6 ans après le désastreux Jennifer’s body, Karyn Kusama est de retour derrière la caméra avec The invitation, présenté lors de l’Etrange Festival 2015. Un thriller psychologique dont on n’attendait pas grand chose, mais qui s’est révélé une excellente surprise.
Synopsis : Autrefois heureux, Will et Eden se sont séparés après la disparition tragique de leur enfant. Mais le couple se retrouve quelques années plus tard, lorsque Eden, qui s’est entre temps remariée, reprend contact avec Will. Un dîner dans son ancienne maison, avec d’autres invités est organisé.
La fête à la maison
Difficile de savoir à quoi s’attendre avec Karyn Kusama, réalisatrice primée à Sundance pour son premier film, qui a ensuite connu l’échec avec le blockbuster Aeon Flux avant de se retrouver à bord de l’horripilant Jennifer’s Body, écrit avec la finesse d’un mammouth par Diablo Cody.
Avec The Invitation, la réalisatrice semble pourtant revenir à des projets plus intimistes mêlant habilement film de genre, thriller paranoïaque et drame. Un mélange des genres potentiellement casse gueule, d’autant plus que les thèmes abordés ici sont lourds : le deuil, le pardon et le droit à reconstruire sa vie… et les sectes. Un exercice d’équilibriste dont la réalisatrice ce sort admirablement pour livrer tout simplement le meilleur film de sa carrière et l’une des jolies pépites de cette édition 2015 du festival.
Dès son introduction, Kusama distille, par petites gouttes, un malaise perceptible qui ne cessera d’augmenter à mesure que la soirée « retrouvailles » entre des ex-époux, tous deux avec une nouvelle moitié, et leurs amis ne se prolonge. Entre le bonheur et la sérénité affichée/forcée des uns, les petits détails qui intriguent, un drame qui ronge encore, on comprend rapidement que quelque chose cloche. Un sentiment qui sera rapidement confirmé par une première révélation sur l’attitude étrange des hôtes.
Là où de nombreux films sur des thèmes similaires tombent régulièrement dans le pathos, ou virent dans le grotesque et la démonstration au premier rebondissement, The Invitation évite constamment les écueils : pas de flashbacks lourdingues ici, mais des réminiscences très courtes qui laissent deviner la nature du drame, ni de créature sanguinaire occule. Une absence de pathos qui est aussi le fait des comédiens, tous impeccables, y compris les rôles secondaires, qui campent chacun leurs personnage avec justesse.
Un traitement subtil malgré les thèmes abordés qui se retrouve y compris dans la manière dont Kusama gère son récit. Pas de récit à twists improbables ici, la réalisatrice américaine nous livre une partition cohérente, servie par une mise en scène classe, dans laquelle elle s’amuse à déstabiliser le spectateur en désarçonnant légèrement les situations dès que la tension monte pour mieux accroitre à nouveau la paranoïa et le malaise derrière. Kusama nous mène à la baguette avec plaisir et attend le tout dernier moment avant de faire tomber les masques avec violence dans son dernier acte, conclu par un dernier plan de toute beauté.
The Invitation aurait pu être un film parmi d’autres de cet Etrange festival 2015, il se révèle l’une des plus belles surprises qu’il nous ait été donné de découvrir cette année. Un film subtil mené de main de maître par Kusama, qui signe ici un retour en grande forme.