Sorti en décembre 2013, trois ans après son prédécesseur, Gran Turismo 6 arrive sur une console en fin de vie (ou du moins, bien poussée vers la sortie par sa petite sœur), après un cinquième épisode décevant.
Alors, sixième opus d’une série, même pas sur current gen, le jeu vaut-il la peine ou se contente-t-il de coller un nouveau numéro sur une vieille recette ? Kiki et Simone, jamais les derniers pour la déconne, ni pour le klaxon, sont allés faire un tour sur l’asphalte pour en ramener leurs impressions.
Après une petite course tutoriel/mise en bouche/rappel des bases, vous vous retrouvez avec votre première voiture et HOP ! C’est parti mon Kiki.
On est accueilli dans le jeu par des menus bien plus agréables et clairs que ceux de GT5, et c’était pas du luxe, puisqu’il y a pas mal de choses à faire et de détails à régler. Du coup, naviguer intuitivement, c’est un gain de temps plutôt appréciable.
Le joueur n’a pas le choix que de commencer par le mode Carrière, histoire de débloquer des voitures, des crédits, des courses, d’autres types d’épreuves, et surtout, l’accès aux désormais incontournables permis.
Concrètement, chaque fois que vous allez terminer une course, vous allez gagner des petites étoiles (c’est mignon), et des sous, en quantités plus ou moins importantes selon votre position.
Une fois un palier d’étoiles atteint, vous débloquez l’accès à un permis, et une fois ce dernier en poche, vous pouvez passer à la catégorie supérieure, même si vous n’avez pas terminé toutes les épreuves du niveau précédent.
Comme dans les autres jeux, vous commencez en catégorie N (novice), et vous devrez passer successivement les permis B, A, International B, International A, puis, enfin, l’ultime : S.
Les petites nétoiles vous permettent également de débloquer quelques voitures (mais le jeu est assez pingre à ce niveau), ainsi que des épreuves à tenter en parallèle de votre carrière, comme par exemple les pauses café, qui vous demanderont de relever plusieurs types de défis : parcourir la plus grande distance avec le minimum de carburant, faire tomber le plus de plots possible en un minimum de temps… De quoi vous détendre (ou vous prendre la tête x) entre deux championnats.
Au bout d’un moment, vous recevrez des invitations pour le Goodwood Festival of Speed, qui vous propose de prendre les commandes de divers véhicules et de battre différents records, sachant que sur ces épreuves, vous n’avez droit à aucune erreur : la moindre petite touchette, le moindre centimètre de pneu hors de la route, et il vous faudra recommencer.
Après avoir accumulé un certain nombre d’étoiles, vous aurez également accès au Défi Redbull : centré sur le karting et la Formule 1, cette partie du jeu vous invite à suivre une carrière de pilote, des premières courses en kart 100 cm³ aux bolides ultra-puissants des circuits de F1. Le tout coaché par Sebastian Vettel (attention, ça ne rigole plus).
Enfin, une fois le permis adéquat en poche, vous pourrez également accéder au mode en ligne, qui propose deux types d’épreuves :
– Les événements saisonniers : ça dure un mois, à vous d’enregistrer le meilleur chrono avant la fin de l’épreuve. Les voitures vous sont fournies, et, tout comme pour le Festival Goodwood, il ne faudra ni toucher quoi que ce soit, ni mordre sur le bas-côté, sous peine de voir son chrono invalidé.
– Le multi : créez ou rejoignez une course, personnalisable à l’envi : type de voiture, de circuits, météo, aides accessibles ou non, nombre maximum de joueurs, type de course…
Et, si vous avez des amis à la maison, vous pourrez jouer à deux en écran partagé. Et ça, c’est quand même un peu cool, puisque ces dernières années, les développeurs de jeux de voitures ont tendance à omettre cette possibilité.
Pour mener à bien toutes ces épreuves, vous aurez le choix entre pléthore de voitures : Gran Turismo 6 en compte plus que son prédécesseur, déjà bien fourni. Il y a environ 1200 voitures disponibles chez les concessionnaires. Alors l’intérêt d’avoir autant de voitures m’a personnellement toujours échappé, car il y a quand même plus intéressant que farmer les championnats en boucle pour acheter les modèles les plus onéreux.
