Mettez le réalisteur d’Iron Man, les interprètes de James Bond et d’Indiana Jones ainsi que la potiche de Tron : l’Héritage dans un même panier, saupoudrez d’un scénario co-écrit par le showrunner de Lost et d’un soupçon de musique de Harry Gregson-Williams et vous obtenez Cowboys & Envahisseurs, curiosité de l’été qui ne s’avère malheureusement pas à la hauteur de ses ambitions. Snif. Oui, vraiment, snif.
Arizona, 1873. Jake Lonergan se réveille au plein milieu du désert, une blessure au flanc et un étrange bracelet autour du poignet. Amnésique, il découvre en se rendant dans la ville quasi-fantôme d’Absolution qu’il est un criminel recherché. Alors que le shérif local s’apprête à l’envoyer à El Paso pour qu’il soit jugé, Jake est témoin avec les habitants de la ville, d’une attaque d’OVNI qui enlèvent de nombreuses personnes. C’est là que son mystérieux bracelet se met en marche, dévoilant une arme redoutable contre ces « démons » venus d’ailleurs…
Tout le monde est gentil, sauf les méchants
Le pitch de Cowboys & Envahisseurs, son casting, sa bande-annonce : tout donnait envie de croire au potentiel de ce film au concept absolument délirant. Des extra-terrestres en plein Far West à l’époque de la Ruée vers l’or, alors que personne ne soupçonne ce qui est susceptible de se cacher au delà de la Terre, voilà qui augurait une confrontation épique sur fond de conflit cowboys/indiens. Oui mais non. Disons-le franchement, sans détour : Cowboys & Envahisseurs, ce n’est malheureusement pas grand chose de tout ça, et pour plusieurs raisons.
La première, c’est que malgré son synopsis ambitieux, le film sombre très vite dans une intrigue complètement bateau et très convenue, sans autre véritable objectif que celui d’une mission sauvetage – la totalité des protagonistes embarqués dans l’aventure cherchent à retrouver un proche enlevé par les aliens. Hormis un petit twist susceptible de provoquer la surprise chez certains spectateurs, la plupart des situations s’avère prévisible, si bien qu’on passe la majeure partie du film à attendre que l’inéluctable arrive. Certaines scènes sont cependant suffisamment amusantes pour qu’on s’y laisse prendre, et les effets spéciaux sont plutôt réussis, même si les scènes d’actions auraient sans doute mérité d’être un peu plus pêchues.
L’autre énorme défaut du film, c’est son manichéisme qui contribue à plomber l’intrigue en la limitant à un divertissement sans réel fond, et là, c’est vraiment très dommage. Comprenez par là que les protagonistes se divisent en deux uniques camps : les humains, et les « envahisseurs ». Logique me direz-vous. Peut-être, mais il est totalement hallucinant de constater que les « gentils » cow-boys, les malfrats ET les indiens s’unissent sans qu’à aucun moment, un véritable antagonisme ne s’installe. Le film passe totalement à côté d’une éventuelle comparaison entre la confrontation entre humains et aliens, et celle opposant les cowboys et les indiens.
Ce qui est étonnant sur ce point, c’est que le film s’inspire (très vaguement il faut le dire) du comic book du même nom créé par Scott Mitchell Rosenberg et publié aux USA en 2006, qui évoque de son côté de façon très éloquente l’amalgame entre les deux situations. Dès lors, on peut se dire que les trois scénaristes Damon Lindelof (producteur et scénariste de Lost), Roberto Orci et Alex Kurtzman (producteurs de Hercule et de Xena, excusez du peu) auraient pu prêter un peu plus d’attention à la source. Bien évidemment, le film aurait eu une consonance plus politique… ça aurait rajouté du fond, mais ça aurait peut-être cassé le « délire » qui résume l’intrigue du film à son seul titre.
La Bonne, la Brute, le Truand
Si le fond manque de matière, qu’en est-il de la forme ? Je l’ai déjà dit, les effets spéciaux sont globalement plutôt convaincants : les attaques de vaisseaux aliens pétaradent dans tous les sens, et les envahisseurs en eux-mêmes, qui se sont sagement cachés jusque-là dans la promo du film, sont plutôt sympas dans leur genre. Pour le reste, on a droit à une quantité folle de plans contemplatifs de l’Ouest américain qui rappelera de bons souvenirs à tous ceux qui ont écumé les plaines de Red Dead Redemption. John Marston, tu me manques, reviens.
