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Annoncé à l’E3 en 2013 comme exclusivité Sony, The Order : 1886 s’était ensuite dévoilé par très petites touches jusqu’à sa sortie le 20 février dernier.
Les diverses images et bandes-annonces montraient un univers sombre, vaguement steampunk, mais néanmoins prometteur. La sortie du jeu a cependant été accompagnée d’une polémique sur sa longueur, un youtubeur ayant posté une vidéo le montrant finir le jeu en à peine cinq heures.
Les développeurs et certains sites spécialisés étaient évidemment montés au créneau, expliquant que l’important c’est la qualité, et non la quantité, ce en quoi ils avaient tout à fait raison.
Alors, The Order : 1886, court mais intense ? Court mais déjà trop long ? 

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Londres, 1886 : Une ville transformée par la science et la technologie, mais vivant dans la peur d’un ennemi inhumain ancien (*brrrrrr*). Dans la peau de Galahad, membre d’un ordre de chevaliers d’élite, prenez part à la bataille pour préserver l’avenir de l’humanité.
Equipé d’armes et de technologies avancées, remportez une guerre séculaire qui déterminera à jamais le cours de l’Histoire (rien que ça).

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Alors. Autant vous prévenir tout de suite, rien de ce qui est écrit ci-dessus ne se réalisera, hormis le fait que vous incarnez bien Galahad. Mais, chaque chose en son temps.

Une entrée en matière fête et paillettes.
Une entrée en matière fête et paillettes.

 

Suite à des événements suspects dans le quartier de Whitechapel, Galahad (le joueur, donc), Sir Perceval, Lady Ygraine et le marquis de Lafayette mènent l’enquête, c’est-à-dire suivent un couloir en tirant sur des trucs.
Le gameplay se résume d’ailleurs à ça : avancer en ligne presque droite en tirant sur des gens, ou en les égorgeant au corps à corps si vous vous sentez d’humeur tranchante.
La partie gunfight est plus que classique : vous vous mettez à couvert, vous visez, vous tirez, en alternant entre une arme de poing ou un fusil, Galahad ne pouvant porter que deux armes. Vous pouvez aussi y aller à la grenade, fumigène ou explosive, pour un petit peu de lol dans ce monde de brutes.

Petite séquence de tir au pigeon
Petite séquence de tir au pigeon

 

Vous avez également la possibilité de passer en mode « Vue Noire », une sorte de bullet time, et si jamais vous vous êtes fait un peu trop amocher, l’Eau Noire vous permet (à l’aide d’une QTE), de revenir dans la partie (à condition que vous ne soyez pas achevé avant d’avoir eu le temps de boire, bien entendu).

De temps en temps, il y aura aussi quelques séquences d’infiltration (franchement pénibles, puisqu’à base de QTE, et si on en rate une, on meurt et on recommence depuis le début), et parfois, il faudra crocheter une porte ou surcharger un appareil électrique, à l’aide de QTE, encore.
Pour le reste, comme c’est du pur couloir, il suffira d’avancer et d’appuyer sur un bouton quand on vous y invite (QTE ?) pour ouvrir une porte ou monter un escalier.

Discret système de crochetage de serrure...
Discret système de crochetage de serrure…

 

Je crois que c’est la première fois que je décris un gameplay si rapidement dans un test. C’est simple, c’est vide. Il n’y a pas de points d’expérience, pas de points de compétence, pas d’argent à gagner. Du coup, pas de personnalisation du personnage, pas d’amélioration des armes, RIEN.
De plus, les combats reposent uniquement sur les armes (peu nombreuses) ou sur des QTE (ennuyeuses comme la mort), dans des couloirs en ligne droite, ce qui rend les combats absolument… creux. Sans demander que Galahad ait des supers pouvoirs, un petit truc en plus aurait pu donner un peu de punch à l’ensemble, un peu de fun, comme les vigueurs dans Bioshock Infinite par exemple.

Cette machine transforme le courant continu en courant alternatif. Voilà.
Cette machine transforme le courant continu en courant alternatif. Voilà.

 

Il  y a bien quelques armes un peu sympas à utiliser, comme le fusil à thermites, qui vous permet de noyer l’ennemi dans un nuage de spores avant de les enflammer, mais le système de munitions est tellement bancal… Vous ne manquerez jamais de munitions dans le jeu. En revanche, chaque arme a ses propres munitions, que ce soit justifié ou non. Concrètement, ça signifie que vous allez régulièrement vous retrouver avec des TONNES de munitions au sol, mais AUCUNE pour votre arme.
Un moyen comme un autre pour le jeu de décider à votre place quoi faire et comment le faire.

