Après une absence remarquée l’an dernier, la traditionnelle Nuit Cinéphile de l’Etrange festival effectuait son grand retour pour le plus grand plaisir des festivaliers ! Un thème un peu étrange qui avait de quoi attiser la curiosité.
Pour son grand retour cette année, c’est surtout son nom qui aura retenu l’attention et fait parler : Supermégabloodybunnyapocalypticaturbozombinight ! Il n’y aura donc pas de thématique spécifique cette année, si ce n’est que cette nuit sera consacrée à des péloches ouvertement bis. Du post-apo zomblard, un film sur un lapin géant obsédé sexuel, un film à sketchs sur le thème d’Halloween, et un hommage aux films 80’s : on comprend rapidement à la vue de cette programmation que le titre rassemble un adjectif ou une idée propre à chacun des 4 films.
Toujours animée par Rurik Sallé, la nuit s’ouvrait avec la projection d’un court métrage made in France.
Ninja Eliminator 4
Réalisé par Mathieu Berthon, à qui on doit l’excellent Réserviste que nous avions chroniqué ici, Ninja Eliminator 4 reprend le principe de la fausse bande annonce, parodie des films d’actions des années 70/80 qu’il affectionne particulièrement.
Venus présenter leur bébé, le réalisateur et deux membres de l’équipe du film ont trouvé face à eux une salle enthousiaste qu’ils ont su chauffer à blanc avant la projection. Et pour le meilleur : entre ses punchlines prononcées dans un anglais « à la française », ses scènes d’entrainement digne d’un Karate Kid, ses effets spéciaux exagérément ratés (le combat sur concorde aura fait son petit effet), et son scénario improbable, Ninja Eliminator 4 délivre 8 minutes de bonne humeur et de nawak, desquelles transpirent tout le savoir-faire et l’amour de ces films comme on en fait plus aujourd’hui.
Une mise en bouche sympathique et fun, idéale pour lancer le premier film.
Turbo Kid
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Egalement proposé en compétition pendant le festival, Turbo Kid a réellement lancé les hostilités. Réalisé par le collectif RKKS, à qui l’on doit les 3 premiers volets de Ninja Eliminator, Turbo Kid retrouve tout à fait l’esprit des films des années 80 auxquels il rend hommage. Mais là où un Kung Fury se révélait une démarche opportuniste et indigeste, casant tous les gimmicks du monde pour un résultat plus que mitigé, Turbo Kid se démarque par un savant dosage de ses références et développe son propre univers.
Entre des effets spéciaux réussis, des personnages attachants, un humour qui fait mouche, et son lot de scènes d’actions parfaitement emballées, Turbo Kid est une incontestable réussite qui aura réjoui la salle entière, unanime sur la qualité du film. Turbo Kid évite les nombreux pièges des « films références » en intégrant dans un univers cohérent de nombreux clins d’œil à ses modèles sans que ces derniers ne prennent le pas sur le film lui même où ne viennent rompre l’histoire par des « passages obligés ».
Turbo Kid démontre de réelles qualités et a donc toute sa place en compétition, surtout dans un style où les réussites sont assez rares. Un film « à l’ancienne » qui, paradoxalement, renouvelle un peu le paysage du genre. Et puis Apple rules !
Bunny the killer thing
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Changement de registre pour le deuxième film de la soirée. Après le post-apo 80’s, place au grand n’importe quoi ! Film finlandais, Bunny the killer thing est une comédie gore ouvertement potache qui débute comme n’importe quel film d’horreur américain pour ado (ou n’importe quel film d’Eli Roth) : un groupe de jeunes par faire la fête dans une cabane isolée, espérant profiter de l’occasion pour pécho.
Seulement voila : non loin d’ici, un scientifique aux expériences chelous perd le contrôle de sa bête : un montre mi-humain/mi-lapin au penis surdimensionné et à l’appétit (au sens propre) sexuel (au sens propre, voir même dans les deux sens) insatiable. Résultat : un film délirant, qui détient probablement le record du nombre d’hélicoptères avec un kiki jamais vu sur grand écran.
