Après les créatures mignonnes (ou pas) de Skylanders, c’est au tour des personnages de l’univers de Disney de se mettre en scène dans un jeu « à figurines », qui réinvente le concept du DLC. Avec Disney Infinity, la maison-mère de Mickey frappe fort en matière de marketing : reste à savoir si le jeu en lui-même vaut que l’on glisse nos doigts dans un coûteux engrenage…
Avec plus d’un milliard de chiffre d’affaires en 2012, il n’est pas étonnant que Skylanders, franchise d’Activision qui propose de « téléporter » des figurines dans un jeu vidéo pour les transformer en personnages jouables, attire les convoitises. La réponse de Disney est disponible depuis fin août aux Etats-Unis, et débarque en septembre en Europe : il s’agit de Disney Infinity.
Un peu de logistique
Contrairement à un jeu standard où il suffit de glisser un disque dans sa console pour jouer illico presto, Disney Infinity demande un peu plus d’organisation : pour s’y mettre, il faut acquérir le pack de démarrage, que l’on vous détaille dans notre unboxing du jeu. Il contient le jeu, bien évidemment, sur le support choisi – PS3, Xbox 360, Wii, Wii U ou 3DS – une station d’accueil pour les figurines à connecter en USB, trois figurines et un trophée. Le trophée permet de débloquer trois aventures dans trois univers différents de Disney : Pirates des Caraïbes, Monster Academy et Les Indestructibles. Pour pouvoir jouer ces campagnes, il faut vous faut des personnages liés aux univers. Et ça tombe bien, puisque le pack contient justement des figurines de Sully, M. Indestructible et Jack Sparrow. Une fois le jeu glissé dans votre console et la station d’accueil connectée à cette dernière, c’est parti !
Vers l’Infini et au-delà !
Après une dizaine de minutes d’introduction faisant office de tutoriel, et permettant par la même occasion de découvrir quelques rudiments de gameplay, on arrive dans la Toy Box. Cet espace, quasiment vierge, est l’un des arguments de Disney Infinity en terme de potentiel de durée de vie : il s’agit ni plus ni moins d’un immense bac à sable, dans lequel le joueur va pouvoir se construire son propre environnement à l’aide des éléments glanés dans le reste du jeu, à la manière d’un Minecraft, en quelques sortes. A l’intérieur, on peut interagir avec d’autres joueurs – jusqu’à 4 en mode online – pour jouer ensemble ou s’affronter, dans une sorte de Smash Bros un peu anarchique.
A travers les Aventures proposées et les challenges proposés selon le personnage joué, il est possible de remplir généreusement son coffre à jouets virtuel d’une multitude d’objets et d’accessoires, pour se constituer un petit monde à soi… et de tout casser pour recommencer à volonté. La Toy Box peut être explorée à deux en local, et jusqu’à quatre en ligne, et permet de mélanger les univers et les personnages de Disney. Il est également possible de télécharger des Toy Box toutes faites sur Xbox 360, PS3 et Wii U : 14 sont d’ores et déjà proposées gratuitement et s’avèrent particulièrement réussies dans l’ensemble.
[youtube iyyu8bp3Gf8 620 360]
C’est amusant et distrayant, mais de là à y passer des heures et des heures, ce n’est pas certain : l’interface n’est d’ailleurs pas forcément des plus intuitives, et demandera un peu de pratique, surtout aux plus jeunes. Très riche, Disney Infinity a pas mal de potentiel, mais il faut prendre le temps de comprendre comment l’exploiter. Heureusement, de nombreux tutos en vidéo sont là pour guider le joueur.
Des Aventures sympathiques…
L’autre promesse du titre, c’est d’offrir une multitude d’environnements et, en théorie, autant de gameplay associés : si vous explorez l’univers de Pirates des Caraïbes, vous pouvez chercher des trésors dans des coffres, glisser sur des cordes ou encore vous battre à l’épée, tandis que si vous explorez l’univers de Cars, à vous les courses de voitures… vous voyez le principe. Autant le dire tout de suite : le contenu proposé dans le pack de démarrage n’offre pas une aussi grande variété de gameplay. Les Aventures de Pirates des Caraïbes avec Jack Sparrow, Monstres Academy avec Sully et Les Indestructibles avec M. Indestructible proposent toutes les trois un mélange de jeu d’aventure et de plateforme bon enfant.
Cependant, ce n’est pas déplaisant pour autant et même si les trois mini-campagnes – trois heures de durée de vie environ pour chacune – souffrent malheureusement d’une évidente linéarité, on s’amuse suffisamment pour ne pas voir le temps passer. Chaque aventure dispose d’une trame principale en lien avec l’univers et le film dont elle est tirée, à laquelle s’ajoute des quêtes secondaires. Ces dernières gonflent un peu la durée de vie, mais ne se révèlent pas vraiment passionnantes… elles se révèlent cependant nécessaires pour espérer débloquer tout le contenu du coffre à jouet, puisque tout ce qui est trouvé dans les Aventures est disponible dans la Toy Box. Les personnages engrangent également de l’expérience qui les rend un peu plus robustes.
Esthétiquement, le jeu est correct, sans être cependant époustouflant : si l’on identifie bien les univers et les couleurs chatoyantes des franchises de Disney, le titre s’avère un peu paresseux sur les textures, qui auraient pu être un poil plus détaillées. Clairement destiné à un public jeune, Disney Infinity mise plutôt sur le potentiel créatif des joueurs que sur des graphismes irréprochables.
