L’aventure est sur ton chemiiiiin, il suffit de tendre la maiiiiin… (Bernard, si tu nous entends, coucou !).
Presque trente ans après le début de la publication du manga de Kurumada, TOEI Animation nous offre un film reprenant les débuts des valeureux Chevaliers de Bronze.
Réalisé par Keiichi Sato, le film, en images de synthèse, est sorti en salles françaises le 25 février dernier.
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Au commencement, il y avait une Déesse chargée de protéger la Terre, Athéna. Gardienne de l’équilibre, elle fut cachée des Forces du Mal.
Quand sa vie est menacée, Seiya et les Chevaliers de Bronze endossent leurs armures. Ce sont les protecteurs d’Athéna, les Chevaliers du Zodiaque.
Pour sauver leur Déesse et l’avenir de la Terre, ils vont devoir atteindre le Sanctuaire du Grand Pope et y affronter sa légendaire armée des douze Chevaliers d’Or (dun dun DUUUUUUUN).
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Plus qu’une adaptation fidèle de l’oeuvre originale, Les Chevaliers du Zodiaque : La Légende du Sanctuaire est une sorte de reboot, reprenant les treize premiers tomes du manga (ou les soixante-treize premiers épisodes de la série animée) en les « dépoussiérant » un peu, sans doute dans le but de plaire à un public plus jeune qui n’a pas connu les années 80 (et qui n’achète donc pas les mangas, les DVD, et les figurines hors de prix : ça ne peut pas durer).
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La scène d’introduction est plutôt jolie et place assez bien son sujet : ça va se battre, et ça va se battre beau, avec effets de lumière et de puissance à une autre échelle que ce à quoi le manga et l’animé avaient pu habituer les fans. Le Sanctuaire a été revisité et ressemble un peu à celui que l’on peut voir dans le film Tenkai-hen Josō: Overture: plus aérien, moins humain, avec des maisons qui font vraiment ressortir la personnalité des Chevaliers d’Or qui les habitent.
Question décor et animation, c’est donc assez réussi, même si certains combats sont au final peu lisibles à cause des effets de vitesse.
La première demie-heure du film fait un travail assez honnête pour planter le décor : qui est Saori, pourquoi on lui en veut, qu’est-ce que le Sanctuaire, qui sont les Chevaliers du Zodiaque, etc. Il y a des changements parfaitement inutiles dans le lot (genre le vieux Kido qui trouve Saori au milieu du Népal), mais globalement, le film s’en sort assez bien dans cette partie, même si on n’entre pas dans les détails.
Les choses se compliquent quand Saori et sa petite troupe arrivent au Sanctuaire… Parce qu’il faut faire rentrer une vingtaine de chapitres (trente-trois épisodes de la série animée, si on enlève toute le première partie avec le Tournoi Galactique, le retour d’Ikki, les Chevaliers d’Argent…) dans une heure de film… Soyons clairs c’est impossible.
On se retrouve du coup avec des combats rapides, d’autres qui disparaissent carrément, et des personnages, en dehors de Saori et Seiya, qui sont parfaitement vides. On perd donc toute une partie de ce qui faisait l’âme de l’oeuvre originelle : le « grand méchant » n’a aucune profondeur, il est juste méchant, on ne sent à aucun moment la montée en puissance des Chevaliers de Bronze, qui s’éveillent au Septième Sens comme on reprend une part de tarte à la cantine. Rien à voir avec l’ennemi torturé du manga et de l’anime, et le dépassement de soi, on s’assoit dessus.
Il en va de même pour les états d’âme des Chevaliers d’Or : si dans l’oeuvre de départ, on comprenait bien leurs doutes et leurs motivations, dans le film, ils ont surtout l’air de gens qui ne savent pas trop où ils ont mal.
De plus, si Hyoga et Shiryu ont droit à leurs moments de gloire, Shun et Ikki sont condamnés à faire du tricot en fond pendant tout le film, et ça, CA, c’est tout bonnement IMPARDONNABLE.
