Après une seconde saison en demie-teinte, pour cause de grand n’importe quoi un peu trop ouatzefuckesque, même pour une série comme Once Upon A Time, la troisième saison avait fort à faire pour remonter la pente généreusement savonnée par Tamara et consorts l’année dernière.
Attention : si cette critique ne spoile pas la troisième saison, elle part cependant du principe qu’avant de vous intéresser à la saison 3, chers lecteurs, vous avez vu la seconde…
Hélas, trois fois hélas ! La saison 3 commence comme la seconde avait fini : pas très très bien.
Si le sujet n’est pas en cause, puisqu’il s’agit de récupérer Henry au Pays Imaginaire, la façon dont tout ceci est traité (et le jeu approximatif de Gilmore, l’interprète d’Henry, n’arrange rien) l’est un peu plus.
Tout d’abord, le choix (audacieux ? Budgétaire ?) de concentrer l’action présente sur le Pays Imaginaire (et donc une poignée de personnages) aurait pu, aurait dû, être l’occasion de se concentrer sur lesdits personnages, de les faire réellement évoluer, avancer, de nous donner de nouvelles informations, etc. Ce n’est malheureusement le cas qu’en de trop rares occasions, et certains font littéralement du surplace. Et oui, Charming Family, on parle de vous.
Non parce que si on regarde bien, Emma, pendant la première saison, ruminait le fait d’avoir été abandonnée, dans la deuxième saison aussi, elle rumine. Et puis ça va mieux. Et que pensez-vous qu’elle fait dans la troisième saison ? *roulement de tambour suspens attention attention* ELLE RUMINE. ENCORE. Emma est une vache, en fait, qui mâche sans cesse ses sentiments ambivalents à l’égard de ses parents, qui l’ont abandonnée, mais c’était pour son bien, mais si, si, elle comprend, mais quand même, ils l’ont abandonnée, mais ça partait d’une bonne intention, mais … OH ! STOP !
On est tous d’accord qu’être abandonné à la naissance, c’est pas cool du tout du tout, et que ça prend du temps à digérer, mais là, il serait quand même temps qu’Emma aille un peu de l’avant, parce que son complexe d’insécurité, son « j’avance puis je recule » avec Neal et ses parents (on a bien dit « ses parents », pas de blagues vaseuses, mairssi), ça devient un peu lassant.
Quant à Snow White et son prince, si leur côté « tout finira bien hihihi, le bien trouve toujours un moyen hihihi » peut parfois avoir son charme, là, ça commence à devenir un peu lourd. Mais genre pas juste vachement lourd, mais baleinement lourd. Et alors le petit fils, Henry, il est complètement débile dans cette première moitié de saison, c’est affligeant.
Et comme on n’est plus à Storybrooke, il n’y a pas grand monde pour faire diversion. Peter Pan s’en sort honorablement, en méchant vaguement flippant, Regina est toujours grandiose (Lana Parilla, on vous aime, sachez-le), Rumplestiltskin a ses moments, mais les autres personnages sont soit trop creux, soit trop pâles pour devenir intéressants.
Bien entendu, il ne faudra pas compter sur nos deux bellâtres pour remonter le niveau : Neal est toujours parfaitement inutile (et c’est toujours un grand moment de voir un dialogue puissant entre Regina et Emma (SUBTEXT !) sur l’avenir d’Henry, pendant que son père fait littéralement tapisserie au second plan). Quant à Hook, il passe de pirate badass à serpillière dégoulinant aux pieds d’Emma, c’est… Pitoyable.
Du coup, cette première moitié de saison laisse vraiment un arrière-goût de marais en bouche : on patauge, on tourne en rond, on s’englue, et puis d’un coup PIM ! PAM ! POUM ! d’un seul coup (et plusieurs dei ex machina), ça se réveille, pour offrir un épisode de mi-saison abracadabrantesque et émotionnellement chargé comme on les aime. Il est vraiment dommage que pour en arriver là, on ait du subir autant de rien sur un rythme lent comme la mort.
A partir de là (l’épisode 11 donc, si vous êtes morts d’ennui devant la première moitié, vous pouvez toujours reprendre x), on retrouve un peu le Once Upon A Time des origines, avec un nouveau méchant over the top comme pouvaient l’être Regina et Rumple à leurs débuts. Tout y est : les costumes de la mort, les brushings d’un autre monde, les dialogues mordants, les WTF ?… Et même si certains défauts du début de saison sont toujours là (comme le manque, a priori génétique, de matière grise chez les Charmings), l’ensemble est nettement plus équilibré, et, partant, nettement plus plaisant. Et puis Snow a des moments tellement touchants avec Regina dans certains épisodes, qu’on lui pardonne d’être un peu niaise.
Ça n’occulte malheureusement pas des pans entiers de l’intrigue nettement moins réussis, comme l’utilisation à outrance des mêmes motifs (il serait bon que les scénaristes consultent rapidement un psychanalyste, il est ÉVIDENT qu’ils ont des choses à régler avec leurs parents), le jeu approximatif d’Henry, les failles béantes de l’histoire, le manque de soin apporté à certaines relations, qui ne sont, du coup, pas crédibles pour deux sous.
On a aussi le n’importe quoi fait avec certains personnages : quel intérêt de faire évoluer des gens, de les construire, de montrer combien ils ont changé, pour tout balayer en trois plans, crachant ainsi gratuitement sur les trois saisons qui viennent de s’écouler ? Pourquoi prouver que tout le monde a droit au bonheur (après en avoir bavé des ronds de chapeau), pour finalement ricaner : « Ha ! Ha ! T’y as cru ? ÉBÉNIIIIIN ! On avait plus d’inspiration, on ressort les mêmes ficelles ! »
Au final, que retenir de cette saison ?
Malgré une première moitié hautement poussive, tout n’est pas perdu grâce à une seconde partie qui renoue avec l’esprit originel de la série. Si on laisse de côté les deux derniers épisodes qui donnent dans la facilité et le parachutage, elle entérine des évolutions plaisantes et bienvenues de certains personnages, sorte de récompense attendue depuis longtemps, et change la donne relationnelle de manière parfois surprenante et assez réussie. Et puis, BIEN SÛR, n’oublions les montagnes de subtext entre Regina et Emma. C’très important.
Cependant, la sur-utilisation des mêmes mécaniques psychologiques, le grand parachutage de personnages et de sentiments, la « torture » gratuite de certains protagonistes finissent par peser lourd, et si la quatrième saison n’y prend pas garde et ne redresse pas la barre, on pourrait finir par se lasser.
Et étant donné le big bad prévu en saison prochaine, on peut avoir du très bon… Ou du très « déjà-vu ».
Réponse dans quelques mois.
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