Attention grosse journée en ce deuxième vendredi de festival, ce sont 4 films sélectionnés pour la compétition Nouveau Genre qui étaient présentés ! Et parmi ceux-ci, pas les plus petits morceaux : le très attendu Antiviral, de Brandon Cronenberg, Insensibles, long métrage espagnol dont la première projection avait recueilli nombre d’échos favorables, et A fantastic fear of everything, avec l’excellentissime Simon Pegg.
Rien de tel pour bien lancer la journée qu’un petit Cronenberg ! Et non, pas la rediffusion d’une œuvre de David, mais bel et bien le premier film de son rejeton, Brandon. A l’heure ou le père s’enlise (A dangerous method d’abord, puis cosmopolis…), c’est avec beaucoup de curiosité que nous sommes allé voir Antiviral : Cronenberg est-il inspiré par Cronenberg ?
L’histoire du film tend à dire que oui : Syd March travaille dans une clinique privée qui revend à des patients les gemres des virus des stars. Pour X euros, payez vous le rhume de la dernière vedette d’Hollywood, l’herpès de votre chanteuse préférée, etc. Contaminé par un virus ayant entrainé la mort d’une célèbre actrice, Syd March va devoir se mettre en quête d’un antidote. Dit comme cela, ça évoque très clairement les premiers films du père.
Pour autant, tout en assumant son héritage, le fils parvient à livrer un long métrage au cours duquel il imprime sa pate, aidé en cela par un casting irréprochable, et nous livre un film à l’esthétique froide mais dans laquelle le spectateur n’a aucun mal à s’intégrer, celle-ci servant parfaitement le propos du film. Une ambiance froide, un film lent mais captivant, dépeignant une situation qui dégénère petit à petit : perte de repère, critique de la société de consommation et du star system. C’est bien le fils de son père, mais qui nous livre un film qui lui est propre. Chapeau Brandon ! Première claque de la journée.
Il y a des jours comme ça où le sort est injuste. Un coup on enchaine les mauvais films, l’autre il n’y a que du bon à se mettre sous la dent. Insensibles, premier film de Juan Carlos Medina, avait emballé le public lors de sa première diffusion. Frédéric Temps, présentant le film, l’avait même qualifié de chef d’œuvre. Pourtant, le film pouvait laisser réticent : on ne compte plus le nombre de films de genre espagnols faisant référence à l’enfance, au francisme, ou au deux à la fois. Alors quand le synopsis nous annonce l’histoire d’enfants insensibles à la douleur interné dans un hôpital, on peut craindre la redite.
Pour autant, Juan Carlos Medina trouve une façon propre à lui de traiter le sujet et nous laisse donc en dehors de ce à quoi on pouvait initialement s’attendre. Plutôt que de tomber intégralement dans le fantastique et de se focaliser sur les enfants, le réalisateur tisse deux histoires – celle des enfants donc, et de l’un deux en particulier qui sera victime de sa condition et des horreurs du totalitarisme, pour la lier avec celle d’un chirurgien qui, de nos jours, renoue avec ses parents pour bénéficier d’une greffe de moelle épinière sans laquelle il mourra. Les deux histoires se développent ainsi, en parallèle, sans jamais réellement se croiser avant le dernier tiers du récit, puis dans un final d’une beauté à couper le souffle. Un récit intimiste, où le fantastique n’intervient que très peu, qui ne souffre cependant que d’un seul défaut : alors que la portée émotionnelle de l’histoire est très forte, on se sent bizarrement « exclu » du récit, comme si on avait le réel sentiment d’assister à un défilement d’images au lieu de s’y sentir emporté. Toutefois, nous assistons la à un très très bon film, véritable coup pour une première réalisation. On espère donc que sur ses prochaines bobines le réalisateur saura transporter son spectateur sous peine de le laisser… insensible ^^
Passer derrière ces deux excellents films était un pari risqué. C’était sans compter sur le talent de Simon Pegg acteur et du réalisateur Crispian Mills, qui réalise A fantastic fear of everything !
Un auteur de livres pour enfants devient paranoïaque à l’excès en voulant écrire un livre sur les serial killers. Effrayé de tout, même de son ombre, ses peurs maladives vont réveiller chez lui un traumatisme qu’il va devoir cette fois affronter. Non sans difficultés. Véritable pépite d’humour anglais, transporté par une narration enlevée, des séquences animées de toute beauté, et un Simon Pegg quasiment seul qui parvient à tenir le film sur ses épaules sans jamais lasser, A fantastic fear of everything est un délice à ne pas rater, véritable délire où la folie devient norme. Une excellente comédie, et un troisième film épatant ce jour.
C’est donc plein d’espoir, espérant continuer sur cette lancée, que nous nous rendîmes à la projection de Game of Werewolves. Hélas ! Sans être un mauvais film, cette histoire classique de loups-garou hésite constamment entre comédie et fantastique, au point de ne jamais réellement se trouver. Les touches d’humour, dans leur majorité, esquissent un sourire, mais sans jamais nous transporter, tandis que les scènes d’action et fantastiques restent très convenables, bien menées, mais loin d’être extraordinaires : on a déjà vu ça de nombreuse fois avant. Pas suffisamment drôle pour être une comédie, pas assez poussé pour être vraiment une œuvre fantastique, le film au final souffre du pire syndrome qui soit : l’indifférence. On ne l’exalte pas, on le déteste pas. On passe un bon moment, c’est même très bien conçu (les transformations des loups sont bien faites), mais une fois sorti de la salle, on est déjà passé à autre chose. Dommage !