Vendredi, c’est fête du slip au PIFFF ! Alternant Horreur, Fantastique, émotions, la cuvée 2013 en offre pour tous les goûts. Nouvelle journée, nouveau programme prometteur placé notamment sous le signe du Japon avec la projection d’un anime culte et du dernier bébé de Kiyoshi Kurosawa. Mais surtout, l’attente d’une séance interdite placée sous le signe d’un super héros au comportement franchement culotté !
Odd Thomas
Pour le premier film de la journée, Stephen Sommers (La Momie, GI Joe, Van Helsing…) s’est collé à l’adaptation des romans de Dean Koontz, qui mettent en scène le personnage d’Odd Thomas, un jeune homme qui a le pouvoir de voir les morts. Et comme c’est un mec sympa, notre héros utilise ce don pour aider son prochain et tenter d’empêcher un massacre qui se prépare dans sa petite ville de Pico Mundo…
L’approche de Stephen Sommers semble plus premier degré dans cet Odd Thomas que dans ses précédents films, malgré quelques pointes d’humour qui montrent un peu de recul sur son sujet. Mais quand bien même, cela ne suffit pas à faire oublier une intrigue assez convenue, servie par Anton Yelchin (Fright Night) qui ne parvient pas à faire sortir son personnage du cliché. Les rôles secondaires sont aussi très moyens, avec un Willem Dafoe sous-exploité et une Addison Timlin, qui assure la caution mini-short/petite culotte du film.
Le film souffre d’un gros manque d’inspiration, avec réalisation des plus classiques, abusant du ralenti et d’effets numériques plutôt cheap, même si les Bodachs, les espèces de créatures translucides venues qui se baladent autour des futures victimes de morts violentes, sont plutôt réussies. On notera aussi dans les (rares) bons points le caméo marrant d’Arnold Vosloo. Mais c’est tout… La voix-off omniprésente nous gratifie de quelques lapalissades et de commentaires en temps réel des actions du personnage vraiment pas nécessaires. Les rebondissements sont désespérément prévisibles, jusqu’au twist final destiné à faire pleurer dans les chaumières, mais tellement téléphoné que le spectateur comprend le truc bien avant le personnage, et du coup, c’est un peu raté.
Pas de sortie au cinéma prévue pour Odd Thomas, qui risque finalement d’être un DTV en France, traitement qu’il mérite, tant ce film ressemble à long, très long, épisode de série ou à un téléfilm moyen.
On retiendra surtout de cette séance le très fun court-métrage espagnol Fist of Jesus, un gros délire de 15 minutes dans lequel Jésus et son pote Judas explosent du zombie à coups de poissons. Un argument de vente pour les réalisateurs David Muñoz et Adrian Cardona, qui l’ont mis en ligne sur Youtube il y a plusieurs mois déjà dans le but de réunir des fonds pour leur projet de long-métrage Once upon a time in Jerusalem.
Perfect Blue
La journée se poursuit, heureusement, avec trois films bien meilleurs, japonais tous les trois. Le premier, c’est l’anime Perfect Blue, de Satoshi Kon, projeté en séance culte. Ce film d’animation suit l’histoire de Mima, une idole de la pop japonaise qui change l’orientation de sa carrière en arrêtant la musique pour se consacrer au cinéma.
Critiquée par certains de ses fans, traquée par un stalker qui dévoile sa vie sur internet, et alors que son entourage professionnel commence à être décimé par un serial killer, Mima s’enfonce dans la folie et la paranoïa… Via le destin de Mia, Perfect Blue s’interroge sur le statut de l’idole, à la fois personnage privé et public, idéalisée par ses fans, dépossédée d’elle-même par les rôles qu’elle interprète (notamment cette scène de viol traumatisante), jusqu’en en perdre sa propre perception d’elle-même. Par sa grande maîtrise sur le montage et la composition des scènes, Perfect Blue semble avoir véritablement été pensé en termes cinématographiques et ressemble davantage à un film interprété par des acteurs qu’à un film d’animation classique. Satoshi Kon semble prendre un malin plaisir à perdre son spectateur et à le placer dans la même position que son personnage principal, perdu dans une constante mise en abyme et dans différents niveaux de temporalités parallèles, jusqu’à la scène finale, complètement folle, dans tous les sens du terme, et qui clôt le film sans que celui-ci n’ait livré toutes les clés pour le comprendre (plusieurs visionnages peuvent être nécessaires/utiles pour tenter de s’y retrouver et d’avoir sa propre interprétation du film)…
Ce film d’animation, datant de 1997, a inspiré de nombreux réalisateurs, comme Darren Aronofky pour Black Swan ou Bruno Forzani pour L’Etrange couleur des larmes de ton corps, et n’a pas pris une ride aujourd’hui, pour le grand plaisir des fans ravis de le redécouvrir sur grand écran.
Real
Alors que son récent Shokuzai, saga télévisuelle projettée au cinéma chez nous, s’est révélé l’un des plus grands succès du réalisateur, Kiyoshi Kurosawa était déjà de retour sur les écrans pour la présentation de son nouveau film, sobrement intitulé Real. Avec une fimographie beaucoup plus axée sur le drame ces dernières années, Real marquait la promesse d’un retour à une certaine forme de Science Fiction, à défaut de retourner du côté de l’horreur ou du suspense.