C'est choli didon...
C’est choli didon…

 

Parce que déjà que ce n’est pas bien brillant en terme de gameplay, entre les combats répétitifs (avec des ennemis peu variés et à l’intelligence douteuse) et les QTE sans intérêt (les combats contre les lycans sont nuls : vous restez à un endroit, vous tirez sur le loup-garou, vous appuyez sur croix, rinse, repeat. Yeah, trop EXCITANT QUOI !), le jeu s’offre le droit de décider quand vous pouvez courir, quand vous pouvez vous pencher, quand vous pouvez sortir votre arme, et même, quelle arme vous avez le droit d’utiliser.

Non, vraiment, c'est joli
Non, vraiment, c’est joli

 

Combien de fois un fusil fraîchement looté disparaît après une cutscene ? Sans doute Galahad a-t-il été pris de démangeaisons à un endroit de son anatomie où la lumière ne brille jamais, et y a perdu son fusil de snipe en tentant de remédier au problème.
En plus, le gameplay, si réduit soit-il, n’est pas exempt de problèmes : Sir Galahad a tendance à « coller » aux décors en mode furtif, il y a régulièrement des problèmes de latence quand vous voulez escalader un mur et l’ergonomie a été pensée avec les pieds. Cliquer sur le joytick qui permet de se déplacer pour courir, c’est pénible. Devoir déplacer quelque chose avec le joystick droit, et appuyer sur carré ou triangle en même temps, c’est pénible : je sais pas vous, mais moi, j’ai qu’un pouce.
Et puis le côté « exploration » est risible. On est dans des couloirs, donc y déjà pas grand chose à explorer, mais il y a tout de même deux-trois objets à récupérer : des photos, des enregistrements, des journaux… Mais ces objets n’ont AUCUN intérêt. Parfois, vous vous éloignez du trajet prévu pour examiner… Une boîte de thé. Wouah. C’est tellement intéressant. On se sent tellement gratifié, en tant que joueur.

On vous ment pas : voici une boîte de thé.
On vous ment pas : voici une boîte de thé.

 

Donc, le gameplay est complètement sans intérêt, mais peut-être l’histoire et l’univers nous prennent, nous passionnent ? Peut-être les personnages sont attachants ? Souvenez-vous, on nous promettait « une guerre séculaire qui déterminera à jamais le cours de l’Histoire, une bataille pour préserver l’avenir de l’Humanité ».
ET BEH NIN !

Il y a quelques easter eggs...
Il y a quelques easter eggs…

 

L’Ordre avait un vrai potentiel, et, vu le nombre de cutscenes et de cinématiques, les personnages, leurs relations, leurs émois intérieurs, la situation politique compliquée, avaient largement la place d’être mis en valeur, surtout que les graphismes étant très réussis, les personnages ont de vraies expressions, leurs yeux sont très bien modélisés, et le doublage est plutôt bon.
De plus, le jeu est vraiment très beau, de quoi créer une belle atmosphère, bien nous faire sentir l’uchronie, le steampunk, ce pour quoi on a acheté le jeu au départ.

On vous a dit, déjà, que c'était joli ?
On vous a dit, déjà, que c’était joli ?

 

Le résultat est malheureusement en dessous de tout. Malgré des heures de cutscenes et de cinématiques, pratiquement aucun personnage ne sort du lot; le steampunk et l’uchronie, on les sent autant que trois gouttes de menthe dans un bassin olympique, et à aucun moment on ne sent les enjeux de la lutte de Galahad, c’est à peine si on comprend vraiment ce qui se passe et pourquoi tout le monde a l’air inquiet.
Sans compter, évidemment, qu’outre la mise en scène grandiloquente et peu inspirée, on ne peut pas dire que les différents rebondissements soient bien surprenants : certains ont un néon de la taille de la Tour Eiffel au dessus de la tête qui indique : « attention, je ne suis pas un gentil » depuis les premières secondes du jeu, et si vous avez un peu lu la quête du Graal, certains prénoms sont un peu des spoilers.

Sugar Daddy et sa Lady.
Sugar Daddy et sa Lady.

 

Les relations entre les protagonistes sont écrites n’importe comment : pendant tout le début du jeu, par exemple, la relation entre Lady Ygraine (Isabeau de son prénom. Isabeau quoi…) et Galahad est clairement présentée comme une relation de mentor à élève, un peu paternelle, et ça fonctionne assez bien. Et puis BIM, d’un coup, entre la poire et le fromage, on apprend qu’ils sont amants. Mais ? Vous avez changé d’idée en cours de route ou ?

Les rares personnages qui auraient pu être un peu profonds jettent leurs cerveaux en chemin, en mode YOLO, ce qui donne des dialogues absolument ridicules de n’importe quoi, et qui trahissent les personnages.

Parfois, il y a de l'humour drôle. Parfois.
Parfois, il y a de l’humour drôle. Parfois.

