Bioware a surpris tout le monde le 24 mars dernier en sortant Les Crocs d’Hakkon, un DLC solo pour Dragon Age : Inquisition, en mode Beyoncé, c’est-à-dire sans promo préalable.
La surprise avait même un double effet kisscool, puisqu’on apprenait dans la foulée que ce DLC était une exclusivité temporaire XboX One et PC. Les joueurs Sony et 360 apprécieront.
Quoi qu’il en soit, les DLC, c’est toujours un peu compliqué : si on met trop de contenu pertinent, on est accusé d’avoir tronqué le jeu d’origine, si on en met pas assez, le DLC n’a aucun intérêt, si c’est trop court, c’est du vol, si c’est trop long, c’est trop long… Les gens sont d’éternels insatisfaits.
En règle générale, Bioware s’en sort assez honnêtement sur ses DLC (à l’exception notable de Mass Effect 3). Est-ce également le cas pour les Crocs d’Hakkon ?
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Arpentez les contrées sauvages des montagnes du sud de Thédas peuplées par les Alvars, des chasseurs aussi féroces qu’indépendants. Plongez dans leur culture pour tenter de découvrir ce qu’il est advenu du dernier Inquisiteur et du dragon qu’il pourchassait. Explorez une ancienne forteresse tévintide renfermant un dangereux secret. Au cours de ce périple inédit, accessible depuis la campagne Dragon Age : Inquisition, vous affronterez de puissants ennemis, remporterez des armes et des armures, et défierez un ancien dieu de la guerre décidé à anéantir le monde. *dun dun DUUUUUUN*
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Ce nouveau contenu se présente sous la forme d’une nouvelle région, le très poétique Cirque des Dorsales du Givre, disponible sur la table des opérations (à condition que vous soyez connecté aux serveurs de Dragon Age…).
Une fois sur place, on est accueillis comme il se doit par notre éclaireuse préférée, Harding, qui sera assez présente tout au long du DLC, pour notre plus grand plaisir.
Sans surprise, le DLC n’introduit aucun changement de gameplay (en même temps, on se doute bien qu’on ne va pas se retrouver à faire des drifts avec des montures tunées), mais pour de nombreux joueurs qui avaient laissé le jeu de côté une fois fini, ce sera l’occasion de découvrir ce que les patchs ont corrigé. Hormis les problèmes techniques (ce qui pourra changer pas mal de choses pour certains), les différences ne sont cependant pas transcendantes : il y a désormais un coffre pour stocker son équipement (enfin !), on peut teindre ses armures, et les objets lootables apparaissent sur le radar quand on lance une « écholocation » (ce qui évite de tourner en rond comme un cochon malade au même endroit pendant cent ans et trois dimanches, parce qu’on a entendu le « ping », mais qu’on ne trouve pas l’objet).
En revanche, la caméra tactique est toujours aussi peu pratique d’utilisation, et on ne peut toujours pas sélectionner tous les membres de son équipe en combat, ce qui est toujoursaussi pénible.
Quoi qu’il en soit, cette région se présente comme toutes les autres régions du jeu : une trame principale à y accomplir, et pléthore de quêtes annexes. Ces dernières sont classiques : aller chercher ceci, retrouver untel, explorer toute la carte, etc. Elles sont cependant cohérentes avec l’histoire de la région et ce qui s’y passe, et se font donc avec plaisir.
La région est agréable à explorer, car elle est plutôt jolie, et offre des paysages variés : plaines, montagnes, ruines, ainsi qu’un marais aux jeux de lumières oniriques. De plus, certaines quêtes demandant d’explorer les ruines, avec ses mécanismes secrets et tout le tralalala, donnent un petit côté Indiana Jones assez sympathique.
Les combats offrent un certain challenge, sans être insurmontables. Ils sont cependant un cran au dessus des combats des zones de même niveau du jeu principal, et l’un des boss pourra vous poser quelques soucis de stratégie si votre personnage n’a pas d’attaques à distance.
Enfin, de nouveaux Astrariums et autres éclats à collecter sont de la partie, les éclats vous permettant d’augmenter votre résistance au froid.
Bien sûr, vos compagnons ont de nouvelles lignes de dialogues automatiques adaptées à la région, et comme d’habitude, certains sont contextuellement plus intéressants : il y a des ruines tévintides, donc Dorian aura un peu plus à dire sur le sujet, et on mène une enquête sur le dernier Inquisiteur, Cassandra aura sans doute des choses à apporter.
