Pour faire la promo de I, Frankenstein, film fantastique qui dévoile la suite du roman de Mary Shelley, Metropolitan n’a pas hésité à faire venir son acteur principal, Aaron Eckhart. Le comédien, vu ces dernières années dans The Dark Knight et Battle Los Angeles, s’est prêté à l’exercice de la table ronde avec la presse. Nous y étions conviés.
Bonjour Aaron ! Avec le personnage d’Adam, qui est donc la créature de Frankenstein dans le film, on peut dire que vous interpréter votre vrai premier personnage surnaturel…
D’une certaine manière, oui, on peut le dire. Mais le film est avant tout l’histoire d’un homme à la recherche d’une âme, à la recherche de l’amour. Un homme rejeté par son père, qui cherche le but de sa vie. C’est ce qui m’a attiré vers ce film : quand j’ai lu le scénario, je me suis dit « Wah, ça me rappelle mon adolescence ! » Quand j’étais ado, j’étais mal dans ma peau et je ne savais pas quoi faire de ma vie, j’avais peur de tout… pour moi, l’histoire de Frankenstein c’est un peu ça, une quête de soi.
Mais contrairement au film, l’histoire originale de Frankenstein, dans le roman de Mary Shelley, est très psychologique…
Effectivement. L’histoire du film reprend certains éléments du roman, notamment en ce qui concerne la créature : elle apprend vite, s’adapte, survie. Elle vit avec une sorte de culpabilité d’être rejetée par son créateur, et d’effrayer les gens… mais elle veut être aimée. Quand j’ai relu le roman, c’est ce qui m’a sauté aux yeux. Oui, bien évidemment, ce film est totalement différent de l’histoire de base, il y a des gargouilles et des démons… mais l’essence reste : c’est au sujet d’un homme à la recherche de l’amour, à la recherche de sa place dans le monde.
La créature de Frankenstein est un classique, comment avez-vous préparé ce rôle et comment vous y êtes-vous pris pour réinventer le personnage ?
C’est le script, plutôt que moi, qui s’est chargé de réinventer le personnage. Le réalisateur, Stuart Beattie, a également écrit le scénario, c’est vraiment son histoire. Pour ma part, en tant qu’acteur, j’adore faire des choses différentes, je dois être capable de tout faire, jouer des personnages bons ou mauvais. Jouer est à peu près tout ce qui m’importe… après je ne peux pas dire que je n’avais pas de pression en acceptant ce rôle, car presque tout le monde connait l’histoire de Frankenstein. Alors c’était effrayant, parce qu’énormément de gens ont leur vision de la créature, tout comme ils ont leur opinion sur qui doit jouer Superman ou Batman et allaient être énervés par la représentation qu’en fait I, Frankenstein ! (rires)
Et justement, puisque vous parlez de Batman : votre avis sur Ben Affleck dans le rôle ?
Ah ! (rires) Je pense que Ben Affleck est vraiment un très bon choix. Dans la vie, c’est difficile de plaire à tout le monde et de faire l’unamité, donc il va falloir attendre de voir ce que ça va donner à l’écran, mais je suis sûr qu’il s’en sortira très bien. C’est un peu la même chose avec I, Frankenstein. Ceux qui aiment le roman original de Marie Shelley n’apprécieront pas forcement le film, c’est évidement. Mais les jeunes, qui ont moins connaissance de l’histoire originale, je pense qu’ils l’aimeront pour ses combats et ses effets spéciaux, car ce sont les principaux éléments que le public attend d’un tel film. C’est un film très universel avec une histoire de parcours, de destin, de courage, ça peut parler à tout le monde et j’aime ça.
Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de votre entraînement physique pour le film ?
Je me suis entraîné durant 6 mois, en particulier au Kali Arnis Eskrima, avec les bâtons. Je n’avais aucune idée de ce que c’était, et quand j’ai lu le script je me suis dit « mais qu’est ce que c’est que ces bâtons ? Ce sont vraiment des bâtons ? » (rires) Et donc oui, ces bâtons sont utilisé dans un art martial, le Kali. J’ai été entraîné par l’un des meilleurs combattants aux bâtons au monde, et chaque jour durant 3 heures au moins il m’a entraîné pour que je maîtrise cet art. Il essayait presque de me tuer chaque jour, et il n’y est jamais arrivé ! (rires) Au final, les combats qu’on voit dans le film ne sont qu’une petite partie de ce qu’on a tourné pour des raisons de montage et de durée, mais nous avons filmé énormément de scènes de combat.