 

Exemple. Vous êtes Galahad, présenté comme un mec plutôt calme, serein, expérimenté et pas trop trop bête. Vous venez de faire un truc qui peut paraître louche, et votre amante vous interroge. Que faites-vous ?
A. Vous lui achetez du chocolat et une robe.
B. Vous lui expliquez vite fait la situation.
C. Un truc complètement débile en opposition avec votre personnage, mais faut bien faire avancer l’histoire et les scénaristes sont des feignasses.
Evidemment, Galahad choisit la réponse C…

Si on pouvait laisser Tesla en dehors de ça...
Si on pouvait laisser Tesla en dehors de ça…

 

De la même façon : vous êtes Isabeau, présentée comme une nana plutôt sympa, un peu moqueuse mais pas stupide, votre amant/mentor (votre amentor HAHAHAHA… Hem) vient de faire un truc un peu louche. Que faites-vous ?
A. Vous lui faites un peu confiance, vous lui laissez le bénéfice du doute.
B. Vous mangez du chocolat, les mecs, c’est tous des blaireaux
C. Un truc complètement débile en opposition avec votre personnage, mais faut bien faire avancer l’histoire et les scénaristes sont des feignasses.
Evidemment, Isabeau choisit la réponse C, elle aussi.
Ce qui donne une scène particulièrement affligeante digne d’une maternelle. Et le reste est du même tonneau.

Oui, il a un prénom un peu pourri...
Oui, il a un prénom un peu pourri…

 

Pire encore, de tout ce qui était un minimum intéressant, comme la relation entre l’Ordre et les demi-humains, rien, RIEN n’est utilisé. On ne sait pas plus ce qu’est l’Ordre à la fin du jeu qu’au début, on ne sait pas comment ils en sont arrivés à se créer, d’où ils tirent leurs « pouvoirs », et de nombreux éléments sont laissés sans réponse, au hasard, les seuls qui pouvaient être un peu sympas à explorer.
Il y a bien deux-trois personnages qui sortent un peu du lot, mais magiquement, jamais on ne s’attarde dessus. Et il y a également au moins un personnage qui apparaît et disparaît quand ça lui chante, et… On n’apprendra jamais rien sur lui. Pire encore, il n’existerait pas, l’histoire serait exactement la même.

Et le jeu s’achève sur une fin parfaitement débile, d’un intérêt limité, le tout rendu encore plus ridicule par la mise en scène pompeuse tendance vaguement philosophique. Sans parler, bien sûr, du combat final, qui est… Une arnaque ?

Lady Ygraine ne sait pas quoi dire devant tant de vide scénaristique.
Lady Ygraine ne sait pas quoi dire devant tant de vide scénaristique.

 

The Order : 1886 est donc un jeu dirigiste, au gameplay plat, et à l’histoire inintéressante. A chaque fois que vous vous sentez un peu dans le jeu, vous êtes interrompu par une QTE pénible (qui ne récompense même pas le joueur avec une scène un peu épique) ou par une cutscene, et comme le scénario est nul, et que vous ne pouvez pas passer les scènes, vous avez juste envie de vous pendre, tellement le résultat est poussif, le rythme bancal, l’ensemble sans intérêt.
La frustration est d’autant plus grande que le jeu est magnifique, et qu’entre l’Ordre, les demi-humains, la situation politique, il y avait de quoi faire. Tout ce potentiel pour un jeu sans replay-value (puisque l’histoire est parfaitement linéaire, qu’il n’y a pas de NG+, bref…) qui se finit en maximum (GRAND maximum) 10h, c’est… Les mots me manquent.

A part que le jeu est joli XD
A part que le jeu est joli XD

 

Il n’y pas non plus de mode multijoueur, ce qui est vu comme un défaut par certains, mais qui n’en est pas un : un jeu solo n’a pas besoin d’un mode multijoueur. Et de toute façon, même un mode multi n’aurait pu sauver The Order x).

[styled_box title= »En résumé » class= » »]

Si vous êtes riche et que vraiment, vraiment, vous voulez tester The Order : 1886 par vous-même, personne ne peut vous en empêcher. En revanche, si vous faites partie du commun des mortels, attendez au moins que le jeu baisse de moitié. Voire même, attendez son mois gratuit sur le PS+.
Et même gratuit, à part les yeux beaux d’Isabeau, des graphismes soignés, et une bande son de qualité, le jeu n’a pas grand intérêt. Mais au moins, vous ne regretterez pas votre investissement devant cette magnifique coquille… Complètement vide.
Ce n’est ni un bon jeu de tir, ni une expérience cinématographique de qualité : Heavy Rain et Beyond : Two Souls ont déjà montré ce qu’un « film interactif » pouvait être, et ici, on en est bien loin.

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Tags : exclusivitéPlaystation 4Ready at DawnshooterSonyThe Order 1886TPS
Aurigabi

Gentle Geek Aurigabi

Fille de Mary Poppins et Xena la Guerrière, aime se promener dans les bois pluvieux. Avec une console. Ou un comics. Avant que les cylons n’arrivent…

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