Sorti en téléchargement sur la Playstation 3 en mars 2012, Journey est une réelle curiosité dans le monde vidéoludique actuel. Le titre de Thatgamecompany a récemment bénéficié d’une sortie en version boîte, estampillée « édition collector », qui contient deux autres titres du développeur. L’occasion d’évoquer le style hors du commun du studio indépendant américain.
Du sable à perte de vue, des champs de stèles, de mystérieuses créatures volantes… et un être humanoïde étrange, vêtu d’une cape rouge et d’une écharpe, qui évolue dans ce monde dont on ne sait rien. Dès les premières secondes de jeu, Journey étonne, surprend : en vérité, ce sentiment ne quittera sans doute pas le joueur de tout le jeu, qu’il achèvera en deux heures, peut-être un peu plus.
Si le joueur lambda est plus habitué à canarder dans tous les coins dans des mises en scène hollywoodienne où l’environnement pétarade à tout va, il peut, avec Journey, vivre une expérience radicalement opposée : contrées immenses, bruit du vent, soleil tapant s’associent à un gameplay minimaliste et un sentiment de solitude pour offrir une expérience teintée d’une certaine quiétude… et très mystérieuse de bout en bout.
Car dans Journey, point de dialogue : le personnage que contrôle le joueur n’est capable d’émettre que quelques sons pour composent une symphonie minimaliste. Il acquiert rapidement le pouvoir de sauter et de planer, et c’est à peu près tout ce dont il aura besoin pour résoudre les énigmes globalement simples qui parsème les 7 niveaux du jeu.
A deux, c’est mieux
Particulièrement contemplatif, le jeu n’offre qu’un embryon d’histoire qu’il faut deviner. On avance donc avec en tête l’idée qu’il faut atteindre une montagne au loin, de laquelle sort un rayon de lumière. C’est tout. Mais malgré un minimalisme assumé, Journey est un jeu qui captive et qui donne envie d’avancer. Et quand, au détour d’un niveau, un second joueur apparaît, l’expérience prendre une autre tournure.
Car on peut jouer à Journey à deux : là, l’entraide s’installe, et si les deux joueurs jouent le jeu, l’expérience s’en retrouve transformée. Si le gameplay ne change pas beaucoup – hormis dans les phases de vol – c’est surtout dans l’entraide instinctive et naturelle que les choses évoluent. Car le jeu ne propose ni de choisir son partenaire – pas d’invitation d’ami – ni de communiquer avec l’aide d’un micro, ni, enfin, de connaitre son pseudo. Tout se fait à l’instinct, ou avec les quelques sons à disposition.
En somme, jouer à deux à Journey offre une expérience différente, mais il est impossible de contrôler cette possibilité et un joueur supplémentaire peut apparaître ou disparaître au fil de l’eau. Autant dire que les rencontres de qualité sont rares, mais quand on tombe sur la perle rare, le résultat n’en est que plus magique.
Un titre court, mais intense
Il faut entre 2h et 2h30 pour terminer Journey en mettant la main sur tous les éléments cachés dans les 7 niveaux. C’est court, et la rejouabilité n’est pas vraiment évidente. Malgré tout, on a l’impression, à la fin du périple, d’être rassasié et d’avoir de quoi cogiter. Comme le dit si bien le proverbe, « l’important, ce n’est pas le but, mais le chemin« , et cette phrase résume parfaitement le titre de Thatgamecompany.
Par contre, en l’état, on peut se dire que sortir un titre aussi court en version boîte est un choix particulièrement curieux : Journey pèse un peu plus de 500 Mo et est disponible en dématérialisé depuis plus d’un an déjà sur le PSN. Mais l’éditeur a pensé à tout, et a inclu, dans l’édition collector de Journey, deux autres titres de Thatgamecompany, à savoir Flower et flOw, ainsi qu’une multitude de suppléments comme un documentaire de 30 minutes sur la conception de Journey, des illustrations, les OST des trois jeux, des des thèmes dynamiques PS3 et des fonds d’écran, ainsi que trois mini-jeux conçus par les développeurs lors d’un game jam. De quoi prolonger l’expérience de quelques heures supplémentaires.
Flower et flOw : encore plus de zen
Egalement proposés sur le disque, Flower et flOw sont deux titres de Thatgamecompany sortis respectivement en 2009 et 2007. Le premier propose d’incarner un pétale de fleur qui virevolte dans le vent, et que le joueur doit contrôler avec les capteurs de mouvements de la manette, tandis que le second, à l’origine un jeu en Flash, permet au joueur de prendre le contrôle d’un micro-organisme qu’il faut faire évoluer.
Les deux titres peuvent être considérés comme des prémisses de Journey : particulièrement contemplatifs, ils bénéficient tous les deux d’un gameplay particulièrement minimaliste, et jouent sur leur démarche très originale et leur ambiance zen. Dans les deux cas, il ne faudra guère plus de 3 heures pour venir à bout du titre, mais on aura, dans chaque cas, le sentiment d’avoir expérimenté quelque chose de très différent ce que l’on trouve d’habitude sur console – alors que, sur PC, c’est un peu plus courant, pour peu que l’on s’intéresse à la scène indé.
Pour une vingtaine d’euros, il est donc possible d’obtenir une dizaine d’heures de jeu et de contenu additionnel qui sort clairement de l’ordinaire. Un investissement qui vaut le coup et qui peut, en plus, aider Thatgamecompany, qui a connu de gros problèmes financiers après la sortie de Journey. La preuve, s’il la fallait encore, qu’un succès critique n’est pas forcément un succès économique. Et puis, au coeur de l’été, s’offrir quelque chose de différent sur console, c’est loin d’être une mauvaise idée !
Journey édition collector, édité par Sony et disponible depuis le 7 juin 2013, environ 20€.