Les Tortues Ninja ont marqué la jeunesse de plusieurs générations de fans depuis leur création en 1984. Les fans de la première heure sont facilement quadra aujourd’hui. L’annonce d’un nouveau film, produit par le polémique Michael Bay, laissait présager un nouveau souffle dans la carrière cinématographique de ces héros pas comme les autres. Malheureusement, comme on pouvait le craindre, ce n’est pas vraiment pour le meilleur.
April O’Neil est une jeune journaliste qui rêve de grands reportages, mais qui se retrouve à traiter des sujets bas de gamme avec son cameraman attitré. A la recherche du scoop qui fera évoluer sa carrière, elle se retrouve en plein milieu d’un combat opposant le redoutable clan des Foots et de mystérieux combattants agiles de deux mètres de haut. April va rapidement découvrir que ces protecteurs de New York n’ont pas grand-chose d’humain…
Ce n’est pas un scoop, Donatello, Leonardo, Raphael et Michelangelo ont subi un relooking très agressif pour ce nouveau film, réalisé par Jonathan Liebesman. « Subir », c’est vraiment le juste verbe, tant la tête des reptiles mutants, anthropomorphisés davantage que dans les films précédents, donne l’impression d’un lifting foiré. Si on parvient malgré tout à s’en contenter, c’est probablement par le regard est attiré par tout ce qui pétarade dans ce film, c’est à dire à peu près 80% des scènes.
Des tortues et des hommes
On ne va pas tourner bien longtemps autour du pot : Ninja Turtles n’est pas une réussite, loin de là. Son scénario tient sur un timbre poste, sa réalisation est hystérique et son casting est frelaté. Paradoxalement, on peut difficilement jeter la pierre à Megan Fox, qui fait ce qu’elle peut dans le rôle d’une April O’Neil qui se veut plutôt combative. On remercie l’actrice de faire l’effort de fermer la bouche dès qu’elle le peut, donnant ainsi un peu moins l’impression qu’elle a les muscles du visage trop atrophiés pour le faire. En fait, si Megan Fox tient la route, c’est surtout parce que le reste du cast « humain » est un concentré de cabotinage : Will Arnett, acteur comique de grand talent très peu connu en France, ne risque pas de s’offrir une grande carrière internationale avec son rôle de cameraman mi-neuneu mi-courageux. La palme du « Qu’est ce que je fous là » revient cependant à William Fitchner, tout sauf convaincant dans un rôle de méchant aux motivations complètement foireuses.
Heureusement (ou pas) ce sont bien évidemment les Tortues Ninja qui accaparent une bonne partie de l’attention. Elles sont moches, on l’a déjà dit, mais heureusement, il n’y a pas que le physique dans la vie : elles sont drôles. Les dialogues fusent, elles font des blagues, et vannes potaches, des jeux de mots et glissent même parfois des références culturelles qui font mouche auprès d’une grosse tranche du public visé, à savoir les geeks. On finit finalement par bien les aimer, même si, il faut l’avouer, elles sont un peu fatigantes, et qu’en sortant de l’1h40 que dure le film, on a clairement le sentiment d’avoir eu une dose bien suffisante.
Rien dans la carapace
Passé le show des tortues, le film est une coquille – ou plutôt une carapace – vide. Capable du passable (World Invasion : Battle Los Angeles) comme du mauvais (La Colère des Titans) Jonathan Liebesman signe clairement ici l’oeuvre d’un Yes Man qui a du avoir Michael Bay sur le dos tout le long du tournage. Pourquoi cette impression ? Entre les combats illisibles, les explosions dans tous les sens et l’armure d’un Shredder ultra-décevant, on a l’impression de se retrouver devant Transformers 5. Relativisons la chose cependant : là où Transformers 4 était la pire des tortures cinématographiques, Ninja Turtles parvient à intéresser un minimum jusqu’à son générique de fin, mais c’est très probablement parce qu’il dure une heure de moins.
Il est toujours triste de voir la manière dont Hollywood ramène toujours des histoires et intrigues épiques qui parlent aux enfants et adolescents à des préoccupations banales et mercantiles. Dans les Tortues Ninja historiques, on a l’habitude de voir les 4 héros lutter contre des ennemis dont le but est la conquête du monde, voire de l’univers, grâce à des stratagèmes plus ou moins originaux, mais quoi qu’il en soit inventifs. Dans Ninja Turtles, Shredder n’a finalement qu’un rôle de faire-valoir vis-à-vis d’un autre méchant, qui n’est motivé que par une chose : le fric. Quand le vilain pas beau dévoile son plan, non seulement ce dernier est d’une totale stupidité, mais il est également d’une terrible banalité. Tristesse infinie.
Pourtant, le scénario tente quelques percées, en glissant çà et là des références à l’histoire d’origine. La genèse des tortues tente de mélanger avec plus ou moins de bonheur les points du départ du comics et de la série animée des années 90, et quelques clins d’oeil qui parleront sans doute aux fans se glissent dans le film. Mais l’intérêt global part tellement de zéro que ça ne suffit clairement pas à sortir de la séance avec la pêche, d’autant que l’intrigue, dans sa grande majorité, se prend tristement au sérieux.
Un ratage lucratif
Si Ninja Turtles n’inspirait pas confiance depuis un bon moment, on aurait pu croire que la casse serait un minimum évitée. Hélas, il n’y a vraiment pas grand-chose à sauver. Le film nous fait cependant la fleur de ne durer qu’1h40, et évite de diluer de manière exécrable son scénario minimaliste, dont la totalité des enjeux s’évaporent totalement durant le dernier quart d’heure pour aboutir sur ce qu’il fait de mieux, c’est-à-dire du n’importe quoi.
Malgré tout, le long métrage a attiré suffisamment de curieux aux Etats-Unis pour qu’un second volet soit d’ores et déjà sur les rails. Il se murmure même que certains personnages emblématiques pourraient être présents, à l’image de Casey Jones et Krang. Y a-t-il un espoir pour que la suite soit plus réjouissante ? Honnêtement, il n’y a pas grand-chose dans ce film qui donne envie d’attendre un quelconque second volet. Dommage, on attendait que ça, vraiment.