Car notre lapin, s’il ne tue pas de chasseur, ne manque pas d’agiter son membre devant toutes les personnes qu’il croise, gueulant « pussyyyyy » à qui veut l’entendre, zigouillant les mecs pour mieux abuser puis dévorer les parties de nos gentes dames. Gore, décalé, amusant, Bunny the killer thing parvient à éviter la lassitude propre à ses films qui ne reposent que sur une seule idée grâce à sa durée relativement courte (1h30), et parvient même à se renouveler en fin de parcours grâce à un dernier tiers qui approfondit les origines de notre bêbête et prend un tournant plus inattendu.
Un film bien tourné et surtout un grand moment de WTF qui correspond tout à fait l’esprit des « nuits » cinéphiles.
Tales of Halloween
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Le film a sketch est toujours un exercice difficile, souvent en raison de segments inégaux ou de thèmes rebattus. Tales of Halloween, le troisème film de notre nuit, à pour lui l’originalité de son thème : des histoires se déroulant toutes dans une même ville le soir d’Halloween, où toutes les créatures possibles et imaginables vont débarquer pour une série de récits terrifiants.
Si on retrouve des noms familiers au générique, tels Lucky McKee (The Woman), Neil Marshall, Darren Lynn Bousman, ou Paul Solet, l’ensemble se révèle plutôt uniforme et cohérent dans l’ambiance développée par ce Tales of Halloween. Seuls quelques segments retiendront vraiment l’attention du public, notamment un délirant « Friday the 31 », parodiant un Jason Voorhees au prise avec un alien fan d’Halloween. L’ensemble est sympathique et bien troussé, mais reste inégal dans l’intérêt des séquences.
Le troisième film de cette nuit était assurément le plus faible de la sélection. Non pas qu’il soit mauvais en soi : Tales of Halloween se révèle dans l’ensemble plutôt bien emballé, mais il manque malgré tout un léger quelque chose pour que la mayonnaise prenne. Si quelques segments sont vraiment sympas, l’ensemble est plutôt timoré et la peur rarement au rendez-vous.
Wyrmwood
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Cette dernière partie de la nuit voyait l’une des figures iconiques du cinéma d’horreur revenir sur le devant de la scène : les zombies ! Encore à la mode il y a quelques années, les zombies ont aujourd’hui complètement disparus de la circulation, la faute à des productions de souvent très médiocre qualité.
Hors, toute série B qu’il soit, Wyrmwood se démarque et parviendrait presque à insuffler une approche différente de ce genre qui pourtant est passé par toutes les étapes possibles et imaginables ! Dans ce monde post-apocalyptique où une épidémie contamine soudainement les habitants, les quelques rescapés, mystérieusement indemnes, vont devoir alors s’organiser pour survivre.
Sorte de Mad Max à la sauce zomblard, Wyrmwood nous épargne les traditionnelles origines de la contamination : si elle est bien entendu évoquée, elle ne restera qu’une hypothèse et surtout apportera un peu de chair fraiche à la mythologie du zombie, y compris dans le déroulement de son histoire ou dans l’utilisation plutôt originale que nos « road warriors » en font pour leur véhicule. Il en ressort une sympathique série B, qui apporte de nouvelles choses au film de zombie, et vient conclure habilement cette nuit plaisante.
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Le titre et l’absence de thème cohérent pouvait laisser sceptique à la découverte de cette nuit, laissant augurer du quitte ou double quant à sa réussite. Mais la bonne sélection des films proposés, correspondant parfaitement à l’esprit bis et trash qu’elle laissait supposer, font de cette nouvelle nuit une un agréable moment de divertissement, tout à fait dans l’esprit de rassemblement et de découverte qui caractérise ces événements.
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