Aujourd’hui sort en DVD et Blu-ray Mass Effect : Paragon Lost, qui nous relate les aventures de James Vega avant les évènements de Mass Effect 3.
En effet, au cours de la dernière aventure de Shepard, Vega nous explique qu’il a lui-même combattu les Récolteurs, et que ça ne s’est pas très bien passé. Paragon Lost raconte à quel point ça ne s’est pas très bien passé.
Alors… Faire un film avec pour héros James Vega, le personnage le moins charismatique de l’ensemble de la saga Mass Effect, c’était assez osé, mais c’était aussi une potentielle occasion de l’étoffer un peu. Après tout, briller en arrivant si tard dans le jeu, face à Shepard et ses potes, c’était pas forcément évident. Peut-être James s’en sort mieux en solo. Laissons-lui une chance.
Fehl Prime, une colonie humaine basée dans les systèmes du Terminus, est attaquée par des mercenaires Krogans. L’escouade de Vega est envoyée pour la sauver, et, devant le succès de l’opération, l’Alliance décide de laisser les Marines sur place de façon permanente pour défendre la colonie.
Tout se passe pour le mieux jusqu’à la découverte d’un mystérieux artéfact (tout commence toujours avec un mystérieux artéfact dans Mass Effect), bientôt suivie par l’arrivée d’un immense vaisseau plein de Récolteurs.
Les choses tournent au vinaigre, et la petite équipe de Vega aura fort à faire pour mener à bien sa mission.
Malgré les personnages qui sont des clichés ambulants, le film ne commence pas trop mal : l’attaque des Krogans, Vega qui fait du Vega (c’est-à-dire n’importe quoi) mais qui sauve la mise de tout le monde, c’est sympa, ça bouge, ça se laisse regarder. Les dialogues ne sont pas très fins, ni très inspirés, mais dans le feu de l’action, ça passe.
A partir du moment où le bandeau « deux ans plus tard » apparaît en revanche… C’est le drame. C’est le drame, car on perd petit à petit tout espoir d’avoir un minimum de qualité.
Au niveau du scénario déjà, on a un mélange entre la mission sur Horizon et la mission suicide de Mass Effect 2, avec un soupçon d’Eden Prime : aucune originalité, et, du coup, fort peu de surprises dans le déroulement des évènements. Certains passages sont un simple copié/collé des scènes du jeu. Par exemple, une batterie anti-aérienne à charger pour tenter de stopper un vaisseau Récolteur en espérant que personne ne verra rien le temps qu’elle soit opérationnelle, ça ne vous rappelle rien ? Des « révélations » sur l’origine des Récolteurs sous forme de flashs hallucinés non plus ? Attaquer un vaisseau ennemi en insistant lourdement sur le côté « mission suicide » ?
Bref, on devine les évènements à cent kilomètres, et il n’y pas même pas un semblant de lien entre eux : ils se suivent parce qu’il le faut bien, hein, une histoire, c’est des éléments mis bout à bout, mais question cohérence, ça se pose un peu là.
Les protagonistes font des choses sans qu’on sache pourquoi, comme se trimbaler un civil en mission. Comme ça. Vous l’aurez compris, c’est surtout pour justifier qu’il soit encore vivant après la première heure de film, mais il y avait tout un tas d’autres façons de le faire, bien plus intelligentes. Ou encore un personnage qui décide de se sacrifier pour retenir l’ennemi. Sauf qu’il retient l’ennemi comme une passoire, et comme la porte qu’il garde est en train de se refermer, il a de toutes façons mille fois le temps de suivre ses potes sans dommages. Sans compter l’emploi abusif du Deus Ex Machina, avec des personnages morts, ah non, il est pas mort, ah si, il est mort…
Si l’histoire n’est pas fameuse, peut-être les personnages sont-ils plus vaillants ? Et bien… Non. Il n’y a aucune profondeur, on a l’impression que les scénaristes n’ont même pas essayé.
Vega réussit l’exploit de voir son charisme passer du niveau « huître » à celui d’huître morte, c’est assez magique. Quant aux autres, ils ne valent même pas la peine d’être mentionnés : ils ne sont là que pour la déco.
La seule qui aurait pu tirer son épingle du jeu, c’est Treeya, une archéologue Asari présente sur la colonie. Mais elle n’est là, en réalité, que pour remplir le quota d’Asaris. En même temps, on pouvait s’en douter, elle est présentée d’emblée comme un ersatz de Liara (une archéologue Asari qui ne vit que pour découvrir ce qui est arrivé aux Prothéens. Plus copié/collé que ça, tu meurs), il ne fallait donc pas s’attendre à ce qu’elle brille par sa personnalité.
