La franchise de films Resident Evil a tellement saccagé toute l’essence de son homologue vidéoludique qu’on peut aller voir les long-métrages sans crainte d’être déçu ou frustré, en laissant même son cerveau à la maison : ça tombe bien, comme ça, à défaut d’avoir des zombies dans les films, ils sont au moins dans la salle. Attention, compte tenu du caractère totalement useless de la nouvelle réalisation de Paul WS Anderson, cette critique s’offre, une fois n’est pas coutume, le luxe de spoiler un peu.
Le terrifiant virus mis au point par Umbrella Corporation continue à faire des ravages partout sur Terre, transformant les populations en légions de morts-vivants affamés de chair humaine. Alice, l’ultime espoir de notre espèce, s’éveille au cœur du plus secret des complexes industriels d’Umbrella. Au gré de son exploration à haut risque et de ses découvertes, les zones d’ombre de sa vie s’éclairent… Plus que jamais, Alice continue à traquer les responsables de l’atroce infection. De Tokyo à New York, de Washington à Moscou, elle les pourchasse jusqu’à la révélation explosive qui va remettre en cause toutes ses certitudes. Avec l’aide de nouveaux alliés et d’anciens amis, Alice va devoir se battre pour survivre dans un monde hostile, au bord du néant. Le compte à rebours a commencé…
Pour bien débuter cette critique, précisons que ce résumé est l’officiel qui circule sur Internet, et qu’il est globalement mensonger : les « zones d’ombres » de la vie d’Alice (Milla Jovovich) sont toujours aussi obscures que le scénario du film à la fin de ce dernier, et les voyages à travers le monde sous-entendus n’en sont pas du tout. Quant à la « révélation explosive« … wait, what ? Je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir vu le même film que la personne qui a rédigé ce synopsis. Quant au châtiment promis par le titre (oui, retribution veut dire châtiment, c’est le point culture du jour) il doit sans doute s’agir de celui qui est infligé au spectateur.
La cohérence ? C’est quoi, ça se mange ?
Resident Evil Retribution commence exactement où Resident Evil Afterlife s’était terminé : après avoir découvert qu’Umbrella – et Wesker – tirait les ficelles du projet Arcadia, elle se retrouve assaillie par une armée de soldats dirigée par une Jill Valentine (Sienna Guillory en roue libre) possédée par un médaillon. Une scène d’intro plutôt réussie montre alors Alice combattre seule des dizaines de soldats et abattre des avions comme dans un tir aux pigeons de fête foraine… ce qui met en avant une premier incohérence énorme : où sont K-Mart, Claire et Chris Redfield, les trois acolytes d’Alice qui lui collaient au train à la fin du précédent film ? Ils disparaissent comme par magie et tout le monde à l’air de s’en foutre totalement, Alice la première. Cette dernière, qui plusieurs fois dans le film risque sa vie pour secourir une gamine sortie de nulle part, ne se pose jamais la question de savoir si ses amis sont prisonniers de la base d’Umbrella qu’elle compte faire exploser avec ses nouveaux potes ! Sale lâcheuse !
Mais ce n’est pas le seul bidonnage de scénar’ que le film nous offre dès les premières minutes : alors qu’elle le pourchassait – et qu’elle semblait même l’avoir tué en faisant exploser son avion, quand même – dans le précédent film, Alice s’allie ici sans broncher avec Albert Wesker. Ce même Wesker qui tirait les ficelles d’Umbrella dans Afterlife s’est découvert un intérêt pour la survie de l’humanité, et souhaite aider Alice à s’échapper des griffes de la Reine Rouge, l’intelligence artificielle qui cherchait à tuer tous les humains de la Ruche dans le premier film… vous suivez ? Non ? Rassurez-vous, c’est pas grave, on s’en fout.
Un casting en totale roue libre
Les films Resident Evil n’ont jamais révélé d’acteurs charismatiques et plein d’intensité, mais leur jeu n’était pas si mauvais. Avec Retribution, un nouveau pas est franchi dans la nanarditude : concours de sourcils froncés, acteurs qui lisent leur texte sans aucune conviction – mention spéciale à Li Bingbing, dont le nom est aussi rigolo que l’interprétation d’Ada Wong est navrante – et autres punchlines improbables ne rendent pas honneur au casting, qu’on peut diviser en trois catégorie : Milla Jovovich, les revenants et les petits nouveaux.
Concernant Milla Jovovich, pas de surprise : Paul WS Anderson continue de filmer sa femme sous toutes les coutures, et au ralenti si possible – honnêtement, après Les 3 Mousquetaires 3D, on peut tout supporter – tout en l’élevant une fois encore au rang de super héroïne – on rappelle qu’Alice n’est plus sous l’emprise du virus T depuis le début d’Afterlife, mais on s’en taaaaaape.
Je garde le meilleurs pour la fin et je passe donc aux petits nouveaux : on a déjà parlé d’Ada Wong, dont la seule performance est de se rouler dans la neige en robe rouge fendue jusqu’au frifri sans jamais souffrir d’hypothermie. Mais il y a aussi Barry Burton et Leon S. Kennedy : si le premier a un potentiel sympathie intéressant, le second est complètement ridicule. Interprété par Johann Urb, un acteur inconnu au bataillon, il remporterait haut la main la palme du personnage de jeu le plus saccagé de la franchise, s’il n’y avait pas en face l’exceptionnel Wentworth Miller avec sa brillante interprétation d’un Chris Redfield myope dans le film précédent.
