pour traquer les reliques. Finir le jeu à 100%, c’est-à-dire avec les arbres de compétence à fond et la « seconde fin » en poche vous demandera de recommencer une partie en New Game+, et il n’est pas certain que les joueurs auront envie de repartir directement après avoir bouclé l’aventure, qui laisse d’ailleurs penser que rien n’est terminé…
Un multi rafraîchissant
Heureusement, la durée de vie relativement réduite du solo est compensée par une campagne multijoueur plutôt réjouissante, qui laisse la part belle au coopératif jusqu’à 4 joueurs. A la façon d’un Left 4 Dead, le multi de The Darkness II propose de prendre le contrôle de l’un des 4 personnages qui vivent, en groupe, une intrigue parallèle à celle de Jackie. Cette campagne coopérative permet de gonfler la durée de vie du jeu de quelques heures et propose la traque de 6 reliques supplémentaires. A noter qu’il est possible de l’effectuer en solo avec des bots, mais n’a clairement que peu d’intérêt, et qu’aucun autre mode de jeu n’est disponible en multi.
Conclusion
The Darkness II est un titre qui assume ses différences avec le précédent volet des aventures de Jackie Estacado. Son style esthétique le ramène à l’état d’un véritable comic book interactif, sombre et violent, et réellement jouissif à jouer. Mais le titre n’est pas exempt de défauts et souffre d’une linéarité et d’un certain manque d’audace par rapport à The Darkness : on se retrouve donc face à un titre qui souffre d’une durée de vie limitée et d’un côté très bourrin qui ne plaira peut-être pas aux fans de la première heure. Moins innovant que le premier volet, The Darkness II n’en reste pas moins un titre punchy qui permet de passer un bon moment, à jouer de préférence dans une difficulté élevée pour relever un vrai défi. Et n’éteignez pas la console avant la fin du générique !
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