Le tout est assez bien écrit, toujours aussi bien joué, et l’humour est bien présent (du moins en VO : certains jeux de mots risquent de passer à la trappe en VF) : on est bien dans Dragon Age : Inquisition.
En revanche, l’histoire qui sous-tend le DLC divisera peut-être un peu les joueurs : on mène l’enquête sur la mort d’Améridan, le dernier Inquisiteur (mort il y a environ huit-cents ans), et, ce faisant, on rencontrera des Alvars. Vous savez, ces gens qui jettent des chèvres sur nos remparts quand ils ne sont pas contents.
Le jeu fait un bon travail pour présenter Hakkon, ses Hakkonites (une tribu Alvar un peu en mode YOLO), la culture Alvar, et plus généralement, pour étoffer l’univers de Dragon Age au travers d’Améridan, sa vie, son oeuvre, et ses rapports avec Drakon (l’empereur Orlésien à l’époque du second Enclin).
Il est vraiment plaisant de découvrir ainsi le monde de Thédas, sans avoir besoin de lire tous les articles du codex : écouter la cheftaine Alvar et son chaman expliquer qui sont leurs dieux, comment fonctionnent leurs mages, leur justice, comprendre comment Améridan est mort, quels étaient les enjeux de sa quête, ses implications politiques et historiques…
Cependant, certains joueurs regretteront que le DLC, aussi intéressant soit-il, n’apporte absolument rien à l’intrigue principale du jeu.
Mais… Si le DLC avait apporté des réponses ou des éclaircissements sur l’intrigue principale, ces mêmes joueurs (et d’autres) n’auraient-ils pas hurlé au scandale ? En mode : « oui, ces informations sont trop importantes, elles auraient dues être dans le jeu ! On nous prend pour des jambons ! On nous vend des jeux en kit ! On nous exploite, on nous spolie ! #ArletteLaguiller #Leviathan »
Au final, Bioware a trouvé pour Les Crocs d’Hakkon le bon équilibre : un DLC intéressant à jouer, parce qu’il permet d’en apprendre plus sur l’univers dans lequel se déroule la saga, parce qu’il permet de retrouver avec plaisir nos compagnons d’aventure, tout en restant purement FACULTATIF.
Cette ligne directrice se retrouve dans les choix qui émaillent la partie : certains auront des conséquences sur l’affection de vos compagnons, d’autres sur de nouvelles opérations que vous débloquerez, ou non, sur la table des opérations, mais aucun n’aura de conséquences sur votre partie principale.
On pourra regretter deux, trois petites choses, comme une musique plutôt en retrait, et un équipement lootable assez décevant : le DLC nécessite d’être au minimum niveau 20 pour se lancer (et la plupart des joueurs vont sans doute s’y essayer avec des personnages fin prêts à affronter Corypheus), il est donc dommage que les plans, les armures et les armes que l’on récupère soient moins efficaces que ceux que l’on possède déjà. Vous vous démenez contre les Hakkonites, vous défiez un dieu (un dieu, c’pas rien quand même !), vous terrassez un dragon et comme récompense vous avez… Peau de balle et variétés.
Enfin, deux mots sur l’exclusivité temporaire : mais pourquoi ? Pourquoi faire un pied-de-nez à ses clients ? Les exclusivités sont une chose, mais les exclusivités temporaires, ça ne rend vraiment service à personne.
D’autant que dans ce cas précis, c’est une demie-exclusivité, puisque les joueurs 360 ne sont pas mieux lotis que les joueurs PlayStation : eux aussi devront attendre mai pour découvrir le DLC.
Microsoft a peut-être cru que les gens jetteraient leurs PS4, PS3 et 360 par dessus bord pour courir s’acheter une XboX One ?
Exclusivité temporaire mise à part, ce DLC fait très honnêtement son travail de DLC. Pour 15€, vous avez une nouvelle région qui vous occupera une huitaine d’heures (au minimum), et qui vous fait découvrir une nouvelle culture, ainsi qu’un pan de l’histoire de l’Inquisition, tout en restant facultatif. C’est tout ce qu’on demande d’un DLC.
Les Crocs d’Hakkon, sorti le 24 mars 2015 sur PC et XboX One.
Possesseurs de PS4, PS3 et autre XboX 360 : il faudra attendre mai.