Quand un réalisateur gallois s’installe en Indonésie et fait des films d’arts martiaux, ça donne The Raid: Redemption, véritable ode jubilatoire à la castagne qui a écopé d’une interdiction aux moins de 16 ans dans nos contrées. Et si ça n’est pas pour rien, ce n’est pas une raison pour passer à côté du meilleur film de tatanes depuis bien longtemps !
Rama est un jeune agent du SWAT indonésien. Très bien entraîné, que ce soit avec les armes à feu ou au corps-à-corps, ce futur père de famille n’en est pas moins un bleu en matière d’intervention sur le terrain… jusqu’au jour où l’équipe dont il fait partie est envoyé en mission. L’objectif : nettoyer et gravir les trentaines d’étages que compte un immeuble délabré situé au coeur de Jakarta. Au sommet, un baron de la mafia règne en maître sur une armée de malfrats qui compte bien éliminer les 20 policiers d’élite au cours de leur ascension…
The Raid est le second film de fiction du Gallois Gareth Evans qui, après avoir réalisé des documentaires, a mis en scène Merantau en 2009. Si ce film ne vous dit rien, c’est normal : il s’agit également d’un long métrage d’arts partiaux indonésiens qui n’a jamais bénéficié d’une sortie nationale en France. Du coup, à moins d’être amateur de ce type de productions, difficile de connaitre.
En sortant The Raid en France, SND prend un risque évident : le film est très violent, et si le distributeur visait une sortie interdite aux moins de 12 ans, il sera finalement interdit aux moins de 16 ans, ce qui va réduire considérablement son impact dans les salles. Pourtant, il serait regrettable de passer à côté de cette production spectaculaire, qui met largement en scène le Pencak Silat, un art martial indonésien particulièrement efficace à l’écran (et dans les dents, aussi).
Côté histoire, ne vous attendez pas à un miracle : The Raid n’est pas un film où on parle beaucoup, et même si l’indonésien est une belle langue, les habitants de l’immeuble tout comme les policiers d’élites ne sont pas vraiment fans des pourparlers. Quelques dialogues sont là pour faire passer le message, mais grosso modo l’intrigue tient sur un timbre poste. De toute manière, autant être honnête, ce n’est clairement pas l’atout du film qui va de toute manière droit au but en faisant pleuvoir les scènes d’actions au bout de quelques minutes.
« Jubilatoire », c’est bien le mot qui définit The Raid, qui se présente comme le film d’action ultime de ces derniers mois, voir de ces dernières années : largement porté par Iko Uwais, prodige du Silat et interprète de Rama, le film bénéficie par ailleurs d’une bande originale très dynamique qui rythme à la perfection les scènes de combat qui s’enchaînent sans temps mort, alliant concerts de mitraillettes, duels de machettes et confrontations à mains nues qui se terminent généralement par la mort du perdant. Du sang et des mises à mort brutales, The Raid en cumule un joli paquet, ce qui réserve ce film aux spectateurs les moins sensibles : même en étant habitué à voir du résiné, on ne peut pas s’empêcher d’avoir souvent mal pour les protagonistes qui, bons comme mauvais, s’en prennent plein la gueule pendant 1h41.
Pour autant, il faut absolument dédramatiser la violence dans The Raid, qui est tellement chorégraphiée, orchestrée et mise en scène qu’elle en est presque totalement banalisée : les tuiles arrivent sur la tête de Rama et de ses collègues tellement souvent qu’il est difficile, voire impossible de prendre au sérieux les bastonnades qui s’enchaînent sans qu’on ait le temps de souffler. D’aucun diront que banaliser ainsi la violence est dangereux mais, en toute franchise, le film n’est pas plus violent que beaucoup d’autres longs métrages… A bien des reprises, on a même l’impression d’être face à un jeu vidéo dans lequel le héros récupère de la vie entre chaque combat.
Mais The Raid tire aussi sa force de ce côté irréaliste qui permet de maintenir le spectateur dans un rythme quasi-ininterrompu durant 101 minutes : le temps passe très vite et les lacunes scénaristiques sont totalement comblées par les performances des acteurs qui n’arrêtent pas une seule seconde. Même quand le film prend le temps d’une scène pour reprendre son souffle, c’est pour offrir une autre forme de tension. Gareth Evans maîtrise son film à la perfection, qu’il s’agisse du rythme, de la chorégraphie de ses combats ou de ses acteurs et sportifs de haut niveau dont le style, bien qu’il ne soit pas toujours le même, offre des combinaisons époustouflantes. La scène de combat finale, véritable surenchère pendant près de 10 minutes quasi-non-stop, vaut à elle seule le détour.
Au final, The Raid est un film de baston absolument détonnant qui devrait ravir les amateurs du genre, comme les plus curieux en mal de sensations fortes. Certains jugeront son interdiction aux moins de 16 ans trop sévère, mais le film s’appuyant sur une violence visuelle importante, elle s’avère en somme justifiée : dommage que cette situation freine forcément la sortie en salle du film de part son impact restreinte sur le public. Quoi qu’il en soit, si vous avez l’âge légal, foncez ! Les autres n’auront qu’à attendre le Blu-ray.
The Raid de Gareth Evans, avec Iko Uwais, Doni Alamsyah, Yayan Ruhian, Ray Sahetapy, Joe Taslim… Sortie le 20 juin 2012.
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L’interdiction aux moins de 16 ans est à mon avis amplement « méritée ».
Mais quel film, mon dieu quel film ! Lui, je retourne le voir sur grand écran, s’il est dispo dans mon coin !
J’attendais d’y être, la critique a renforcé cette envie, et après l’avoir vu : Waouh ! Ca fait du bien ! Et chose rare dans un UGC Parisien, très bon public, qui applaudissait de bon coeur lors des moments « épiques » du film (combats de Rama dans le couloir, et le combat de Mad dog vs les deux gars notamment). Très bonne ambiance !