On aura beaucoup dit, beaucoup entendu sur Cloud Atlas. Bien avant sa sortie France, le film, à travers ses diverses projections, a suscité des échos divers où l’admiration des uns est le pétard mouillé des autres. A l’heure de sa sortie officielle dans les salles françaises, l’impatience était donc de mise pour le nouveau projet des créateurs de Matrix et du Parfum, histoire d’un meurtrier. Pour nous, le pari est gagné ! Cloud Atlas se déguste comme un succulent millefeuille. A voir en salle absolument !
Depuis combien de temps n’aviez-vous pas rêvé au cinéma ? Depuis combien de temps ne vous étiez-vous pas réellement transporté par une histoire certes dense, mais propice au voyage, depuis combien de temps n’avez-vous pas apprécié de vous laisser emporter corps et âme par un film ? Car dans ces temps où l’explication excessive et la simplification à outrance gâchent souvent l’immersion au cœur d’un film, Cloud Atlas fait le pari inverse. Un pari à la base imposé par son histoire.
Basé sur l’ouvrage Cartographie des nuages de l’écrivain britannique David Mitchell, paru en 2004, difficile de résumer Cloud Atlas soi-même sans prendre le risque de trop en dévoiler. Toutefois, la quatrième de couverture de l’ouvrage permettait d’en savoir assez pour entrer dans le récit, sans en donner toutes les clés :
« Adam Ewing est un homme de loi américain, embarqué à bord d’une goélette partie de Nouvelle-Zélande et faisant route vers San Francisco, sa ville natale. Il n’a rien à voir avec Robert Frobisher, lequel, un siècle plus tard, se met au service d’un compositeur génial pour échapper à ses créanciers. Ni l’un ni l’autre ne peuvent connaître Luisa Rey, une journaliste d’investigation sur la piste d’un complot nucléaire, dans la Californie des années 70. Ou Sonmi~451, un clone condamné à mort par un État situé dans le futur. Pourtant, si l’espace et le temps les séparent, tous ces êtres participent d’un destin commun, dont la signification se révèle peu à peu. Chaque vie est l’écho d’une autre et revient sans cesse, telle une phrase musicale qui se répéterait au fil d’innombrables variations.«
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Un millefeuille technique et narratif
Six histoires, un fourmillement de personnages, des corrélations parfois très fines entre les différents tableaux dépeints : un style qui se prête bien à l’écrit, mais à l’écran, c’est une autre histoire… Pour autant, cette crainte ne met que peu de temps à voler en éclat : Cloud Atlas n’est ni prétentieusement opaque, ni simpliste à l’excès. Dans ce millefeuille narratif, tout est fluide, digeste, s’imbrique et s’enchaîne parfaitement malgré une structure complexe. On a ainsi toujours l’impression de suivre une histoire dense, mais sans jamais perdre le fil, sans jamais avoir l’impression de louper un épisode.
Une prouesse que nous devons notamment à l’énorme travail de montage réalisé par les trois coréalisateurs de l’œuvre : alternant avec brio les différentes époques du récit, ils parviennent ainsi à livrer une réelle symphonie à plusieurs instruments, mais qui sait rester univoque. Le trio structure son récit telle une œuvre musicale où chaque instrument résonne indépendamment tout en restant membre d’un seul orchestre, à l’image de la symphonie composée dans le film. Alternant crescendo, decrescendo, faisant grimper la tension progressivement puis alignant ses différents climax dans une séquence ahurissante avant de prendre le temps de conclure à merveille chacune des pièces, à l’image des grands morceaux de musique classique. Malgré la durée du film, près de 3 heures, tout semble à sa place, pas un cheveux ne semble de travers tant la cohérence de l’ensemble est poussée. Ainsi, bien malin celui qui pourra dire, sans regarder les informations techniques, quel réalisateur s’est plus ou moins impliqué sur tel segment.
Une cohérence qui se retrouve également dans l’identité visuelle du film. Là encore, le très gros travail réalisé sur Cloud Atlas saute aux yeux, tant chaque monde semble caractérisé graphiquement parlant, tout en gardant une parenté visuelle évidente d’une histoire à l’autre. Époustouflant de beauté, les décors et l’image sont un véritable ravissement pour l’œil.
