Ca y est ! Le festival le plus éclectique et étrange qui soit à ouvert ses portes ce jeudi 6 septembre au Forum des Images de Paris. Une première journée marquée par la présence du grand Kenneth Anger himself, venu ouvrir la manifestation.
C’est dans une salle comble que Frédéric Temps, Directeur de l’Etrange Festival, est venu présenter le programme des réjouissances. 20 ans d’existence, 18 éditions du Festival, et on sent toujours une passion très vive dans les mots de son grand manitou. Après avoir présenté quelques temps forts de la programmation, aux côtés de la Directrice du Forum des images, il a été rejoint par l’invité de marque de ce Festival, celui qu’il essayait d’avoir depuis plusieurs années sans succès avant que tous les voyants soient au vert pour cette 18e édition : Kenneth Anger !
Agé de 85 ans, le cinéaste s’est montré en grande forme pour présenter sa carte blanche, avant de déclarer le festival officiellement ouvert !
Pour cette séance d’ouverture, un vent nordique soufflait sur le Forum des Images avec Headhunters, un thriller norvégien réalisé par Morten Tydlum. Headhunters raconte l’engrenage infernal dans lequel est pris un chasseur de tête arrogant dont le passe temps est de dérober les tableaux de valeurs de ses clients. Mis sur la piste d’une œuvre rare et de haute valeur, il se retrouve très vite dépassé par les événements…
Très bon moment que ce film au scénario bien ficelé dans lequel le protagoniste principal se retrouve dans la merde jusqu’au cou. Au sens propre, comme au figuré ! Car en face de lui ne se trouve nul autre que Jaimee Lannister himself (l’acteur Nikolaj Coster-Waldau, vu également dans Blackthorn ou Kingdom of Heaven), bien décidé à lui faire payer sa dette ! Un bon film d’ouverture, comportant son lot d’action et de scènes drôles. Un film sympathique qui ne sera probablement pas la révélation du festival, mais qui reste de très bonne qualité malgré une fin un peu conformiste et attendue. Ce bon moment laisse donc espérer une montée en puissance pour les autres films en compétition et pour le festival en général. Un bon début !
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Le film fut précédé de deux courts métrages, Cornée, de Stéphane Blanquet, où un docteur bizarre examine l’oeil d’un patient touché par un insecte, et Wrong Cops, de Quentin Dupieux (dont le Rubber avait été diffusé il y a deux ans), où un flic corrompu fait la rencontre d’un amateur de techno joué par Marilyn Manson. Comme il est de coutume avec Dupieux, la situation va partir dans un délire totalement absurde et réjouissant !
Pour clore cette soirée, nous avons choisi de nous diriger du côté des « Pépites de l’Etrange » avec la projection de Siege, film de Paul Donovan sorti en 1983 et aujourd’hui quasiment introuvable. On est donc agréablement surpris par la très bonne qualité de la bobine projetée, qui de l’aveu même de Frédéric Temps, a été très dure a dénicher.
Siege est une histoire de survie. Quand un groupe se faisant appeler « l’ordre nouveau » profite d’une grève des forces de police pour faire une descente dans une boite homosexuelle, la leçon tourne au drame. Seul rescapé, Daniel se réfugie dans un immeuble où les quelques habitants restants décident de le recueillir. Mais les miliciens sont bien décidés à faire disparaitre les derniers témoins de leurs actes…
Dans un pitch évoquant fortement John Carpenter et son Assaut, Siege respire les 80’s. Ainsi, notre petit groupe assiégé au sein de son immeuble va devoir faire face à ses assaillants avec : un fusil et deux balles seulement, un arc et une flèche, quelques clous… Bref, avec les moyens du bord ! Mais années 80 oblige, ce sont ces petits trésors qui aujourd’hui semblent kitsch et émaillent le film qui nous régalent : notamment cette scène où un protagoniste fabrique un explosif composé de chair à saucisse (bon ok, pas réellement en fait) et de clous ! Un film où l’on apprend également à utiliser un aérosol de façon plus qu’efficace. Que dire enfin de ces « méchants » loin des standards « badass » d’aujourd’hui, où l’on osait mettre un leader de gang avec un blouson bleu fluo et une casquette. A noter également, dans les films des années 80, on mourrait déjà mieux que Marion Cotillard…
Ne vous fiez pas néanmoins à cette description un peu facile. Le film a vieilli, certes, mais regorge de qualité qui justifient une certaine attention : la construction narrative, notamment, délaisse très rapidement notre rescapé pour ne se focaliser que sur les habitants et la confrontation à laquelle ils doivent faire face. Daniel ne réapparait que lors de l’acte final, et pour quelques minutes. Une audace, alors qu’aujourd’hui encore on préfère suivre la trajectoire d’un personnage de A à Z. Que dire également de ce final, plutôt glaçant il est vrai…
Vous l’aurez compris, cette première soirée a donc démarré sous de très bons auspices. La programmation, très alléchante cette année, du festival semble donc prendre un très bon départ, même si on est encore loin de la folie à laquelle on est habituée. Mais patience, ce n’est que le début !
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