Mais soit, au moins, si on veut une 2CV ou une Corvette de 1969, on peut.
Il y a également de nombreux circuits, classiques et réels, ou bien inventés pour les besoins du jeu, et regroupant à peu près tout ce dont on a besoin pour conduire : entre les circuits techniques aux courbes traîtresses, les circuits rapides, ceux de montagne où il faut prendre en compte le dénivelé, il y a largement de quoi faire, surtout avec la météo et l’alternance jour/nuit.
Ah, et vous pouvez conduire une Jeep lunaire aussi, dans une course palpitante à au moins 30 km/h ! Mais bon, vous êtes sur la Lune.
Le jeu est donc assez vaste, pas de problème à ce niveau là, il y a de quoi s’occuper. Qu’en est-il de la qualité de l’ensemble ?
La conduite est fidèle à la série : on est toujours pas dans une vraie voiture, mais il faudra quand même être précis, sur le freinage, sur la trajectoire, sur le moment où on reprend l’accélération. Et même si chaque voiture n’a pas exactement son comportement propre, on sent bien heureusement la différence entre une traction et une propulsion, un 4X4 et une deux roues motrices, une route sèche et une route mouillée.
Les réglages des voitures sont dans la même veine : moyennant finances, chacune de vos automobiles est réglable à volonté. Tendresse des pneus, dureté des suspensions, réactivité de la boîte de vitesses, poids du châssis, etc. De quoi être paré à toute éventualité. Globalement, on sent assez bien l’impact de ces changements sur la voiture, ce qui est agréable, même si, en toute logique, ils sont bien plus marquants sur vos premières voitures : quand vous changez les pneus et les suspensions standards d’une voiture « normale » pour les remplacer par du matériel de sport, vous sentez, de suite, que votre bolide colle ‘achement mieux à la route. A l’inverse (et c’est bien normal), les modifications de haut niveau sont plus là pour adapter la machine à votre style de conduite que pour réellement l’améliorer.
Et en parlant de personnalisation et de réglages, vous pourrez, bien sûr, changer un peu l’apparence de vos possessions : jantes, ailerons, peinture… Les possibilités sont sobres, mais en même temps, on est dans pas du Need For Speed, c’est largement suffisant.
En revanche le système de peinture laisse toujours autant à désirer, puisqu’il vous faut encore posséder au préalable une voiture de la couleur que vous souhaitez utiliser. C’est complètement débile, un peu comme si vous demandiez en votre garagiste de repeindre votre voiture en jaune :
– Bonjour, je voudrais repeindre ma voiture en jaune
– Oui. Avez-vous déjà une voiture jaune ?
– Ben non, j’en ai qu’une, elle est là, elle est noire.
– Ah ben désolé, je peux vous la repeindre qu’en noir alors.
– WTF ?
Alors, oui, c’est un détail, mais dans un jeu où vous pouvez régler les suspensions au poil de nez près, c’est quand même parfaitement incohérent de galérer pour choisir sa couleur de carrosserie.
Après, les choses se gâtent en mode Carrière.
On passera rapidement sur l’ambiance sonore, qui laisse encore et toujours à désirer : les bruits des moteurs ne sont pas toujours convaincants (mais sur les plus grosses cylindrées, ils font un joli bruit bien puissant, ça passe, à la limite), et les bruits de pneus, surtout sur les premières voitures… Comment dire ? On dirait qu’on a égorgé un troupeau de vierges et enregistré les cris, ce qui est à mourir de rire. Le bruit des pneus hein, pas l’égorgeage de vierges.
On ne s’attardera pas non plus sur les graphismes : pas vraiment d’améliorations notables depuis le 5ème volet. L’ensemble est joli, mais ça aliase, les effets de lumières sur les voitures se droguent, toutes les voitures n’ont pas leur caméra cockpit détaillée… Bref, peut mieux faire, même si le ciel en revanche, est très joli. La nuit, la modélisation des étoiles est très réussie, ainsi que les changements de lumière au crépuscule ou à l’aube.