Entre les combats rapides et les dialogues, on se retrouve également face à un problème de rythme et d’enjeux : si on tolère tout à fait un monologue sur l’amour et l’amitié et la justice et la persévérance après quatre épisodes de lutte acharnée, ouatmille monologues entre des combats qui ne semblent pas bien difficiles, c’est… Lourd, en fait.
On saluera cependant l’effort qui a été fait de tenter d’intégrer un peu plus Saori dans l’action, même si le résultat est assez mitigé : au final, elle n’est guère plus utile que dans l’oeuvre originelle (dans laquelle, pour rappel, elle agonise en gisant et gémissant pendant des heures et des heures et des heures). Mais elle gémit toujours autant.
Enfin, le combat final est un grand moment de surenchère et de débauche de puissance et d’effets spéciaux. C’est très joli à regarder, mais pour ceux qui connaissent le manga et l’animé, on se demande si on est toujours chez les Chevaliers du Zodiaque, ou face au boss de fin d’un RPG japonais : ça n’a aucun sens dans l’univers de Saint Seiya.
Le scénario a donc été drastiquement coupé pour un résultat pas franchement réussi. Mais les changements ne s’arrêtent pas là, puisque nous avons un « reboot ». Et là, les avis seront sans doute partagés.
Un travail indéniable a été fait sur les armures, qui ressemblent à de vraies armures bien rigides (ce qui n’était pas toujours le cas dans l’oeuvre d’origine), et malgré leur petit côté Transformers, elles ne devraient pas déplaire aux fans, s’ils arrivent à passer outre les néons qui s’allument quand les Chevaliers brûlent leur Cosmos.
En revanche, le coup du médaillon qui contient la tenue (sans doute emprunté à Saint Seiya Omega), c’est franchement moins classe que la grosse boite en métal, surtout que lesdits médaillons ressemblent un peu à des pendentifs de kéké…
Avis partagés également sur le chara-design. Si les Chevaliers de Bronze s’en sortent pas trop mal, les créateurs se sont un peu laissés emporter sur certains Chevaliers d’Or : Aldébaran, Chevalier du Taureau, avec un anneau dans le nez, on a vu plus subtil. Tout comme les lunettes de Mu, pour bien montrer que c’est un Chevalier plein de sagesse.
L’humour est également plus présent, notamment au début du film, sans doute dans un effort de bien faire sentir l’âge réel des Bronzes (qui sont censés être des ados). C’est pas trop mal fait, et ça passe assez bien. En revanche, des substances illicites ont sans doute été consommées lors de la création de Deathmask, Chevalier du Cancer, qui nous offre un moment « comédie musicale » absolument WTF et aussi débile qu’une valise sans poignée.
Enfin, si la musique n’est pas inoubliable, la VO est tout à fait correcte. Enfin, correcte dans les limites des codes de la japanimation : Saori pousse beaucoup de petits bruits et parle d’une voix très aiguë, Seiya a tendance à hurler avec détermination. Rien de nouveau sous le soleil pour les habitués de la saga.
[styled_box title= »En résumé » class= » »]
Les Chevaliers du Zodiaque : La Légende du Sanctuaire était un combat perdu d’avance. Vouloir condenser efficacement autant de contenu en si peu de temps, c’était voué à l’échec.
Si le résultat n’est pas si mauvais qu’on aurait pu le craindre, et si certains changements sont plutôt positifs (vouloir intégrer un peu plus Saori, faire d’un des Chevaliers d’Or une femme, le Sanctuaire éthéré et ses maisons reflétant la personnalité de leurs gardiens), le résultat n’est pas à la hauteur de l’oeuvre originelle.
Pour les fans, ça donne un film joli à regarder, mais sans aucun intérêt scénaristique, et, pour ceux qui ne connaissent pas Saint Seiya, ça donne… Un film joli à regarder, mais avec des personnages plats et une intrigue menée bien trop vite. Même les combats sont trop rapides pour que le spectateur prenne vraiment son pied.
Et surtout, en voulant résumer le Sanctuaire en un film d’une heure et demie, TOEI a complètement laissé en chemin l’âme de l’oeuvre de Kurumada.
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