J’ai effectivement dû beaucoup m’entraîner pour être en bonne forme sur le tournage, mais je pense que c’est essentiel parce que, vous savez… quand vous enlevez votre chemise dans le film, vous devez être en grande forme (rires). Mais c’est sans doute le tournage le plus physique auquel j’ai eu affaire jusque-là dans ma carrière.
Quelle a été la scène du film la plus difficile à tourner ?
On en revient aux bâtons : des scènes très difficiles, très dangereuses (rires). Vous savez, quand vous jouez ce genre de scène, vous ne faites pas semblant : vous pourriez vraiment tuer le type en face de vous. Vous allez très loin mais vous devez forcément vous arrêter à un certain moment pour que ça ne soit pas dangereux. Mais il suffit d’une petite erreur pour se retrouver étendu violemment au sol comme un gros sac de patates après un mauvais coup. Il faut êtres précis… et quand ce sont des professionnels qui font ça depuis des années et qui se battent entre eux, c’est différent que lorsque ce sont deux acteurs qui viennent tout juste d’apprendre à se battre de cette manière. C’était vraiment très difficile et très physique.
Vous ne vous trouvez pas un peu trop vieux pour ce genre de film ? Vous n’auriez pas plus envie de vous concentrer sur des films indépendants par exemple ?
Quel rapport avec mon âge ? C’est intéressant de vieillir… ça pourrait être différent si j’avais une petite amie de 20 ans dans le film, bien sûr, mais je peux toujours vous botter les fesses ! (rires) Ce n’est pas parce qu’un film est un peu physique que ça signifie que vous ne pouvez pas le faire ou le refaire. En partant de ce principe on ne fait plus grand chose… vous, vous pouvez me dire que je ne peux pas le faire mais moi, je fais ce que je veux.
Comme dans The Dark Knight, votre personnage est couvert de cicatrices. Vous aimez bien vous défigurer ?
J’adore me costumer et me maquiller pour jouer mes personnages ! Comme dans le vieux théâtre où on portait des masques. Ca permet de laisser le personnage s’emparer de soi, c’est assez incroyable de se transformer en quelqu’un d’autre. Pendant 3 heures chaque matin, je passais au maquillage, assis en face d’un miroir et je sentais le personnage venir en moi, sa haine pour son père, et au bout de quelques heures j’avais presque envie de tuer quelqu’un (rires). Ca aide vraiment pour jouer le personnage.
Pour Double-Face, c’était différent parce que la moitié de son visage défigurée était créée par ordinateur, donc durant le tournage personne ne savait vraiment à quoi ça allait ressembler. On me décrivait qu’on allait voir ci oui ça… mais quand j’ai vu le résultat final, j’ai été très impressionné, c’était totalement fou.
Plus que du livre de Mary Shelley, le film est tiré d’un comics…
Oui, co-écrit par le réalisateur et scénario Stuart Beattie. Il a tout conçu, les démons, les codes du film… mais le comics n’a servi que de base, l’histoire du film est très différente au final.
Vous lisez des comics ?
Hum… j’en ai lu, oui, mais je ne suis pas un gros lecteur. Ca m’a été utile d’en lire quand j’ai joué dans The Dark Knight, parce que les comics sont très thématiques, héroïques, et vont droit au but. Les comics et les films se complètent bien car la dynamique est similaire. J’ai notamment lu des comics dédiés à Harvey Dent, pour répondre à votre question.
Quel est votre prochain projet ?
C’est un film qui se nomme Incarnate, dans lequel je joue un alcoolique en fauteuil roulant. C’est un film d’horreur à petit budget, réalisé par Brad Peyton, et qui sortira cette année.
Merci à Aaron Eckhart pour son temps, à Metropolitan ainsi qu’à l’agence Way to Blue pour avoir rendu cette rencontre possible.
Table ronde réalisée avec Unification, Sy Fantasy, Daily Mars, Mulderville et Cine Club Movie.