Enfin, voici le moment tant attendu : les revenants. Commençons par la plus vivante d’entre eux, Jill Valentine : annoncée à la fin d’Afterlife, l’ancienne badass du S.T.A.R.S. est désormais à la solde de la Reine Rouge, qui la contrôle grâce à un médaillon en forme d’insecte qu’elle porte sur sa poitrine. Sienna Guillory avait confirmé son retour dans la franchise dans un tweet très raffiné : elle reprend son rôle tenu dans Resident Evil Apocalypse, mais adopte cette fois-ci le physique de la Jill du jeu Resident Evil 5. Juste le physique, puisque ce n’est pas la Reine Rouge qui la contrôle dans RE5 (mais chuteuh !). Manipulée du début à la fin, Jill agit comme un robot fronceur de sourcils (encore) et exhibe fièrement sa paire de lolos par le biais d’un décolté ravageur qui révèle son point faible au monde entier SANS QUE PERSONNE NE S’Y INTÉRESSE. C’est à dire que personne ne regarde la poitrine de Jill Valentine, personne. Une incohérence de plus.
Ensuite vient la question que tout le monde se pose : comment Michelle Rodriguez (Rain) et Oded Fehr (Carlos Oliveira) peuvent faire leur come-back dans cet épisode, alors qu’ils sont morts depuis un moment, voire très longtemps ? Attention, la réponse va vous bouleverser : ils sont… clonés ! Trop une surprise ! On nous l’avait jamais faite, celle-là ! C’est pas comme si l’excuse du clonage n’était pas exploitée plusieurs fois auparavant pour ressusciter Alice – Ripley, si tu nous lis ! Mais bon, il faut être fair play et admettre que le retour de Michelle Rodriguez donne un peu de peps à l’ensemble : l’actrice, qui participe elle aussi au concours de fronçage de sourcils, s’offre même un double rôle en jouant deux clones à contre-courant. Pour le reste, on repassera : faire revenir des anciens de la franchise, c’est jouer sur une corde nostalgique destinée à téléscoper l’absence totale de fond. Ca fonctionne moyen, quand même.
Le pire film de la franchise ?
Resident Evil Retribution a beau ne durer qu’1h35, il y aurait matière à noircir des pages et des pages au sujet de ce film, qui cumule tous les poncifs du genre. Un scénario qui tient sur un timbre, des scènes d’action poussives, des ralentis que si on les enlève la durée du film est divisée de moitié… que dire également des munitions infinies de tous les personnnages, d’Alice qui met 5 minutes à apprendre le langage des signes et des centaines de soldats dont aucun ne sait vraisemblablement viser, hein ?
Avec tout ça, vous aurez peut-être remarqué que je n’ai pas une seule fois employée le mot ZOMBIE dans cette critique. Tout simplement parce que le fondement même que la saga Resident Evil est devenu un accessoire absolu, un Deus Ex Machina, un truc qu’on déballe quand on veut accélérer un peu les choses mais dont on se passe finalement très bien. De toute façon, dans ce déluge de stupidité, les morts-vivants n’auraient clairement pas beaucoup de cervelles à dévorer.
En conclusion, la nouvelle réalisation de Paul WS Anderson ne redore pas le blason de la saga, mais il aurait fallu être un peu fou pour imaginer une seule seconde que ce soit le cas : rigolo malgré lui, cabotin et excessif sur tous les points, Resident Evil Retribution est un navet sympathique à voir entre potes en se détachant complètement de la franchise vidéoludique. Bonne ou mauvaise nouvelle, la fin du film appelle une nouvelle suite, qui pourrait bien être la dernière. On a hâte, ou pas !
Resident Evil : sodomisation
Je viens tout juste de sortir de la salle de cinéma et je dois dire que j’ai rarement vu un film aussi creux, Au moins l’absence totale de scénario (cohérent) est comblée par des scènes de baston et de fusillade complètement « too much » avec des câbles à la Matrix et tout le bordel et le tout violemment assumé contrairement aux films précédents qui n’ont aucunes identités (sauf le premier peut-être). N’oublions pas que Alice est censé ne plus ressentir les effets du virus-T et qu’elle fait des trucs de ouf. Enfin bref, très bonne critique. C’est à peu près tout ce qu’il y avait à dire. MErci
Je n’ai vu aucun film de la franchise à part le premier il y a longtemps. Ta critique me donne presque envie de me faire un marathon RE.
Ou pas, en fait. :D
J’ai lu la critique qui est plutôt très bien faite j’ajouterais l’énorme faux raccord ou quand elle arrive dans une maison après avoir abandonné Michelle Rodriguez dans sa voiture quelques minute plus tard quand elle reviens dans cette même maison avec Ada ahaha magie c’est sa maison !! Avec des photos de famille Alice son mari et sa fille « le WTF » enfin, faut quand même dire que les acteurs on étaient bien choisi pour la ressemblance au niveau du jeu vidéo à part Leon où genre il sauve plus les gens c’est pas un protecteur d’habitude ?? Et certain zombie comme les Bourreaux sont vraiment très bien fait en rapport du film. Merci pour cette critique
Ah oui en effet Céline, j’étais passée à côté de ça ! Décidément, on peut effectivement en écrire des choses sur ce film x)