Quelques semaines seulement après la bêta publique, Titanfall pointe le bout de son nez sur PC et Xbox One. Le FPS multijoueur de Respawn Entertainment, soutenu par Microsoft, tient-il ses promesses après nous avoir enthousiasmé à l’occasion de notre preview ? Réponse ci-dessous.
Piloter un robot géant, écrabouiller les soldats ennemis et dézinguer les géants d’acier adverses, c’est un peu le rêve de gosse de tout geek biberonné à Goldorak et compagnie – dont le récent Pacific Rim, forcément. Du coup, l’arrivée sur PC et Xbox One de TitanFall, dont c’est le principal credo, a de quoi donner envie de pousser des petits cris hystériques en installant le jeu de près de 50 Go sur son disque dur. Mais passé le plaisir de la découverte, déjà bien entamé par la bêta en février dernier, que reste-t-il ? C’est la toute la question.
Une campagne, pour la blague
Point important à souligner si vous n’êtes pas déjà tous au courant : Titanfall est un jeu exclusivement multijoueur, et donc 100% en ligne. Si vous êtes du genre à jouer tout seul dans votre coin, passez votre chemin : si le titre propose bien un simili de campagne scénarisé, cette dernière ne consiste qu’à un enchaînement de maps en 6 contre 6 en mode team deathmatch et domination, ponctuées d’échanges via communicateur avec les dirigeants des deux camps qui s’opposent. Des conversations auxquelles, au passage, vous ne comprendrez probablement rien ou presque, plongés comme vous serez dans l’action – et personne ne peut vous le reprocher.
La campagne dispose d’une durée de vie d’environ 2 heures, doublée par le fait qu’elle est jouable côté IMC et côté Milice. En pratique, vous referez les mêmes maps dans l’ordre et seul le camp changera – avec des variations dans le semblant de scénario proposé, forcément – mais les objectifs ne changent jamais. Néanmoins, passer par cette étape vous permet de débloquer des éléments bonus, notamment de nouveaux modèles de titans. Vous n’y couperez donc pas.
Entre défouloir classique et personnalisation minutieuse
Du côté des différents modes de jeux, pas grand-chose de neuf par rapport à ce qui était proposé en bêta : ils sont au nombre de cinq. On trouve l’Attrition, qui correspond à un match à mort par équipe qui comptabilise aussi dans le score les dommages infligés aux soldats et spectres contrôlés par l’IA, Domination de points-clés, où il faut capturer et défendre 3 positions, Capture de Drapeau, où il faut ramener le drapeau ennemi à son camp tout en empêchant l’adversaire d’en faire de même, Chasseur de pilote, une variante de l’Attrition où seul les frag de pilotes compte, et Dernier Titan , un match à mort où l’équipe gagnante est celle à qui il reste au moins un Titan debout à la fin de la partie. Ce dernier mode, le plus original, est également le plus répétitif puisque les rounds sont généralement courts et n’offrent pas la variété de gameplay proposée par le fait de pouvoir alterner entre le soldat à pied et dans son Titan. Un dernier mode de jeu alterne entre les différents modes cités au-dessus !
Si les modes de jeux s’avèrent donc plutôt classiques, c’est du côté de la personnalisation des soldats et des Titans ainsi que de l’appropriation du gameplay qu’il faut se tourner pour trouver un semblant d’originalité. Car plus on monte de niveau, plus on débloque des éléments qui permettent de personnaliser son expérience de jeu, des armes aux capacités des soldats et titans en passant même par le look – il faut monter de quelques niveaux pour disposer d’un personnage féminin, par exemple.
Un système de cartes à collectionner se débloque actuellement assez rapidement : nommé burn cards, il permet d’activer jusqu’à 3 cartes qui offrent des bonus d’XP, des armes boostées, des capacités augmentées et même quelques fonctions supplémentaires. On les gagne aléatoirement en jouant. Il y en a, pour l’heure, 50 à collectionner.
Cette personnalisation permet de dynamiser l’expérience de jeu et de s’offrir une expérience vraiment agréable à la manette ou au combo souris-clavier. Un joueur qui préférera opter pour la bonne vieille sulfateuse pour dérouiller du Titan pourra faire à sa guise, tandis que l’adepte du bazooka ne sera pas en reste. Même chose côté Titan, où les différents types proposés, s’ils ne sont pas encore très nombreux, peuvent être optimisés au goût du joueur. Un très bon point.
