Jeu cultissime pour certains, calvaire interminable pour d’autres… les personnes ayant déjà joué à Dragon’s Lair sous l’une de ses formes très diverses en gardent généralement un fort souvenir, fleurant souvent bon la nostalgie, mais rappelant également les sueurs froides rencontrées lors de parties particulièrement corsées. Après un portage sur iOS, Dragon’s Lair, la version CD-I, vient de sortir sur Xbox Live.
Si vous suivez les tests du Joueur du Grenier, vous avez donc récemment eu un aperçu de certaines des versions de Dragon’s Lair sorties depuis 1983. La version CD-I, portage de la version arcade originale et basée sur un court-métrage d’une quinzaine de minutes réalisé par Don Bluth, est souvent considérée à la fois comme à l’origine des Quick Time Events (QTE) et comme l’un des jeux les plus difficiles de l’histoire du jeu vidéo. Des commandes chaotiques, une interface inexistante n’indiquant à aucun moment sur quel bouton appuyer pour effectuer une action, des fenêtres de réactivités très souvent sous la barre de la seconde (!) : quand on se dit que Dragon’s Lair était, à la base, un jeu d’arcade, on est en droit de se demander qui a pu être suffisamment riche pour payer jusqu’à le terminer (et sans devenir fou, d’ailleurs !)
La mode des ressorties de vieux jeux étant ce qu’elle est, Dragon’s Lair bénéficie depuis quelques années d’un retour sur le devant de la scène. En 2010, le jeu est sorti sur iPhone et iPad et, depuis quelques semaines, il est proposé dans une version HD sur le Xbox Live. L’occasion pour les masochistes, mais aussi pour les curieux qui n’ont jamais approché ce jeu culte. Néanmoins, proposer un portage d’un tel titre aujourd’hui semble, de prime abord, délicat : la difficulté de l’époque est telle qu’elle découragerait aujourd’hui énormément de joueurs… d’où la nécessité de l’adaptation réalisée pour cette version Xbox 360.
Challenge accepted!
Le jeu propose de prendre le contrôle de Dirk, un courageux et acharné chevalier qui s’aventure dans la tanière d’un dragon pour sauver la princesse Daphné, capturée par la créature. Le joueur se trouve donc face à un dessin animé interactif dont il doit « activer » la suite en réussissant des QTE en continue. A l’origine, les joueurs sur arcade, puis sur CD-I, n’avaient aucune indication sur quel bouton appuyer, et quand le faire, tant et si bien que les 3 vies contenues dans chaque partie s’écoulaient vitesse grand V. Dans la version proposée sur le Live, le joueur possède 5 vies par partie et dispose d’un nombre infini de « continues » : à chaque fois qu’il recommence une partie, il repart à l’endroit où il est mort pour la dernière fois, mais perd tous les points accumulés. Un moindre mal pour beaucoup de joueurs, exceptés ceux qui visent le trophée demandant de finir le jeu avec le nombre maximum de points possible – un énorme challenge.
Autre détail d’importance : par défaut, l’indication d’action est activé, ce qui signifie que les QTE s’affichent à l’écran et que le joueur n’a qu’à se préoccuper du timing pour appuyer sur le bon bouton au bon moment. De ce côté-là, seuls la croix directionnelle et le bouton A (pour les attaques) sont solicités. Mais ça suffit pour s’offrir quelques petites crises de nerfs dans certains passages vraiment serrés – ah, le sol électrifié du chevalier noir… – d’autant que le timing d’origine du jeu est respecté et qu’il vous poussera, indications ou pas, à recommencer encore et encore certains passages horripilants.
Niveau difficulté, ce portage propose deux niveaux : facile et difficile. La seule différence entre les deux résulte dans le timing encore plus serré du mode difficile : autant parler franchement, finir le jeu en difficile et sans indication de QTE est un défi que certains relèveront peut-être, mais que peu de joueurs mèneront à bien tant le challenge est élevé.
Un mode Kinect sans réel défi
L’autre particularité de ce portage et sa compatibilité avec Kinect… d’un intérêt vraiment limité. En effet, jouer à Dragon’s Lair dans des conditions « normales » avec le détecteur de mouvements de Microsoft est impossible, à moins d’avoir des réflexes de ninja (et encore !). Du coup, cette version a été adaptée pour offrir une grosse dose de fun sans offrir de réel défi. On ne peut pas mourir dans la version Kinect, et on a le droit à des photos prises à des moments-clés, généralement les positions les plus ridicules que demande le jeu. Bref, c’est rigolo, mais c’est un peu tout.
Une durée de vie limitée
Même si le challenge est toujours là, les indications à l’écran et les vies illimités facilitent grandement la tâche du joueur pour venir à bout du titre. A moins de jouer en difficile et sans indication, difficile d’imaginer qu’il faudra plus d’une heure à un joueur un minimum alerte et habitué aux QTE pour en voir le bout. Quant à la version Kinect, elle se termine en tout et pour tout en 15 minutes, soit la durée réelle du dessin animé qui sert de base au jeu – et qu’il est possible de visionner en mode spectateur à partir du menu de départ.
En clair, Dragon’s Lair sur Kinect offre une durée de vie très courte qui serait acceptable si le titre était proposé à tout petit prix… mais il vaut quand même 800 MS Points, soit une dizaine d’euros. Un prix élevé pour un portage qui est certes réussi mais qui n’apporte pas d’eau au moulin d’un jeu déjà éculé, si ce n’est une adaptation en HD et en 16/9e qui permet d’offrir un rendu pas trop moche sur les télévisions d’aujourd’hui.
Divertissant et offrant un véritable challenge, ce portage de Dragon’s Lair sur Xbox Live – et sur Kinect – a des qualités qui poussent à le conseiller aux plus curieux comme aux joueurs vaguement masochistes. Néanmoins, son prix est rédhibitoire si on le compare à la durée de vie et à la rejouabilité d’un titre qui occupe moins d’une heure et lasse plutôt vite. Même si Microsoft a fait un effort en garnissant le jeu de bonus à débloquer pour l’avatar Xbox, l’ensemble justifie mal de débourser 800 MS Points pour souffrir quelques dizaines de minutes.
Ah lala… ce sont vraiment des assistés les joueurs d’aujourd’hui !!! :'(