En plus, tout ce petit monde agit de façon complètement parachutée, sans que le spectateur n’ait jamais le moindre indice sur ce qui les motive. Treeya, par exemple, ne peut pas sentir Vega pendant toute la première partie du film, et bim, d’un coup, elle le kiffe et le soutient. Si, en soi, que deux personnages se rapprochent n’est pas surréaliste, encore faut-il nous montrer le rapprochement, comment la relation se construit, tout ça, tout ça. Sinon, on a l’impression d’avoir un groupe de cyclothymiques, et on ne croit pas une seconde à ce qu’ils font.
Enfin, la notion de choix (et ses conséquences) est relativement mise en avant dans le film, hommage à la place qu’occupe le choix dans le gameplay de la saga.
Malheureusement, comme les relations entre les personnages sont construites de façon très artificielle, et que les personnages eux-mêmes ont la profondeur d’une flaque d’eau en plein désert, ça tombe à plat : aucun suspens, aucune tension, aucune émotion. La fin illustre très bien ce côté artificiel, avec une décision de Vega qui parait proprement hallucinante.
En réalité, le problème majeur du dessin animé, dont découlent tous les problèmes sus-mentionnés, c’est qu’il ne prend pas le temps de poser ses éléments, ni son décor. On peut tout à fait passer outre quelques personnages « plantes vertes » si le groupe de tête est un peu construit. On peut pardonner un rebondissement parachuté si le reste est cohérent. Là, les seuls indices que peut avoir le spectateur sont des éléments purement tirés des mécaniques de narration : par exemple un personnage qui fait tapisserie depuis le début, MAIS qui ne meurt pas, vous pouvez vous douter qu’il va vous faire un truc de la mort pas longtemps avant la fin…
Bref, l’ensemble n’est pas cohérent (alors qu’il aurait pu), et n’a absolument aucun souffle dramatique. Et le peu qu’il aurait pu avoir est étouffé par une mise en scène peu inspirée et parfois grandiloquente.
C’est vraiment dommage, car, à défaut d’être originales, certaines idées auraient pu être efficaces, rendre les personnages attachants, faire monter l’émotion et la tension. Mais on ne reste qu’à la surface, tout tombe à plat, et au lieu d’avoir un drame expliquant pourquoi Vega est ce qu’il est, on a du pouet.
Heureusement, le doublage est d’assez bonne qualité en VO (oubliez la VF), mais les sous-titres sont un peu aux fraises : la traduction trahit parfois ce que disent les personnages, et on nous parle même d’une Léa T’Soni…
Sans être du Disney ou du Ghibli, l’animation reste correcte, et le chara-design ne plaira pas à tout le monde, mais si c’était le pire de ce film, franchement, on ne s’en plaindrait pas.
Quant à la musique, vous ne vous jetterez pas sur l’OST après avoir vu le film, mais elle remplit son office, et rappelle même un peu les thèmes des jeux par endroits.
Les bonus relèvent l’ensemble, avec :
Toutes portes ouvertes : une petite visite chez Electronic Arts, où l’on peut voir les conditions de travail, avec terrains de sport, hall d’attente pour les visiteurs feng-shui geek, et un petit aperçu des coulisses de Dead Space 3. C’est assez court (huit minutes), mais c’est plutôt sympathique, et c’est toujours intéressant de pouvoir jeter un oeil sur l’envers du décor.
Dans les coulisses de l’univers Mass Effect : différentes phases de création de Mass Effect 3 sont rapidement présentées, de la texture des combinaisons à l’animation des personnages, en passant par la conception du gameplay. A nouveau, c’est court (douze minutes), mais tout aussi intéressant que le premier bonus.
Réaliser Mass Effect : Casey Hudson et Derek Watts (directeur artistique sur la franchise) nous expliquent comment la trilogie et ses personnages sont nés dans leurs esprits, pendant que le réalisateur du film Atsushi Takeuchi nous donne sa vision de la chose, comment il s’est approprié l’univers. Les fans hardcore de la série n’apprendront rien de neuf, les autres auront un éclairage approfondi sur la genèse de leur jeu préféré.
Vous l’aurez compris, Paragon Lost est loin d’être un chef d’oeuvre : personnages creux, histoire artificielle et resucée de celle de Shepard, l’intérêt est assez moyen, que ce soit pour les fans de la série vidéoludique, qui n’y trouveront par leur compte, ou pour ceux qui découvriraient Mass Effect via le film : comme le dessin animé part du principe que le spectateur connait déjà l’univers, ils seront complètement perdus.
Heureusement, il y a les bonus, mais c’est quand même dommage que ce soient eux les plus intéressants dans le coffret.
Coffret DVD :
Format image : 1.78, 16/9 comaptible 4/3
Son : Anglais, Allemand et Français Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français, Allemand
Durée : 1h30
Prix : 14,99 €
Coffret Blu-ray :
Format image : 1.78
Résolution : 1080 24p
Son : Anglais, Allemand et Français DTS Master Audio 5.1
Sous-titres : Français et Allemand
Durée : 1h30
Prix : 19,99 €
Les images illustrant cet article sont des captures du DVD.
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