…mais un brin verrouillées
On pourrait croire que disposer d’un Trophée matérialisé permettant d’accéder à une ou plusieurs aventures – comme dans le cas de celui du pack de démarrage – offre l’accès à tout le contenu et toutes les possibilités offertes par ces dernières. Hélas, il n’en est rien, car, bien vite, Disney Infinity rappelle son concept à votre bon souvenir : vous faire sortir votre porte-monnaie pour acheter d’autres figurines.
Du coup, la première fois qu’on se retrouve face à un coffre impossible à ouvrir, qui dévoile une vidéo promotionnelle pour un personnage qui n’est pas compris dans le pack de démarrage, ça fait un peu bizarre. On comprend rapidement qu’il va falloir faire l’acquisition de la figurine en question pour disposer du contenu associé, mais la matière de mettre tout ça en scène est un peu fourbe : un jeune enfant face à une vidéo qui lui montre tous les trucs cool que peut faire un personnage qu’il n’a pas, c’est l’assurance de le voir bassiner ses parents pour courir avec 13 euros en poche dans le magasin de jouets le plus proche. Bien joué, Mickey !
A noter que Skylanders, le titre d’Activision qui se base sur le même concept, use des mêmes mécanismes : Disney n’a pas inventé grand chose sur ce point, mais cette volonté de rematérialiser le contenu, et donc de réinventer les DLC, est tout de même plutôt effrayant.
On peut également oublier l’idée de jouer en multijoueur aux aventures présentes dans le pack de démarrage, sans passer rapidement à la caisse : pour jouer à deux en local à une campagne, il faut impérativement disposer de deux personnages du même univers. Heureusement, Disney a pensé à tout, et propose un pack de trois figurines en complément de celles du pack de démarrage : Elastigirl, Barbossa et Bob. Bim, 25 euros dans la tronche, mais avec ça, vous pouvez jouer en coop aux trois aventures.
Achète vite tous mes produits dérivés !
Disney Infinity est un titre franchement sympa et avec un bon potentiel de fun, mais qui peut coûter cher, et qui fait tout pour vous faire raquer. En plus des figurines, vendues 12,99 euros pièces, il existe également des packs Aventure thématiques, composés de deux figurines et d’un Trophée pour débloquer la campagne, vendus 30 euros : quand on sait qu’une campagne a une durée de vie d’environ 3 heures, ça fait cher le DLC, même s’il propose des nouveautés pour la Toy Box. Néanmoins, il faut tout de même souligner que les figurines sont de belle qualité, malgré quelques petits défauts de finition.
A tout ça, il faut également ajouter les sachets de Power Disc, des petits disques permettant d’ajouter des objets supplémentaires à la Toy Box, oui des pouvoirs bonus aux personnages. Ils sont vendus par 2, dans des sachets opaques, et leur distribution est aléatoire : on peut donc se retrouver avec des objets en double, à échanger avec des amis, par exemple. Les deux disques valent 8 euros. Et pour ranger tout ça, il existe des boîtiers, des petites étagères… bref, des accessoires pour mettre en valeur sa collection.
Car il est bel et bien question de collection ici : il est même possible, dans le jeu lui même, d’accéder à un Hall des Héros pour admirer ses figurines dans le monde virtuel. Étoffer sa collection de figurines tout en augmentant le contenu du jeu en lui-même est assez tentant, car on a l’impression de faire d’une pierre deux coups… mais tout ça peut réellement coûter très cher et faire grimper la note pour un jeu qui n’offre pas de réel challenge pour un gamer aguerri. Pour les plus jeunes, c’est différent, bien évidemment.
Un système de sauvegarde avantageux
Mais tout n’est pas négatif pour autant ! Vous aurez sans doute déjà compris que Disney Infinity est un titre fun et dispose d’un bac à sable au potentiel très élevé. A plusieurs, c’est nettement plus marrant, et il est possible de partager ses figurines et ses Trophées d’Aventures avec ses amis, puisque aucun élément acheté n’est lié au compte du joueur. Mieux encore : les sauvegardes sont enregistrées sur la puce des figurines. Si vous utilisez l’une d’entres elles chez un ami, vous gardez son niveau acquis chez vous et vos avantages. Il en est de même pour les aventures, de l’on peut reprendre sur une autre console : et comme les figurines sont les mêmes pour tous les supports, il est même possible de jouer sur une PS3 avec une figurine précédemment utilisée sur une Wii ou une Xbox 360.
Le système de sauvegarde est donc plus avantageux que celui d’un DLC traditionnel, qui est lié au compte de l’utilisateur et n’en bougera plus. Les échanges et la revente de figurines d’occasion devrait pouvoir se faire, ce qui est d’ailleurs déjà le cas pour les figurines Skylanders.
Disney Infinity n’invente pas grand-chose, et reprend la recette déjà savamment éprouvée de Skylanders. Néanmoins, l’univers extrêmement riche de Disney offre un potentiel absolument énorme à un titre fourre-tout qui aguichera à n’en pas douter les collectionneurs. Et puis, Disney, c’est aussi la franchise Avengers de Marvel et la totalité de la franchise Star Wars : l’entreprise a donc toutes les clés en main pour faire de Disney Infinity une puissance franchise qui n’attirera pas uniquement les (vrais) enfants… espérons seulement que Disney fera l’effort d’étoffer les possibilités de gameplay, et ne se reposera pas sur des lauriers déjà un peu froissés.
Un commentaire