Par contre, selon les circuits et les voitures, l’impression de vitesse ne sera pas très bien rendue, ce qui est fort dommage, dans un jeu de course auto.
Enfin, on n’insistera pas trop sur l’IA, toujours aussi peu finaude, et toujours vissée sur son rail : vos concurrents resteront sur la meilleure trajectoire quoi qu’il arrive, ce qui les rend involontairement agressifs, puisqu’ils se comportent comme si vous n’existiez pas. C’est un tue-l’immersion de compétition.
En plus, sur certains circuits, le premier vous mettra toujours 10 sec sur le premier tour, même si vous pilotez comme un dieu (ou comme l’ange Oliver. Celui qui protège les roux), puis elle ralentira sur le dernier, genre mamie va au marché (oui mamie va au marché en Camaro Z28. Et alors ?), et se laissera rattraper sans difficulté. Ça s’estompe au fur et à mesure qu’on monte dans les catégories, mais c’est pénible. Vraiment.
Non le vrai problème de ce mode Carrière, c’est le rythme. Le jeu est très (trop) facile jusqu’au moment où on atteint la catégorie International B. Et là, seulement, le jeu commencera à offrir un minimum de challenge. Et encore, pour les plus aguerris aux jeux de voitures, il y a des chances que seule la catégorie S leur offre un défi digne de ce nom.
Du coup, on s’ennuie vastement pendant plusieurs heures au début du jeu (le temps de débloquer et passer les permis, d’engranger quelques crédits), d’autant que les permis sont extrêmement faciles à obtenir : l’or du premier coup n’est pas à exclure sur les premiers, et, de toute façon, le bronze est très permissif.
Si il avait été possible de régler le mode de difficulté (mais c’est pas le genre de la maison), les pas doués qui jouent juste pour les belles voitures auraient eu leur jeu pas trop dur, et les maniaques du pilotage à la milliseconde près auraient eu un jeu à leur mesure. Là, on a une espèce de ni tu, ni vous, pas forcément très convaincant.
Et alors les temps de chargement n’aident pas… Plusieurs fois ils ont été tellement longs que j’ai cru à un freeze de la console.
Heureusement, il y a les à-côtés, comme le Festival Goodwood, les pauses café, et surtout, le mode en ligne, mais il faudra quand même se farcir la carrière, à un moment où à un autre.
Enfin, précisons la présence d’un cash shop, relativement hors de prix (par exemple, 7 millions de crédits pour 50 €. Et avec 7 millions de crédits, on fait pas grand chose). Mais pour l’instant, la proportion de voitures de plus d’1 million de crédits semble être à peu près la même que dans les jeux précédents. Du coup, si vous êtes très riche, vous pourrez vous acheter toutes les voitures du jeu. Si vous êtes normal, vous ferez comme dans tous les Gran Turismo : vous farmerez les crédits, avec un petit bonus journalier si votre console est connectée.
Bon, alors… Oui, il y a un problème de rythme dans le mode Carrière, oui visuellement ça pourrait être mieux, mais c’est pas trop mal. Après, les sensations de conduite sont globalement agréables, surtout avec un volant, et le mode en ligne assez riche pour s’amuser jusqu’à ce qu’on coupe les serveurs, surtout que d’autres fonctionnalités devraient s’ajouter avec des mises à jour, comme la possibilité de créer des championnats et pas uniquement des courses.
Mais en l’état, comme souvent dans les franchises sans scénario, si le jeu n’est pas mauvais, il n’a rien de transcendant, surtout qu’il sort sur old-gen, et peinera peut-être à convaincre les joueurs de son intérêt.
Justement parce que le genre « voiture » est délicat à révolutionner (non parce que conduire… Ça reste conduire, par quel bout qu’on le prenne), sortir le jeu sur PS3 alors que la PS4 était déjà là est assez étrange, surtout que les défauts du jeu, comme l’IA, les effets de lumière, le rendu de vitesse auraient justement largement bénéficié des possibilités de la nouvelle console de Sony.
Après, si vous aimez collectionner les voitures mais que votre porte-monnaie vous l’interdit en vrai, pourquoi pas.