Un gameplay jubilatoire
Même s’il est encore perfectible, Titanfall offre des moments vraiment épiques et un gameplay qui allie FPS classique à trouvailles de circonstances. Tout d’abord, il faut mettre en avant le fait que même si l’un des principes du titre est de piloter un énorme robot, le joueur n’est pas pénalisé quand il se retrouve à pied, dans la peau d’un pilote qui lutte pour sa survie. Même ainsi, il peut mettre des bâtons dans les roues de ses adversaires, même ceux pilotant des Titans.
Outre le fait que chaque pilote soit équipé d’une arme spéciale pour attaquer les Titans, il dispose également d’un jetpack qui permet d’effectuer des doubles-sauts et de rider sur les murs. Et investir les hauteurs dans Titanfall s’avère très intéressant : les maps sont d’ailleurs pensées pour ça. En plus de cachettes à l’intérieur des bâtiments, il est aussi possible d’investir les toits pour dégommer les Titans telle une puce énervant un bon gros toutou. Mais attention : vous n’êtes pas à l’abri pour autant et l’ennemi est aussi capable que vous de vous atteindre.
Tout ça donne une ambiance assez épique aux parties, il faut l’avouer : entre les Titans qui se frittent les uns avec les autres au sol et les soldats qui n’hésitent pas à se poursuivre au sommet des toits, l’ambiance est au rendez-vous. Ajoutez à cela la possibilité d’escalader les Titans alliés pour se protéger ou couvrir leurs arrières, ou encore de faire du rodéo sur les Titans ennemis pour les saboter, et vous avez de quoi vous amuser un petit moment.
Une progression casualisée ?
« Oh là là, de quoi elle nous parle de casual pour un FPS multijoueur ? » Oui, bon, c’est peut-être un poil exagéré. Reste que l’un des constats rapidement faisable en jouant à Titanfall, c’est que même une défaite n’est pas très pénalisante : on gagne des points quand même, et donc des niveaux. De même, le bidasse à pieds qui participe à dégommer un Titan adverse gagnera des points bonus de soutien, et un joueur qui protège un point de contrôle en mode Domination récolte régulièrement 75 points d’expérience pour « service rendu ». En somme, Titanfall ne récompense pas que le frag pur et dur, et une organisation judicieuse de l’équipe pour maintenir les zones sous contrôle ne pénalise pas les adeptes du planton – d’aucun parleront de camping, MAIS BON.
Le jeu a donc le mérite de ne pas être frustrant concernant la progression et même si l’investissement dans une partie détermine au final le nombre de points récoltés pour monter dans les niveaux, il est possible de s’en sortir honorablement sans chasser l’intrus à tout va. Ce qui est néanmoins très vrai dans les premiers niveaux l’est moins dans les niveaux les plus élevés, et ceux qui veulent évoluer vite choisiront, bien évidemment, une stratégie agressive.
Un matchmaking infernal
Mais tous n’est pas rose dans Titanfall et, paradoxalement, c’est du côté de fonctionnalités élémentaires pour un jeu multijoueur que le bât blesse. On peut pointer du doigt un matchmaking absolument imbitable pour le lancement du jeu, qui ne voit aucun problème dans le fait de mettre une équipe de joueurs en-dessous du niveau 10 fasse à des adversaires de niveau 30 ou plus. Forcément, les parties s’en retrouvent fortement déséquilibrées… autre point quelque peu choquant : l’absence de possibilité de filtrage des parties, notamment selon les maps. Lancer une session se fait au petit bonheur la chance, le seul paramètre accessible au joueur étant le mode de jeu choisi.
Des points sur lesquels Respawn Entertainment travaille actuellement, ce qui est un bon point. Mais il est proprement aberrant qu’un jeu centré sur le multijoueur, et uniquement sur le multijoueur, ne dispose pas de ces fonctionnalités élémentaires à son lancement.
