Avec Zootopie, Disney laisse un peu tomber les humains – et leurs sentiments – pour revenir à ses chers animaux anthropomorphes. Pas de retour à la nature pour autant : on parle ici de créatures en principe civilisées vivant dans une société en principe moderne. Bref, une histoire d’humains aux poils hirsutes…
Zootopie nous propose de suivre les péripéties rencontrées par Judy Hopps, une adorable petite lapine fraîchement entrée dans la police, et Nick Wilde, un anti-héros renard bien loin de son collègue des studios Robin des Bois. Premier constat, outre le travail de doublage très réussi (ndlr : le film a été visionné en VO), la qualité technique du film est remarquable. Ces animaux ont des postures humaines mais conservent des démarches et attitudes propres à leur espèce. Difficile d’imaginer les réunions de réflexion qui ont dû être menées par l’équipe créative pour arriver à ce résultat bluffant sans avoir un fou rire. L’animation des visages n’est pas en reste et les émotions qu’éprouvent les personnages sont perceptibles. On retient les yeux rieurs du Lieutenant Hopps, la moue narquoise et maline de Nick Wilde mais surtout la tronche béate d’un paresseux qui mériterait presque un –lent – spinoff.
Le film aurait pu s’appeler « mega easter egg movie »
Évidemment, tout ce travail d’animation est au service du divertissement. Zootopie est hilarant d’un bout à l’autre. Outre l’humour propre à son scénario et à ses personnages, le film propose une véritable cascade de références en tous genres qui apporteront un sourire (et bien plus) aux spectateurs attentifs, quels que soient leurs centres d’intérêt : le cinéma, les séries télé, la musique, la culture populaire, l’actualité financière… Il y a un easter egg dans quasiment chaque plan : Zootopie est clairement le genre d’œuvre que l’on peut regarder plusieurs fois pour découvrir de nouveaux clins d’œil et éléments comiques cachés. Disney va encore plus loin en proposant quelques vannes surprenantes car bourrées d’autodérision. Le film déploie une espèce d’assurance presque tangible dans son humour. On a le sentiment que les créateurs se sont vraiment lâchés pour proposer un film rafraichissant.
Est-ce vraiment un film pour enfant ?
Depuis Shrek, l’introduction de dialogues à plusieurs niveaux de lecture est assez fréquente dans les films d’animation. C’est un bon moyen de capter un public adulte. Cette fois-ci, on se demanderait presque si le film ne cible pas directement les adultes avec quelques petites touches enfantines. Certaines blagues font clairement référence à des objets culturels destinés aux adultes, notamment à une série télé très populaire vraiment pas recommandée aux mômes. Au-delà de l’humour, les thématiques de fond du film et le message politique inhérent paraissent bien éloignés des considérations des enfants. Par contre, pour les plus grands, c’est surprenant d’être face à des thématiques si graves et si actuelles dans un film innocent à destination des enfants. Il n’est malheureusement pas possible d’en dire plus sans gâcher les nombreux rebondissements de Zootopie mais il est certain que le dernier Disney donnera à réfléchir…
Certes, Zootopie est époustouflant techniquement. C’est presque devenu monnaie courante dans le domaine des films d’animation gros budget. Oui, le film est très drôle et hyper référencé. Idem, c’est un principe de base du genre… Mais au final, ce qu’on retient du dernier Disney, c’est la force du message politique qu’il fait passer (!) et la profondeur franchement inattendue d’un discours à plusieurs niveaux, qui fait écho aux travers que connaissent nos sociétés actuelles. Les animaux sont des humains comme les autres, avec tout ce que cela comporte… Zootopie est un film parfaitement maîtrisé, rappelant que Disney est l’un des rares studios à savoir remplir ses impératifs commerciaux tout en proposant de vrais moments de cinéma.