Côté casting, entre Daniel Craig qui écope du rôle du hors-la-loi en quête de rédemption (ahem) et Harrison Ford qui se la joue tyran au grand coeur, on a un peu l’impression d’assister à un cross-over de James Bond et d’Indiana Jones – avec un peu de Han Solo quand Ford nous sort son sourire en coin ravageur. Pour ajouter une touche de glamour-guimauve à l’ensemble, le duo est complété par Olivia Wilde (Quora « j’ai raté ma frange » dans Tron : l’Héritage) qui fait comme elle peut avec ce qu’on lui donne. Cette dernière s’offre tout de même un rôle un peu plus intéressant que dans Tron – ce qui, au demeurant, n’est pas très compliqué – même si Jon Favreau ne peut pas s’empêcher de la déshabiller un peu pour rien dans une scène. Certes, ça ne déplaira pas à tout le monde, loin de là, mais ça ne risque pas de décoller l’étiquette de potiche de cette chère Olivia Wilde, qui attend toujours le rôle qui la fera sortir définitivement de House. Pas gagné, mais bon courage quand même.
On notera également la présence du trop rare Sam Rockwell (Zaphod dans le film H2G2, quand même) dans le rôle d’un tenancier de saloon désabusé, ou encore de Keith Carradine (demi-frère de David, vu dans Dexter) plutôt sympa en shérif bien comme il faut. En somme, un casting plutôt correct qui sert un film qui aurait sans doute été encore moins intéressant sans ce point positif.
1h57 pour Favreau
Cowboys & Envahisseurs aurait peut être mérité un petit quart d’heure de plus pour approfondir la dimension critique de son intrigue, au final absolument inéxistante. Il aurait sans doute également mérité de mettre un peu plus en avant les compositions de Harry Gregson-Williams, qui donne un petit coup de boost à ce film qui manque souvent de punch. Et paradoxalement, même si la bande dessinée dont il s’inspire vaguement n’a pas beaucoup d’intérêt dans le fond, il aurait tout de même dû s’en inspirer davantage pour essayer d’offrir davantage de surprise et d’ambition au résultat final.
En définitive, le film laisse un arrière-goût assez similaire à celui ressenti après le visionnage d’Iron Man 2, du même réalisateur : face à ce Cowboys & Envahisseurs, on en arrive à éprouver du soulagement quant au fait que Jon Favreau laisse la réalisation d’Iron Man 3 dans les mains d’un autre. Et franchement, c’est super triste comme conclusion…
Cowboys & Envahisseurs de Jon Favreau avec Daniel Craig, Harrison Ford, Olivia Wilde, Sam Rockwell… au cinéma depuis le 23 août 2011.
« Le pitch de Cowboys & Envahisseurs, son casting, sa bande-annonce : tout donnait envie de croire au potentiel de ce film au concept absolument délirant. ». Non, à moins d’avoir 6 ans ou d’être attardé.
Je te trouve dur ;) L’idée de base était marrante et plutôt décalée, pour une fois qu’on ne mettait pas des aliens face à des marines surarmés. Malheureusement le résultat final ne suit pas…
La Bonne, la Brute, le Truand : lol
Russ: j’ai ri aussi :D
Je dois être attardé parce que le concept me faisait vraiment envie. La critique m’a par contre bien refroidi, dommage…
bah l’idée de départ c’est un gosse de 6 ans qui joue avec ses jouets: « et la zurg va attaquer woody le cowboy, et le cowboy avec son lasso il attrape un vaisseau spatial, et la on va mettre une fille toute nue hihihi »
olivia wilde + harrison « fin de carrière » ford, ça vous faisait vraiment rêver ?
Ce qui me faisait surtout rêver c’était la confrontation entre les cowboys et les aliens, comme je le laisse entendre dans ma critique. Et honnêtement, le cast n’est pas ce qui est le plus à blâmer dans ce film (et j’ai même envie de dire, heureusement qu’il y a Harrison Ford !)
Il faut dire que le concept de base est délicat: « Cowboy vs Aliens »
Il y’en a plus d’un qui a du croire a une blague avec un titre pareil lol
Dommage qu’ils n’aient pas réussi a créé la bonne surprise.