Source et Azure pour le plaisir des yeux (Yana)
Graphiquement, le jeu est loin d’être vilain, celles et ceux qui possèdent une très bonne configuration sur PC devraient en prendre pleins les yeux. Le moteur Source, bien utilisé, peut donc encore faire des merveilles et permet aussi à des configuration plus modeste de pouvoir faire tourner le jeu. Un jolie performance à laquelle s’ajoute le dynamisme des maps, qui apporte un côté épique aux affrontements : cette partie est géré par la plate-forme cloud de Microsoft, Azure, et si la plupart des joueurs s’en soucieront peu, elle présente un bon premier avant-goût de ce que réserve la next-gen en terme de performance en multi. En effet, l’intelligence artificielle et la majorité des animations qui se déroulent en partie sont calculées par le cloud, laissant votre PC concentrer ses ressources pour faire tourner le jeu de façon optimale. Bon en revanche, on ne va pas se mentir : les ennemis restent tout de même relativement stupides et possèdent le temps de réaction d’une moule quand il s’agit de repérer votre présence.
De la même façon, les fichiers audio n’ont pas été compressés pour toujours gagner en performance. Ceci étant, on restera prudent sur cette information donnée par les développeurs car si elle peut être justifiée pour assurer que le jeu tourne sur un PC dual-core (un processeur étant forcément sollicité pour effectué la décompression), on se demande pourquoi le jeu n’offre pas le choix pour des PC plus robustes de compresser les quelques 37 Go de fichiers audio. Sur Xbox One, le problème ne se pose pas puisque la console bénéficie d’un hardware dédiée à cette tâche, d’où une installation beaucoup plus légère sur le disque dur.
Quoiqu’il en soit, le jeu est très vivant pour un titre multijoueur aux concepts classiques et plutôt bien optimisé sur PC pour des configurations assez modestes. Si l’habillage des menus pouvaient laisser craindre à certains que l’on se retrouverait face à un « Call of Duty avec des robots » tant ils se ressemblent, tous nos doutes sont dissipés une fois lancé dans la partie car nous sommes très loin des maps plus « statiques » proposées par le titre d’Activision, où seuls les joueurs participent à l’action générale.
Quid de l’aspect compétitif ? (Yana)
A ce stade, on aura encore un peu de mal à évaluer le potentiel du titre sur son aspect compétitif, l’ajout d’une IA étant un paramètre aléatoire qui influe forcément un petit peu sur le déroulement des parties. En terme de système de jeu a proprement parler, on appréciera que le système de cartes apporte un certain équilibre aux classes personnalisées, évitant ainsi à la fois trop de monotonie dans le gameplay tout en veillant à ne pas être utilisé de façon abusive : une carte ne s’active qu’une fois dans la partie, la grande majorité se désactive dès que l’on se fait tuer et il faut penser à l’activer avant de respawn ou en tout début de partie.
Respawn Entertainment réussi le tour de force de proposer un jeu à la fois agréable jouer en partie publique, tout en ayant un potentiel stratégique conséquent dès lors que l’on souhaite jouer en équipe. Les Titans, ainsi que les pilotes, sont complémentaires et peuvent offrir un large choix de tactiques pour peu que l’on soit organisé. Certains équipements et certaines compétences sont d’ailleurs volontairement orientés pour inciter les joueurs à coopérer pour être efficace comme les rayons plasma qui requiert d’être chargées avant d’être tirées ou l’utilisation de bouclier.
Reste que le jeu ne semble pas avoir été spécialement pensées, pour le moment, pour l’e-sport et étant donné le fonctionnement du jeu par rapport aux serveurs dédiés et à l’utilisation du cloud, on a bien du mal à imaginer la chose en LAN, sans compter le fait qu’un mode spectateur n’est pas encore intégré dans le jeu. De plus, pour l’instant, pas moyen de choisir la map sur laquelle on souhaite jouer, donc impossible de s’entraîner proprement ou de s’organiser vraiment en « clan ». Les salons privées sont bien prévus dans une prochaine mise à jour mais clairement, l’e-sport ne semble pas être une priorité et manette ou souris en main, on comprend quand même ce choix de privilégier l’aspect fun du jeu : il en faut pour tous les goûts après tout et un jeu de tir en multi n’a pas nécessairement besoin d’être ultra compétitif pour être un très bon jeu.
En conclusion, Titanfall est un titre qui s’avère, comme on l’espérait, prenant et jubilatoire. Un constat rassurant pour un titre très attendu. Néanmoins, ses défauts et son contenu actuellement relativement limité peut laisser craindre que le jeu finira rapidement par lasser les joueurs les plus exigeants : il faut donc espérer que Respawn et Electronic Arts ont du contenu en stock pour enrichir l’expérience de jeu.
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