Dès les premières images, l’esthétique très froide et soignée de Kurosawa rappelle immédiatement Shokuzai. Dans ses thèmes également, en abordant la mémoire, la culpabilité, la mort. Quand un jeune homme se voit offrir la possibilité de pénétrer dans le subconscient de son épouse plongée dans le coma, il y voit l’occasion de communiquer avec elle et tenter de comprendre les raisons de sa tentative de suicide. Mais chacune de ses visites est rapidement parasitée par l’apparition de nombreux cadavres et de figures mystérieuses. Tout au long de sa première partie, Kurosawa met ainsi en place de nombreuses pistes, un champ des possibles assez vastes qui rendent le film captivant et intriguant, bénéficiant de plus de beaux effets de styles, à l’image de cette « évaporation » de couleurs dans le ciel.
Malheureusement, passé un twist amené comme un cheveux sur la soupe et pas vraiment cohérent, le film de Kurosawa s’engonce dans un récit bien plus classique, livrant une variation toujours très proche de Shokuzai sur une douleur passée enfouie, une culpabilité liée à un événement passé qui paralyse toute une vie présente et se consacre à sa résolution. La première partie avait posé une drôle d’ambiance et tout un tas de pistes possibles, Kurosawa abandonne tout et n’en explore qu’une et la plus petite de toute, et la traite de manière assez anecdotique. De même, dans son acte final, le japonais se livre à un Asylum like, où la métaphore qu’il incarne avec le dinosaure, pourtant belle et poétique, est là aussi traitée de manière expéditive : un simple « mais non c’est pas vrai, je regrette » suffira ainsi à accélérer le mouvement et conclure cette partie. Reste la beauté intrinsèque de l’histoire, assez poétique en soi. Bref, le réalisateur livre une partition assez molle qui sonnera déjà vue pour ceux qui ont vu Shokuzai, et dont le thème à été maintes fois traité dans le cinéma japonais. Ajoutons à cela une réalisation qui, bien que parfaitement cadrée, ressemble parfois plus à une réalisation de télévision, et c’est un retour en moyenne forme que signe l’auteur de Cure et Kairo, un exercice en demi-teinte dont on ne sait trop si le verre est à moitié vide ou à moitié plein tant on sait le réalisateur capable de choses bien plus poussées. Dommage, la première partie était bonne.
Hentai Kamen : Forbidden Super Hero
Salut, je suis Sebastien Patoche, et j’approuve cette chronique ! Merci Sebastien ! Il est vrai, qui d’autre mieux que toi pouvait soutenir ce film complètement nawak qu’est HK / Foridden Super Hero ? Il faut dire que le film de Yuchi Fukuda, projeté dans le cadre de la « séance interdite » du PIFFF avait de quoi laisser sur le cul rien qu’à la lecture de son synopsis : un étudiant introverti découvre qu’il se transforme en super héro lorsqu’il enfile une culotte sur sa tête.
Créée pour présenter au public des films déviants ou totalement inclassables, la Séance Interdite avait drainé beaucoup de monde cette année. HK / Forbidden Super Hero allait-il tenir sa promesse de film improbable et fou ? Une chose est sure, nous avons vu la le film le plus débile du festival. Et du mois. Et des deux dernières années !!! En effet, dès les premiers instants du film, l’amour improbable qui nait entre un homme et une femme nous fait réaliser que l’on aura affaire à un véritable ovni. Mêlant films de super héro (et ne se privant pas de parodier explicitement Marvel et Spiderman), fétichisme de la culotte et love story niaise le tout saupoudré de SM, Hentai Kamen démarre sur les chapeaux de roues, enchainant quelques scènes hilarantes jusqu’à la découverte – totalement idiote – des pouvoirs par le héros et la première apparition décapante de son alter égo. A coup de gros plans sur un slip moulant, de toupie avec sa bite, vol de culotte dans le vestiaire des filles et toutes prises d’arts martiaux aux poses très équivoques, Hentai Kamen protège son école de toute la vermine qui s’y incruste, et mène de front sa vie d’étudiant maladroit cherchant à séduire la fille de ses rêves. Malheureusement, le film s’essouffle quand même en cours de route, trainant en longueur et usant de ses gags jusqu’à la corde, notamment avec l’apparition d’un copycat. Ce sentiment n’est pas aidé par une réalisation et un découpage à l’arrache, et un scénario purement prétexte. Le film reprend néanmoins du poil de la bête dans sa dernière partie, de nouveau débile à souhait, qui verra notre héros conquérir la culotte la plus puissante du monde et affronter une dernière nemesis sortie d’on ne sait où. Fun et débile, HK Forbidden Super Hero l’est assurément, mais pêche par excès de longueur et un côté too much pas toujours bien amené. Mais il faudrait être fou pour ne pas y jeter un œil, au moins une fois dans sa vie, sous peine de passer à côté d’une des plus grosses barres de WTF qui soit. Allez, tous ensemble : et quand il pète il troue son slip !
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