Un millefeuille émotionnel et immersif
Cohérent et maîtrisé de bout en bout donc, complexe dans son récit et sa structure, Cloud Atlas n’embrouille pas pour autant les esprits. Passé les premières minutes, où il est nécessaire de prendre ses marques, on est ensuite surpris de la facilité avec laquelle les séquences s’enchaînent, les propos s’assimilent, et de la clarté de l’ensemble. Pour autant, plusieurs visions seront nécessaires pour bien saisir toutes les subtilités de l’histoire, et ce qui peut parfois relier chacun des segments. Et avouons le, le lien est parfois chiche. Le film évite ainsi l’écueil des histoires qui se rejoignent pour n’en faire plus qu’une, ou de l’influence trop évidente dans certains aspects de son histoire. Certains aimeront, d’autres détesteront. Une chose est certaine, par son approche, son propos, Cloud Atlas divisera, en laissera certains sceptiques, tout comme il en emballera d’autres.
Malgré cela, le film fonctionne, aidé en cela par son casting 5 étoiles. On est heureux de retrouver Tom Hanks à un très bon niveau dans des projets plus ambitieux, Hugo Weaving impressionne dans certaines de ses compositions tandis que Ben Wishaw nous touche, Halle Berry, Doona Bae et Jim Sturgess se montrent largement à la hauteur, et Jim Broadbent apporte une touche tragi-comique. Loin du défilé de stars venu faire figuration, chaque comédien s’investit énormément dans ses différents rôles et développe une palette de jeu très variée : reprenant des personnages différents selon les époques, tantôt en premier rôle, tantôt en second, certaines de leurs apparitions réservent quelques belles surprises tant ils sont méconnaissables. Les aurez-vous tous reconnus ? Le générique de fin vous délivrera toutes les réponses à ce sujet.
Ce qui marque enfin dans Clous Atlas, c’est l’incroyable capacité du film à transporter le spectateur dans ses différents mondes, et provoque de réelles émotions : immergé dans l’histoire, le rire laisse place à l’émotion et la tendresse, quand l’aventure et l’action prennent ensuite le relais. Pour peu que l’on adhère à l’univers et se laisse entraîner dans le récit, on se retrouve rapidement ému par les situations, on grommelle, on rit, on a peur pour certains d’entre eux : l’immersion est totale. On est peut être face à l’un des films les plus complets, les plus aboutis, et les plus ludiques sortis depuis le début de l’année. Cloud Atlas renoue avec un cinéma qui se veut dans une certaine mesure accessible et divertissant sans pour autant sacrifier son propos et son ambition. Une fresque sublime qui redonne foi dans le cinéma de science-fiction. Une partition de musique qui vous emporte et avec laquelle on s’évade. Et on ressort de la salle la tête dans les nuages.
Loin de tomber dans l’exercice de SF prétentieux, Wachowski, Wachoswski et Tykwer livrent au contraire une symphonie enivrante, qui vous transportera d’un bout à l’autre de ses 2h50 et vous fera vivre un déluge d’émotions, passant du rire, à l’émotion pure, puis à l’action, le tout avec une constance et une cohérence dans le récit qui en remontre à beaucoup. Là où de nombreux réalisateurs perdent leur souffle en cours de route, le trio maintient la barre tout au long du film sans jamais laisser personne sur le bord du chemin. Un film grandiose, magnifique visuellement, à l’acting irréprochable, et traversé de véritables moments d’émotions. CLOUD ATLAS est un film magnifique et touchant, ambitieux mais accessible ! Un superbe film à découvrir en salle impérativement ! Cloud Atlas nécessitera certainement plusieurs visions, pour en saisir tous les détails, mais devrait continuer de diviser.
Cloud Atlas, un film de Andy Wachowski, Lana Wachowski et Tom Tykwer. Avec Tom Hanks, Halle Berry, Hugo Weaving, Jim Sturgess, Ben Wishaw, James d’Arcy, Doona Bae, Jim Broadbent, Susan Sarandon et Hugh Grant. Sortie le 13 mars 2013.
Cloud Atlas se déguste comme un succulent millefeuille. ==> J’aime pas le millefeuille, je n’irai donc pas voir le film.
Dis toi dans ce cas que c’est ton gâteau ou ta musique préférée, ce serait dommage de pas tenter l’expérience ;)
Pour moi Cloud Atlas c’est un cheesecake au Kinder ♥
Je fonce au ciné :)
Et pour moi ce sera un avocado burger (c’est un gateau pour moi)
C’est vraiment bien ce film. Il faut vraiment le voir plusieurs fois pour trouver l’impact de chaque événement car le moindre truc semble avoir son importance. En tout cas chapeau pour la cohérence de l’ensemble, ça doit être vraiment dur à réaliser. Et les maquillages, waw !