Jamais 3 sans 4 ! Et oui, la formule a changé : a l’Etrange Festival, c’est bien connu, les habitudes et les dictons ont la vie dure ! Et pour ce dernier jour du week-end, c’est une grosse journée – mais quelle journée – pour la GentleTeam puisque plusieurs gros morceaux étaient à l’affiche, dont le très attendu Snowpiercer en avant-première, et des films vraiment étranges ! Allez on chausse ses skis, et on se lance sur la piste !
Et c’est en douceur que commençait la journée avec Man From The Future, une comédie brésilienne signée Claudio Torres et mettant en vedette Wagner Moura, que l’on avait vu très bon en policier usé dans Tropa de Elite. Ici, l’acteur incarne Joao, un professeur de mécanique quantique aigri, rancunier et se donnant corps et âme dans un projet de développement d’une nouvelle source d’énergie propre. Mais face aux menaces d’arrêt de son projet, il décide de donner un coup d’accélérateur en testant lui même sa machine. Seulement, il se retrouve projeté vingt années plus tôt, le jour même où il sera publiquement humilié par la femme de sa vie. Il va alors se mettre en tête de tout changer.
Rendant ouvertement hommage à des films comme Retour vers le futur, le problème de Man from the future est qu’il n’apporte absolument rien de neuf au genre. Tout dans ce film – au demeurant bien conçu et aux effets spéciaux sympa – transpire le déjà vu ailleurs et ne fait preuve d’aucune originalité. Ainsi, tous les clichés du genre y passent : le Joao du futur va changer la donne du jour fatidique afin de se donner un « meilleur » avenir et obtenir amour, argent, réussite, avant de réaliser que la manœuvre n’aura pas eu les effets escomptés. Il retournera a nouveau sur ce jour J pour cette fois-ci s’empêcher de tout changer et rétablir l’ordre des choses. Bref, rien de neuf dans le registre des boucles temporelles. Cette absence de nouveauté fait qu’on a du mal à s’attacher à la romance des deux protagonistes, par ailleurs extrêmement fleur bleue et niaise, tant tout semble artificiel et connu d’avance. Un film très bien conçu donc, dont l’originalité est surtout qu’il nous vient du Brésil. Mais une comédie légère et dispensable, qui ne sert qu’à passer le temps.
La journée se poursuivait avec We Are What We Are, en présence de son réalisateur, venu introduire son long-métrage. Et Jim Mickle (Mulberry Street, Stake Land) insiste, il ne s’agit pas d’un remake, mais d’une adaptation du film mexicain Somos Lo que Hay (Ne nous jugez pas, en français, et passé à l’Étrange sous le titre Nous sommes ce que nous sommes – oui, ça fait beaucoup de titres pour un seul film), réalisé par Jorge Michel Grau et prix du jury à Gerardmer en 2011. We Are What We Are s’ouvre sur une scène de pluie torrentielle qui provoque la mort d’une mère de famille laissant ses deux filles et son fils aux mains (tremblantes) d’un père fanatique religieux parkinsonien complètement dérangé. Livrées à elles-mêmes, les deux adolescentes vont devoir se livrer à la tradition familiale du jour de l’agneau, tandis que le déluge fait remonter à la surface les secrets enfouis de la famille Parker…
Mais le gros morceau de la journée se déroulait incontestablement en parallèle de cette séance, avec l’avant-première du très attendu Snowpiercer de Bong Joon Ho (Memories of Murder, The Host, Mother…), dont la sortie en salles n’est prévue que pour le 30 octobre. Devant une salle pleine à craquer – les billets se sont vendus à une vitesse incroyable, laissant de nombreux spectateurs sur le carreau – le réalisateur coréen vient présenter son film, accompagné de Benjamin Legrand, le scénariste et de Jean-Marc Rochette, le dessinateur de la bande dessinée originelle, Le Transperceneige. Et l’adaptation à l’écran ne déçoit pas le public, bien au contraire.